Il est vrai que, comme l'a bien rendu dans son dessin René Bouschet qu'au départ je soupesais le sac de chacun. Les plus costauds devaient porter le plus de matériel du camp. Quand aux cigarettes, interdiction absolue de fumer durant la marche, seulement à la halte, et obligation d'enterrer son mégot, cette bonne règle venant du feu que nous avions mis à Prat Coustal et qui risquait, en gagnant les petits genêts moutonniers de montagne, de fiche le feu à tout un pan, au dessus de la Cravate. En jouant à cache-cache. Un truc de fou, incroyable. Je vous raconterai un de ces quatre. Mais, revenons à nous moutons.
A la bergerie de la Luzette, la veille de notre départ, en voiture j’avais déposé des provisions pour trois jours, boîtes de conserve, pain frais et 1 bon mètre 50 de saucisse de boucherie placés dans un récipient étanche qui trempait, caché dans le ruisseau, mais saucisse qui manquera à l'appel à notre arrivée, chose inexpliquée au vu des conserves et des baguettes de pain retrouvées.
A la Luzette, deux jours à jouer au foot, dans une clairière en pente sévère, et parties de cache-cache, sans compter dix ans à faire chauffer la tambouille qui occupait toute notre vie ; sans oublier la recherche de cèpes qu'avec la sécheresse sévissant, on pouvait toujours espérer, et à farnienter au soleil brûlant d'altitude de juillet, torse-nu, baroulant la nuit, et toujours chantant ; puis, finir par s’endormir, fatigués près du feu de camp, le tout, comme de bien entendu interdit par le Parc. Mais on se foutait de tout, heureux à résister en bons cévenols.
Ces journées d'isolement en pleine montagne étaient nécessaires à la structuration du groupe, chacun devant y trouver sa place, pour l'occuper justement.
A la bergerie de la Luzette, la veille de notre départ, en voiture j’avais déposé des provisions pour trois jours, boîtes de conserve, pain frais et 1 bon mètre 50 de saucisse de boucherie placés dans un récipient étanche qui trempait, caché dans le ruisseau, mais saucisse qui manquera à l'appel à notre arrivée, chose inexpliquée au vu des conserves et des baguettes de pain retrouvées.
A la Luzette, deux jours à jouer au foot, dans une clairière en pente sévère, et parties de cache-cache, sans compter dix ans à faire chauffer la tambouille qui occupait toute notre vie ; sans oublier la recherche de cèpes qu'avec la sécheresse sévissant, on pouvait toujours espérer, et à farnienter au soleil brûlant d'altitude de juillet, torse-nu, baroulant la nuit, et toujours chantant ; puis, finir par s’endormir, fatigués près du feu de camp, le tout, comme de bien entendu interdit par le Parc. Mais on se foutait de tout, heureux à résister en bons cévenols.
Ces journées d'isolement en pleine montagne étaient nécessaires à la structuration du groupe, chacun devant y trouver sa place, pour l'occuper justement.
Troisième jour, direction l’épicerie
de l’Espérou, à quelques bons kilomètres de là. Par les bois, à plus de 12 cents mètres d'altitude.
-Je crois qu’il y en a un
qui a piqué des cartes postales. Sous son pull. Merde ! Je fais quoi ?
-Ton problème, Crespin. De ta responsabilité. Veux pas savoir.
-Ah, ouais ? Crespin se débrouilla comme un chef, après le discret :
-Viens par là, imbécile. Oui, sous ton pull… Et t’a pas fait exprès !
-Madame, on a oublié de vous payer ces cartes puis, à la sortie de l’épicerie :
-N’oublie pas que tu me les dois.
Le soir, à la bergerie de la Luzette* Crespin parla doctement du vol et de la vie de groupe. Pourquoi "ni on ne vole, ni on ni pisse dans sa salle à manger, encore moins dans la cuisine, mais bien plus loin" ? Pourquoi ? Parce que ! Quant aux chapardeurs, sachant que dans les villages que nous traverserions il n’était jamais qu’une seule épicerie, si en plus on se faisait une réputation de chacals par la faute d’un seul, ce n’était plus possible d'avoir des prix, et alors tout le groupe en pâtirait. Et devrait dégager.
Discours reçu cinq sur cinq. Je rappelais les Gendarmeries, pas prévenues de notre passage… rien de bon pour nous. Résultat ? Notre chacal de l'Espérou, Crespin se l'attacha d'office comme aide-économe.
Le soir, à la bergerie de la Luzette* Crespin parla doctement du vol et de la vie de groupe. Pourquoi "ni on ne vole, ni on ni pisse dans sa salle à manger, encore moins dans la cuisine, mais bien plus loin" ? Pourquoi ? Parce que ! Quant aux chapardeurs, sachant que dans les villages que nous traverserions il n’était jamais qu’une seule épicerie, si en plus on se faisait une réputation de chacals par la faute d’un seul, ce n’était plus possible d'avoir des prix, et alors tout le groupe en pâtirait. Et devrait dégager.
Discours reçu cinq sur cinq. Je rappelais les Gendarmeries, pas prévenues de notre passage… rien de bon pour nous. Résultat ? Notre chacal de l'Espérou, Crespin se l'attacha d'office comme aide-économe.
-Ça lui apprendra, terminait le sermon sur la montagne de Crespin, économe de ses mots.
*La "bergerie" n'était en fait qu'un des logements en dur de bergers lors des haltes sur le chemin de la transhumance.
*La "bergerie" n'était en fait qu'un des logements en dur de bergers lors des haltes sur le chemin de la transhumance.
Le lendemain, retour à l’Espérou
que nous dépassions pour monter vers le col de la Séreyrède, puis direction Saint Sauveur de Pourcils pour arriver au lac où il était décidé de poser le camp qu'avant de partir j’avais reconnu avec Bernard et Michel, notre éclaireur.
Toute notre zone d’activité
prenait place dans le Parc National des Cévennes où il était devenu strictement
interdit de camper, de faire du bruit alentours, encore moins du feu. Et pas question de chasser, ni tirer. Mais moi, à l’époque, n'en ayant cure, j'estimais que, plus âgé que ce parc je m’autorisais
une sorte de droit coutumier. Et rien à cirer des gardes et de leurs règlements.
Arriver au lac, par la
route et les chemins, sac au dos chargé est harassant, surtout
sous le soleil de juillet. Bernard et Michel organisèrent notre camp de
tentes dans une clairière retirée des chemins, la sécurisation de l’endroit du feu de camp étant rigoureuse.
Tous les soirs, une
réunion de responsables, hors des autres membres du groupe se tenait sous la
direction de l’économe, véritable patron du camp. Y était décidé tout ce qui
concernait notre vie.
-Beaucoup n’ont pas d’agent de poche, pas normal. Et quand tu n'as pas d'argent, tu voles. Que fait-on, si ce n'est de la surveillance... Tu dis quoi, Crespin ?
-Tu voles. Tu volerais, toi ? D'accord... Denis, recense l'argent de chacun. Et pas de
triche.
-Bien, mais après, on fait comment ?
-Après ? Avec la liste de Denis, on donne ou on comble et que
tous aient 300 francs.
-Très généreux, Crespin. Mais, tu justifieras comment au comptable du
centre, hein ?
-Gilles ? Des fausses factures à équilibrer les comptes, tu connais ? Bernard contrôlera. Cool ! Et, pense à me donner les reçus des pellicules photo et de tes achats personnels. Pardon ?
Bien évidemment que tu paies de ta poche. Ça va pas, non ?
Le camp bien stabilisé, il est
décidé de la veille que nous irions manger à la fameuse Auberge du Bonheur. Dans
la matinée, Crespin s’en alla négocier le menu.
-Demande à ton collègue, à sa femme et à ses filles de
nous rejoindre. Ce sera chouette !
Le soir, belle ambiance,
repas de rêve pour ces jeunes qui ne connaissaient du restaurant que le nom.
-J’aimerai l’addition, Madame. Coup œil inquiet de la serveuse.
-Oui, Madame. C’est le responsable du camp. Pendant que Bernard réglait :
-J’aimerai, s'il vous plaît que vous me fassiez une facture majorée de 20%.
Nouveau
regard inquiet de la serveuse, qui se rassura au vu du pourboire que lui laissa Crespin. Donc, voila Bernard au règlement, Crespin aux fausses factures, le groupe au contrôle des comptes, et nul besoin d'initier quiconque à la comptabilité.
Mais, plaie d'argent n'étant pas mortelle, voila que tout cela n'était que du bonheur. Et pourquoi ne pas tricher un peu, à l'occasion ?
Mais, plaie d'argent n'étant pas mortelle, voila que tout cela n'était que du bonheur. Et pourquoi ne pas tricher un peu, à l'occasion ?
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NB : rassurons les très vieux parent encore vivants, et que je salue ici, parents de mes aujourd'hui bien vieux chacals, en avouant que le pistolet en cause dans le premier épisode n'était qu'à bouchons. Confié à Michel, l'éclaireur qui en avait besoin sachant que, dans les forêts denses de douglas, une détonation pour repère s'entendait de plus loin qu'un sifflet ou que la voix.
Oh, rien qu'un tout petit pistolet de gosses interdit par le Parc National des Cévennes, car cela fait peur aux sangliers ! Qui mettent à bas tous les murets cévenols.
NB : rassurons les très vieux parent encore vivants, et que je salue ici, parents de mes aujourd'hui bien vieux chacals, en avouant que le pistolet en cause dans le premier épisode n'était qu'à bouchons. Confié à Michel, l'éclaireur qui en avait besoin sachant que, dans les forêts denses de douglas, une détonation pour repère s'entendait de plus loin qu'un sifflet ou que la voix.
Oh, rien qu'un tout petit pistolet de gosses interdit par le Parc National des Cévennes, car cela fait peur aux sangliers ! Qui mettent à bas tous les murets cévenols.
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