jeudi 2 avril 2015

La Politique ? C'est jouable *! - 1


Nous savons qu’en Cévennes, tout est jouable. Oui : tout. 

Dans nos années 60 de grande déprime, lorsque le textile agonisait avec la ville, tous nous succombions à la folie du jeu et parions comme les futurs pauvres que nous sommes restés.
Mais, oui, pas nôtre faute mais, saviez-vous que nous étions presque tous demeurés en Cévennes ?
Au fait, connaissez-vous le proverbe espagnol qui dit si bien :
-Jeune joueur, vieux mendiant ! oui, parce qu'à force de ne penser qu'au jeu...
-C'est quoi encore cette histoire, mon gars ?

C'est du vécu : jeunes et vieux, les hommes surtout (pour les femmes, je ne sais), tous étions gagnés par la fièvre du jeu qui, en guise d'oeillères, nous permettait de ne pas craindre l'avenir catastrophique que la situation des métiers à tisser qui se taisaient petit à petit nous laissait présager.
Végéter ou émigrer dans les Administrations, là-bas, hors de nos Cévennes tant aimées, telle se posait l'alternative en nous jeunes années.

Rien n'allait plus et nous n'étions plus, corps et âme que joueurs à tous Lotos des bistrots et des associations de la ville en hiver, au Pharaon et aux Petits Paquets sur le chemin de la rivière du printemps à l'automne, au Poker par tous temps, et partout.
Quant aux soirs ? Nous allions au café des Fleurs pour un tarot et, pour mieux nous sentir vivre, nous intéressions les parties. Il y avait aussi les duels au rami, la belote entre amis, en concours ou en tous lieux, sans compter le Tiercé ou les petits Chevaux au Café de l’Univers.

C’était une folie. Aussi, tout le monde devait de l’argent à tout le monde et chacun se baladait avec son petit carnet de "notes" : 
-Oh, Loule, tu me dois dix balles !
-Tiens, La Braise, je ne te devrais plus que 50 francs !
Et, la chose la plus étrange et jamais élucidée était que certains, qui ne pouvaient s'honorer, disparaissait du paysage de longues périodes. Souvent pour le plus grand bien de la collectivité !

Dans nôtre petit coin des bouts des mondes, sachez que tout se finit en chansons, aussi, contons la merveilleuse histoire de nos politiques cévenols qui, à chaque élection vous chantent :
-C’est jouable. Oui, évidemment que je tente le risque d’être élu !
-Pardon, mais n’es-tu pas troisième dans la triangulaire. Devant toi il y a le Front National et au premier rang le représentant de la Majorité présidentielle…

-Et alors, ou le vois-tu que ce n’est pas démocratique de se présenter devant les électeurs ? Ne suis-je pas le sortant ?
-Oui, mais le canton a été redessiné, et le premier de la triangulaire est aussi sortant du Conseil Général. Ah, tu vois !
-C’est ce que je disais : les sortants peuvent se représenter en toute logique !
-Oui, mais, étant troisième tu risques de faire élire le représentant du Front National en te maintenant, oh, dis !
-C’est jouable. Et puis, qui ne tente rien n’a rien ! répond le surréaliste amusant.

Disons que, par malchance pour lui, le surréaliste n'aura pas été ré-élu (j'avais voté pour lui, à la demande de Marinette... mais, oui !) et, par bonheur pour ma gueule d'arbi, mon vote n'aura pas permis aux copains de la Marine d'être élus. Ouf !
Oui, mais, faudra plus me faire le coup du "C'est jouable". Promis ? 

A suivre : L'Irak, c'était jouable !

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