- On peut aller rendre visite à ton père, tu sais ? Il n'habite pas très loin.
- Non ! Je préfère aller voir un film de guerre.
- C'est toi qui décide !
A partir de ce dialogue qui révèle un peut de l'intimité du gosse, comment devrait se situer l'éducateur pour l'aider ? Tout d'abord on peut sentir que l'enfant a peur d'affronter son père, sa petite expérience lui ayant déjà appris à évacuer sa souffrance par le déni pour ne plus la ressentir et affronter son problème. N'est-il pas l'enjeu du conflit parental ? Difficulté : l'enfant vous interdit de parler de l'intime.
Cet intime, peut-on le révéler ? Non, même pas en évoquant le film de guerre ni le secret sans doute lié à un divorce mal vécu dans ce cas d'école et la prise à témoin de l'enfant par un des parents. L'intimité de chacun, celle de la famille ou d'un gang de malfaiteurs relèvent du secret absolu car hors de toute moralité et contingence sociale. Le révéler transformerait toute les personnalités et la structure des relations individuelles, familiales ou du gang. Il n'en va pas de même du groupe social normalement constitué car les intimités entre-mêlées forment une histoire pouvant se remémorer, se raconter.
Dans mon récit, point de grande révélation mais la simple narration d'instants de vies croisées, la mienne et celle de copains à la Chaussée dans laquelle les secrets mêlés tombent dans le domaine public, une histoire commune à la suite d'un bonheur partagé, la preuve en étant ce récit dont l'écume des mots protègera parfaitement les intimités.
Mon histoire unique ne se pourrait plus car, un triste jour un maire décida de doter la ville du Vigan d'une piscine, ce qui étouffa la Chaussée. Il est de ces projets de progrès qui tuent toute une histoire ancestrale.
- Vous n’aviez pas honte, non ? Maintenant, vous auriez tous les parents sur le dos, Antoine, votre instituteur, le garde champêtre, la Gendarmerie avec l'adjudant Gin-Gin en premier et la renommée au Vigan. Gin-Gin... Mais, pourquoi ce surnom ? Tiens, un de ces jours faudra que tu me passes ton gu-gus au trombinoscope*.
- D'accord. Par contre, personne sur le chemin de la rivière les
jours d’orage. Sûr et certain, même si on ne préméditait jamais, et que ça
venait comme ça venait. Tu penses bien qu’on vérifiait avant pour être tout à notre aise. Tu en connais, toi des filles intéressées par le slip d'une bande de chenapans ? J'aimerais bien voir ça !
* Ma Fanny était fille d'un gendarme vivant av. P-C. Pour le trombi, s'adresser à Fanny.
- Dis-moi tout : et vous vous compariez ?
* Ma Fanny était fille d'un gendarme vivant av. P-C. Pour le trombi, s'adresser à Fanny.
- Dis-moi tout : et vous vous compariez ?
- Mais,
ça va pas ? Jamais ! Tu es folle, Fanny ! Tiens, curieux que je n'y ai
jamais songé, même une seule fois depuis. Faudra que je demande aux
copains de l’époque si eux aussi ne jetaient pas même un regard sur les
autres. Non, enfin, moi jamais.
Délurés
soit, mais bien normaux, ni voyeurs, ni bravaches à nous défier à la
comparaison. Mais, penser à se regarder l’un l’autre, cela aurait été comme à tricher ! Et puis nous, à
l’époque on ne savait que rigoler avec les conneries de Pistou sans
penser à mal. Tu peux me croire. Maintenant,
il est vrai que ce petit jeu… Tiens, curieux... Pourtant j'allais encore
à l'école du dimanche, à l'Armée du salut. Et au temple. Pas comme maintenant. Y-a trop de
vieux paroissiens.
- Parle
pour toi aussi, Gilou. Mais, j’y pense : ne serait-ce pas formidable
qu’à vos âges tu pensais à reconstituer ta ribambelle de vilains petits canards
devenus septuagénaires ? Tes vieux copains d'enfance réunis, un jour
d'orage, sur le déversoir de la chaussée de Rochebelle. Mais, quel
tableau, mon Gilou et Pistou tous deux en tête !
Ton maillot de bain bleu-marine, je préférerais te le tricoter en bonne grosse laine. Non, Gilou. Ton maillot n'était pas en coton. Encore moins crocheté. Impossible. Enfin, je crois. Pour tes copains aussi, je me remettrai au tricot.
Fanny avait sans doute raison pour la laine et tandis qu'elle parlait, je la sentais déjà à la chaussée à se faire un film, ce qui m'encouragea à tourner le mien avec ma dou-douce bien cachée, cheveux mouillés de pluie, seule héroïne féminine de la production
Ton maillot de bain bleu-marine, je préférerais te le tricoter en bonne grosse laine. Non, Gilou. Ton maillot n'était pas en coton. Encore moins crocheté. Impossible. Enfin, je crois. Pour tes copains aussi, je me remettrai au tricot.
Fanny avait sans doute raison pour la laine et tandis qu'elle parlait, je la sentais déjà à la chaussée à se faire un film, ce qui m'encouragea à tourner le mien avec ma dou-douce bien cachée, cheveux mouillés de pluie, seule héroïne féminine de la production
- D’accord,
on inviterait le pauvre Bernard et Firmin, l’ancien directeur
honoraire de la Caisse d’épargne de… tiens, où a-t-il bien pu finir sa
carrière… oui lui et son gros ventre faisant pisser l'écureuil par
à-coups comme on bégaie. Et mon pote René à la
retraite à Saint
Jean du Gard, non pas Bouschet qui vient de l'austère pays minier
cévenol beaucoup plus collet monté, et puis nos pratiques enfantines
n’avaient pas
cours chez lui, et il eut fallu que leurs chaussées fussent moins basses,
pas amusant tout ça… oui, l’autre René, le banquier avec, à sa gauche
Jean de la lune… tiens, pourquoi
le surnommait-on ainsi ?... oui, Jean du quartier de Saint Euzéby, dans ses
70
balais avec Yves, à sa droite, le dernier receveur des postes de
Pratcoustal… c’est vrai que le bureau a fermé depuis, oui, Yves le
maillot de
bain "tombé" sur les genoux, et aussi, et encore, mais qui encore…
- Oui, oui, ce n’est pas tout : j’y convierais aussi Alain,
l’instituteur palmes académiques cousues
au maillot de l'époque bleu-marine, ton sur ton, et encore Jean-Paul,
l'ancien chef de station du Métropolitain
Parisien, à ce qu'il dit... mais si, tu le connais, pas celui qui vient
boire l’apéro, celui
qui s’est fait péter la prostate et qui n’est plus en capacité. Lui, ce
serait bien le diable s'il arrivait à sauter, et même que je te parie qu’il s’y
risquerait, quoique qu'un miracle soit toujours possible. Mais bon, la claque
en bas de la chaussée l'encouragerait chaudement, les amitiés enfantines demeurant toujours vivaces, même à nos âges :
"Allez, Jean-Paul, montre que quand on veut, on peut !" Tu parles ! Lui, s'il pouvait, il ferait. Enfin, quand le malheur tombe, vaut mieux que ce soit sur les autres. Et c'est toi qui en profites, veinarde !
"Allez, Jean-Paul, montre que quand on veut, on peut !" Tu parles ! Lui, s'il pouvait, il ferait. Enfin, quand le malheur tombe, vaut mieux que ce soit sur les autres. Et c'est toi qui en profites, veinarde !
- Gilou, je te découvre un fond de méchanceté gratuite !
- Méchant ? Mais, j'y suis pour rien dans les malheurs de Jean-Paul, et puis, cocasse qu'à l'époque il sautait souvent le premier. Maintenant, m'étonnerait fort.
Moi ? Mais je ne raconte que du vécu, le Pistou, la bande de branleurs, le caleçon alourdi d'eau, toujours dans la démesure quand bien même tu le maintenait fermement remonté des mains sur les hanches... on a sa pudeur, quoi ! Reconnaissons que le Pistou n'avait fait qu'anticiper la descente naturelle du maillot en se déculottant et notre posture sur la chaussée se justifiait : si les mains ne se trouvaient plus à retenir la laine bleu-marine sur nos hanches, elle tombait et il ne restait plus qu’une chose à faire pour la retenir, tu sais quoi maintenant.
Et puis, quel plaisir de sauter « prem’s » en tenant ferme son slip de bain de peur qu’il ne vous remonte aux aisselles, finissant par vous les coincer. Le pied, même si l'arrivée dans l'eau pouvait claquer et faire mal, rapport au maillot qui remontait au brusque contact de l'eau. Et paf ! Aie !
Voyez qu’à l’époque, dans
les années fin 50, début 60, on ne s’occupait qu'à s’amuser et que mes histoires vous plaisent. Alors, qu’importe si mon
imagination à recréer une certaine réalité de l’époque puisse paraître vue de
l’esprit. Et, même si je n'étais qu'un tailleur de mots, le vraisemblable devrait vous contenter. Pas vrai, Firmin
que je mens ? Mais comme le menteur c’est celui qui
dit qui est, et que j’aille en enfer, pas vrai, René ? Et si je raconte
des galéjades, Jean, dis-le. Et toi, Yves, t’en dirais quoi d’une petite amusette suivie d’un saut à la Chaussée de Rochebelle à nos âges ? Jean, Alain et surtout Bernard pour sûr qu’ils partiraient volontiers les pieds devant, même à nos âges dans l’eau de la cascade,
surtout que les égouts de Rochebelle ne s’y déversent plus et qu’ils ont
toujours continué à s’amuser dans la vie. Mais, avec les algues en repoussoir, la chose ne se pourrait plus.
Ah ! Et à nos
retrouvailles et vive le bon temps d’antan lorsque jeunesse rimait avec
n’importe quoi. Tiens, même Jean-Paul, celui qui s’est fait péter la
prostate viendrait aussi au rendez-vous des copains de l’école primaire et de la classe d’Antoine.
Oui, Jean-Paul
se pointerait par
amitié même si, pour lui ce n’est pas tous les jours fête, mais la
sauvegarde de sa vie valait bien quelques regrets de ces temps d’avant
ses ennuis de santé. Dommage pour lui. En ce qui nous concerne, tant
qu’on peut s’amuser,
Fanny allons-y de bon cœur, et que je t'emmène voir la scène du crime !
Fanny, elle est d’accord
pour replonger, par temps de pluie sur le chemin de la rivière et, passant sur le Pont en Fer après son usine électrique cheminer sur son canal d'alimentation vers la Grotte aux serpents et même, la connaissant se cacher à plat ventre, cheveux mouillés de pluie pour observer les vieux copains dans leur essai de rigolade, caleçon sur les
genoux, s’escrimant. Longuement. Et même que pour y arriver à nos âges, sachez
que le temps, tout en nous important ne compte plus et que la vie nous a appris à nous accrocher à nos
rêves, sans jamais les raccrocher comme si on pouvait encore et toujours les réaliser.
FIN de l'histoire du maillot de laine tricoté même si notre ribambelle de vieux n'existe que dans le film de Fanny.
Seuls personnages bien réels cités : Jean-François, dit Pistou et ses conneries, Jean, dit Antoine, l'instit, Jean-Paul et sa prostate pétée, René BOUSCHET et ses dessins. Plus Américo et Gin-Gin, ces deux derniers que j'aime à relier avec un verre à leur santé. Plus vos serviteurs, Fanny et Gilou, en espérant n'en avoir point oublié. Je n'aime pas me relire, voilà pourquoi.
PS : j'en connais un qui n'avait qu'un an à l'époque de ces faits, en aucun cas répréhensibles* qui vous chantera que je vous raconte encore des histoires. Ce qui est rigoureusement exact !
*Faits prescrits depuis.
FIN de l'histoire du maillot de laine tricoté même si notre ribambelle de vieux n'existe que dans le film de Fanny.
Seuls personnages bien réels cités : Jean-François, dit Pistou et ses conneries, Jean, dit Antoine, l'instit, Jean-Paul et sa prostate pétée, René BOUSCHET et ses dessins. Plus Américo et Gin-Gin, ces deux derniers que j'aime à relier avec un verre à leur santé. Plus vos serviteurs, Fanny et Gilou, en espérant n'en avoir point oublié. Je n'aime pas me relire, voilà pourquoi.
PS : j'en connais un qui n'avait qu'un an à l'époque de ces faits, en aucun cas répréhensibles* qui vous chantera que je vous raconte encore des histoires. Ce qui est rigoureusement exact !
*Faits prescrits depuis.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire