samedi 29 novembre 2014

Pas encore mort, le cochon*!


Coucou ! Me revoilou, et bien le bonjour après 90 jours d’absence ! Depuis le temps que l’on ne s’était vu. Un bail… que dis-je, une éternité. Nous nous sommes bien manqué comme on se fait payer : à 90 jours.

Mais, dites-moi, mon cancer ayant décidé, seul, comme un grand de mon éternité, il aura bien fallu le mettre à raison car mes cellules se doivent d’être mortelles ! Qu’on se le dise : c’est ce qui me maintient en bonne santé et longue vie.

Ayant été occupé à me soigner, je sais que René voudra bien m’excuser si je vous ai tous délaissé, de nôtre blog et courrier électronique à toutes vos questions. Quant à ma boîte aux lettres, personne ne l’aura ouverte durant deux mois, tant je déprimais. Pas même Fanny qui se trouve en mission humanitaire au Mali, et que je tiens à baiser. Tendrement.

Que l’on se rassure dans nos chaumières : n’étant pas encore trépassé, nous nous retrouvons si heureux d’être si vivants, n’est-il pas*? Aussi, pourquoi m’en vouloir même si, comme le dit si bien Christine : 

-Mon Gilou ? Mais c’est un gland tant adorable qui se sera toujours signalé par ce défaut atavique de faire le mort-vivant quand il se sent dépressif.
-Oui, si on veut Christine, mais tu as raison.
*"N’est-il pas" est une formule idiomatique berbère dont Gilou raffole ! Et, on ne sait pourquoi ! 

Que faisais-je du 12 septembre au 29 novembre 2014, 90 jours durant ? Que faisais-je, si ce n’est offrir ma fiance à la Faculté avec l'aiguillette trop bien nouée ! Comme me l’avait promis le Professeur J. :
-Nous allons mettre un peu de soleil dans votre prostate, mon cher. Elle n’en réclame pas moins !
-Du soleil ?
-Bien évidemment ! Et je ne vous promets pas la vie éternelle, avait-il rajouté, tout simplement une petite « rectification » de l’état de nature. 

-Pardon… une rectification !
-En effet, votre cancer de la prostate, vous en conviendrez, est devenu une « normalité » anormale qu’il faudra bien corriger. Vos cellules cancéreuses visant l'éternité vous feraient mourir. Nous allons « tuer l’ADN » des cellules de votre prostate, les bonnes et les mauvaises et, nous l’avons vérifié pratiquement tout le temps, les cellules normales renaitront à la vie, tandis que les cellules malades mourront. 

-Donc, Professeur, il s’agit de renaissance pour ma prostate… par les rayons ?
-Très exactement, oui en ce cas de figure, tandis que lorsqu’on effectue une ablation de la prostate, nous parlons plutôt d’un « tuez-les tous ! Dieu reconnaîtra les siens », autre façon d’éradiquer le cancer lorsqu’il ne s'est pas étendu hors prostate. 

-Vous dites, Professeur, que vous me garantissez une prostate toute neuve, fonctionnelle, etc…
-Pour vous imiter, je dirai : oui et non. En effet, le sphincter-reflex de la vessie risque de souffrir des rayons ainsi que les nerfs érecteurs. Ce qui signifie…
-… que j’aurais des fuites urinaires et des difficultés d’érection ? 

-Oui, et banderez plus mou (1), pour vous paraphraser, mon cher. Mais, rien, je dis bien : rien n’est sans risque tandis que l’ablation de la prostate vous aurait autorisé de temps à autre des « érections-fantôme » qui ne vous serviraient à rien, intervenant hors-champs d’action. 
(1) Ndlr : au 1er février 2015, Monsieur Georges Brassens et moi même pouvons à nouveau entonner Fernande. Mr le Professeur J., s'étant penché sur notre blog l'aura trouvé "amusant".

 -Et quand saurai-je si les rayons auront marché ?
-Agi ? Quelques jours avant le 5 janvier 2015, à votre taux de PSA.
-Et quand pourrais-je arrêter la piqure du diable qui me place en andropause artificielle ?
-Cette hormonothérapie est votre parachute de secours qui occasionne une gêne bénigne (2): plus d’érection, des bouffées de chaleur, des nausées pour certains, les tétons qui poussent... Mais les bienfaits de cette hormonothérapie, parlons-en : vous prenez un peu de surpoids qui vous sied bien, vos cheveux repoussent, votre sexe s’allonge au repos. Effectivement, que le garde-à-vous vous conviendrait mieux, n'est-il pas ? Et puis, vos désirs sexuels se sont un peu assagis. C’est un bien, ne trouvez-vous pas ? Et, qu’en pense votre femme ?
(2) Plus d'érection, c'est bénin, ça, Professeur ? Une affirmation sans mon aval, n'est-il pas ? 

-Fanny ?  Mais, elle adore me voir perdre à la pétanque 13 à zéro. Pour se la faire embrasser. Croyez-moi !


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