Camarade de Gauche,
et très cher Ami, sais-tu que moi, ton bailleur je suis bien plus pauvre que toi, et cependant, tu ne m’as jamais vu me plaindre ? Non, non, ne proteste pas.
Vois comme la vie est injuste : en effet, j’ai beaucoup plus travaillé que toi et lorsque tu vois le résultat… En douterais-tu ?
N’avais-tu pas senti les callosités de mes mains lorsque nous nous saluions? Des mains dures, sèches, toujours douloureuses le soir d’avoir trop trimé. Non, non, ne m’interromps pas, je te prie. Oui j’ai beaucoup travaillé pour te permettre, par exemple de trouver un logement décent à des conditions défiant toute concurrence.
et très cher Ami, sais-tu que moi, ton bailleur je suis bien plus pauvre que toi, et cependant, tu ne m’as jamais vu me plaindre ? Non, non, ne proteste pas.
Vois comme la vie est injuste : en effet, j’ai beaucoup plus travaillé que toi et lorsque tu vois le résultat… En douterais-tu ?
N’avais-tu pas senti les callosités de mes mains lorsque nous nous saluions? Des mains dures, sèches, toujours douloureuses le soir d’avoir trop trimé. Non, non, ne m’interromps pas, je te prie. Oui j’ai beaucoup travaillé pour te permettre, par exemple de trouver un logement décent à des conditions défiant toute concurrence.
Cher, très cher locataire et encore ami de Gauche,
comment peux-tu trouver normal de recevoir une retraite tous les mois et, dans
le même temps me couper mes moyens d’existence ?
Moi, je suis pauvre. En doutes-tu encore ? Alors, parions.
La mise ? Oh, simplement ces 3 euros et quelques centimes que je te réclame en
augmentation de loyer mensuels et que tu me refuses. Oui, ces trois euros et
quelques centimes que tu me plains et dont tu fais tout un plat, un casus belli.
Hé, ho ! Pourquoi enfourcher ton destrier des combats inutiles ? La guerre, tu sais y entrer mais, pour en sortir, tu risques fortement de vider les lieux avant peu.
Hé, ho ! Pourquoi enfourcher ton destrier des combats inutiles ? La guerre, tu sais y entrer mais, pour en sortir, tu risques fortement de vider les lieux avant peu.
Hé, oui : un locataire qui refuse de payer l’intégralité
du loyer se voit toujours expulsé, ce qui n’a rien que de très normal. Tu serais
à ma place que tu ferais comme moi si, en bel abruti, je refusais de te payer
l’augmentation modérée de loyer que tu me réclamerais, camarade de Gauche.
Il est un sujet qui m’inquiète grandement et dont
j’aimerai bien m’ouvrir auprès de toi. Vois-tu, les quittances de loyer, tu
estimes à bon droit me régler le loyer au plus juste prix, le tien, celui que
tu penses raisonnable, cela s’entend mais tu ne tiens pas compte de deux
facteurs importants.
Tout d’abord, en bon français, quittance de loyer signifie qu’en contrepartie du règlement en argent de l’intégralité d’une location, tu es autorisé à occuper les lieux que je mets à ta disposition et je te remets un papier attestant du versement intégral du prix du loyer.
Tout d’abord, en bon français, quittance de loyer signifie qu’en contrepartie du règlement en argent de l’intégralité d’une location, tu es autorisé à occuper les lieux que je mets à ta disposition et je te remets un papier attestant du versement intégral du prix du loyer.
Ensuite, ta signature t’oblige, sur
l’honneur, à respecter tous les termes du bail, si j’ose m’exprimer ainsi. Et
comme le dit si bien notre grand et bien-aimé camarade Mélenchon, dont nous
sommes les suiveurs, toi et moi, ce n’est pas bien ce que tu me fais, à moi ton camarade.
Tu me dirais :
-Mais l’indice à la
construction, on s’en fout. Et puis, qu’est-ce ? Une ruse des riches pour abuser des pauvres…
Mais non. Tout simplement un encadrement des loyers pour
que tous y trouvent leur compte, du locataire protégé d’un dérapage "abusif" du prix du loyer à l'entretien de l'immeuble par une légère augmentation du coût à la construction.
Je te vois me dire, pensant avoir raison :
-Le coût de la
construction ? En quoi me concerne-t-il ?
Mais, cher Ami et Locataire adoré, ton logement en ses
murs et communs, ses toitures, assises, et raccordements, tout cela
s’entretient ce qui, à juste raison, t'incombe comme locataire.
Pourquoi ? Mais parce que je mets à ta disposition mon bien immobilier et que si tu ne l’entretenais pas, tu aurais de mauvaises surprises dues, par exemple, à une toiture qui ne serait pas étanche. Aussi, imagine être celui qui serait sous la gouttière…
Pourquoi ? Mais parce que je mets à ta disposition mon bien immobilier et que si tu ne l’entretenais pas, tu aurais de mauvaises surprises dues, par exemple, à une toiture qui ne serait pas étanche. Aussi, imagine être celui qui serait sous la gouttière…
Alors, soit tu entretiens ta partie de l’immeuble, soit
tu y participes et me laisses le faire.
-Mais, ce n’est pas
moi qui suis cause de la vétusté de ton immeuble.
Bien raisonné, mais en refusant de régler ton loyer, tu
ne me permets pas d’entretenir mon
immeuble. Cette augmentation de loyer que tu me dois de par la gentillesse que
j’ai eue à t’accepter comme locataire, ce que je commence à regretter, était
plus que raisonnable.
Voilà pourquoi, si je ne peux compter sur toi pour les
réparations futures et actuelles du logement que tu uses, je me verrai dans
l’obligation de constater :
-soit que j’accepte que l’immeuble se dégrade si je te
maintiens en ces lieux,
-soit que pour l’entretenir il me faudra trouver un
locataire moins "regardant" que toi pour 3 euros et quelques
centimes par mois d’augmentation.
Que ferais-tu à ma place ? Eh, oui, accordons-nous
pour n’entrevoir qu’une et une seule solution possible qui est dans tes mains.
Tu dis toucher une retraite ridiculement petite : je te l’accorde
mais elle est compensée par une allocation logement plus que substantielle, d’aides
ponctuelles et de la Couverture Médicale Universelle.
Et dire que j’ai eu pitié de toi lorsque je t’ai accepté
comme locataire ! Donne à Bertrand, il te le rend en caguant, oui !
De plus, tu travailles dans un organisme de
bienfaisance dont tu as fait ta chose. La générosité publique te donne gracieusement des biens que tu t’empresses
de revendre et qui te rapportent la moitié du prix de la vente, une certaine
façon "gauche" de s’activer à faire du pognon qui entre dans ta poche. En te
servant copieusement. Gratos, quoi !
-Messire camarade de la charrette à bras, premier
servi !
Ton petit bizness, si j’ai bien compris, tu n'en as même pas eu l’idée. Tu n’y investis
rien, ni ne transforme. Pire, tu utilises un local sans en payer l'électricité, ni le loyer,
encore une fois. Tu récupères gratuitement des dons, tu les
vends pour en détourner la moitié du prix à ton profit personnel.
Je trouve, cher ami que tu commences à abuser.
Suis-je ridicule en cette demande d’augmentation ? Tu
manques de discernement car je ne réclame qu’un dû que, tôt ou tard, tu devras acquitter
faute de quoi, tu devras vider les lieux pour essayer de trouver un appartement
au loyer aussi modique que celui que j’ai mis à ta disposition. Et, avant que
tu ne trouves, les poules auront des dents.
Je ne te veux pas
de mal, mais réfléchis bien. Pauvre camarade de gauche retraité, en toutes choses
il faut raison garder : tu te payes au bistrot des cafés à 1 euro 30 tous les
jours et ne peut me régler cette augmentation mesurée qui ne représente
que trois petits noirs chaque mois. Se faire expulser de son logement pour si
peu, est-ce bien raisonnable ?
Allons, allons, mon bon ami. Il te suffit de vendre une
peluche ou deux par mois "à tes pauvres" pour pouvoir t’acquitter, en honnête
homme, du loyer en sa totalité.
Soyons sérieux, mon cher camarade de la lutte des classes,
je ne suis que ton gentil bailleur de gauche qui ne dispose que de maigres
loyers pour vivre. Alors, si tu avais la délicatesse… allons, disons plutôt l’intelligence
de me les payer ces tout petits loyers, je serais capable d’arroser cette
avancée et suis prêt à t’offrir le café. N’ayant le luxe de pouvoir me payer le
bistrot, nous prendrons ce café à la maison, cela s’entend.
Un gentil petit bailleur de Gauche, ce samedi soir, lendemain du
débarquement de Normandie, au Vigan.
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