Qui oserait me demander
pourquoi je m’intéresse tant aux psaumes en françois de la Réforme de 1562 ?
Sans doute parce qu’ils sont un des fondements de notre langue française qui a
si peu varié dans le temps. Quand je réalise que certains voudraient que la
langue française « modernise » une écriture considérée comme trop
compliquée, je me dis que notre système scolaire est en faille.
Nos enseignants m’en
voudront de tirer sur l’ambulance, il va de soit !
Au cours des âges, avec
des transformations infimes suite à l’évolution du phrasé, notre écriture
évolua par touches successives d’améliorations logiques, lente, cette douce
transformation permet encore, à ce jour, de pouvoir lire dans le texte tous nos
auteurs depuis 1500.
Que nos enseignants se
penchent sur les textes anglais et italien, l’allemand mis à part, de la même
période.
A part le psaume 23 de « bon
berger », j’ai toujours évité les psaumes qui ne m’apparaissaient que comme
de jérémiades. A ce jour, Marot et Bèze m’ont fait aimer les psaumes…
- C’est ce que tu dis,
p’tit père ! Si c’était vrai, tu serais cul-cousu. Pas vrai ? La gourmandise
dans de la vie avec l’amour, les femmes, le sexe, je ne t’ai jamais vu cracher
dessus. Aussi, tu voudras bien m’expliquer cette connerie des psaumes. Pardon,
mais on n’y parle que de péché, qu’il faut vivre dans la Loi de Dieu, qu’il ne faut
pas convoiter la femme de son prochain, comme si elle n’avait pas son mot à
dire dans l’affaire. C’est pas sexiste, tout ça ? Et contre
productif !
Tout le monde aura reconnu
René BOUSCHET ; Quant à Américo et Rolando, je ne voudrais pas écorner vos
oreilles.
- Ben, parce que, tu vois…
C’est beau et poignant comme des lettres d’amour…
- Non. Pas d’accord, mais
tu causes bien ! Pourquoi ? Mais des lettres d’amour à Dieu, comme si
ça se pouvait ! On n’y parce que de haine du genre humain, d’ennemis, de
châtiment, de Lois… tiens, le psaume 137, le dernier verset que tu m’as chanté ?
Convenant que c’est dansant. Tu me diras que pour parler de la captivité des juifs
à Babylone, ce rythme est … pour le moins cocasse. Si, si. Tiens, rechante-moi
le dernier verset, ça m’intéresse.
- Chanter ? Non. Je
préfère te le psalmodier.
- Ah, la langue française !
Amusant, mais je t’écoute.
Aussi seras, Babylon, mise en cendre :
Et tres-heureux
qui te saura bien rendre
Le mal dont trop
de pres nous viens toucher :
Heureux celuy
qui viendra arracher
Les tiens
enfans de ta mamelle impure,
Pour les
froisser contre la pierre dure.
(Clément Marot).
(Clément Marot).
Grand moment de silence.
Puis…
- Te rends-tu compte de ce
que tu chantes ?
- Eh, alors ? Accordons-nous
sur jérémiade et compagnie. De la poésie pure ! Et pleurnichard ? Pas
d’accord !
- Mais, mais…
- Et, puis… depuis quand Dieu
existerait-il ? Eh, oh ! On se réveille !
Mes amis auront reconnu
Américo le plus grand mécréant de la terre… que dis-je, le parfait athée de l’univers
dans toute sa splendeur. On se demande encore comment il peut être si humain.
- Américo ! Oh !
T’es une bonne poire.
- Toi-même, abruti !
- Donc, tu n’aimes pas les
psaumes parce que Dieu, à ce que tu crois…
- …existerait ? Aux
dernières nouvelles ? Compte là-dessus et bois de l’eau fraîche, et puis,
on s’en fout ! Laisse tomber.
- Si je te comprends, rien
n’existerait pas parce que tu ne le vois pas. Exact ?
- Tout juste : Dieu
c’est rien. Je ne te le fais pas dire ! Rien de rien c’est mois que rien !
Qui, lui n’existe pas !
- Mais rien a une existence
réelle, même si tu ne le vois pas puisque le concept existe. Pareil pour Dieu.
- Gilou, tu fatigues !
Heureusement qu’Américo
aime la musique et la poésie et moi, comme j’aime chanter mes psaumes…Par
contre, la langue de mes poètes antiques.
- Comment ils s’appelaient,
tes copains ?
- Clément Marot et Théodore
de Bèze ?
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