Dessin de René BOUSCHET (R&B).
-Gilles, tu crois que tu as réussi ta vie?
A chaque fois, je demeure ébahi, comme frappé de tant de profondeur dans l’intelligence, l'humanité et l'amitié.
Bravo, d'avoir osé, mais que répondre à ce qui n’intéresse que le locuteur, si ce n’est :
-Gilles, tu crois que tu as réussi ta vie?
A chaque fois, je demeure ébahi, comme frappé de tant de profondeur dans l’intelligence, l'humanité et l'amitié.
Bravo, d'avoir osé, mais que répondre à ce qui n’intéresse que le locuteur, si ce n’est :
-Effectivement. Je
sentais que quelque chose ne tournait pas rond dans ma vie. Merci bien...Ou
mieux :
-Va mourir, espèce d’espèce, va! ?
Tous, nous analysons les discours à travers le filtre de nos sens tout en choisissant des critères d’observation personnels. Et comme le dit si bien Victorin, mon pote, l’ex-boucher d’un petit village caussenard proche du Vigan pour bien signifier que nous sommes tous intelligents :
Tous, nous analysons les discours à travers le filtre de nos sens tout en choisissant des critères d’observation personnels. Et comme le dit si bien Victorin, mon pote, l’ex-boucher d’un petit village caussenard proche du Vigan pour bien signifier que nous sommes tous intelligents :
-Faut pas nous le faire
en loucedé !* On n’est pas des bestiaux !
*en louchebem, argot de boucherie : Faut pas nous le mettre en douce !
Donc, petit cours de rattrapage pour ceux qui ont plus amusé la galerie que suivi les cours au Vigan. Bien, bien…
Donc, petit cours de rattrapage pour ceux qui ont plus amusé la galerie que suivi les cours au Vigan. Bien, bien…
D’abord, la prononciation, le débit du phrasé en sa
force ou sa douceur donne quelques indications sur l’humeur du locuteur. Quant
aux mots, ils sont choisis avec soin pour obtenir un effet-retour. Par exemple,
traiter quelqu’un d’abruti n’est pas anodin et la réponse espérée peut se
révéler violente.
Pourtant, sans réaction de l’autre, pourquoi ne pas pousser plus loin et insulter carrément le quidam ? A tout faire, pourquoi se gêner ?
Pourtant, sans réaction de l’autre, pourquoi ne pas pousser plus loin et insulter carrément le quidam ? A tout faire, pourquoi se gêner ?
Voyez que cette
notion de feed-back est essentielle dans tout propos.
Mais, ce n’est pas tout. L'organisation de la phrase ne trompe jamais. Continuons à nous instruire ensemble. Pardon ? Vous ne saviez pas que le professeur apprend plus que ses élèves lorsqu’il fait son cours ? Si vous ne comprenez pas cela, alors, laissez tomber et arrosez vos salades, une autre forme de culture aussi vitale que celle dont nous nous occupons, mes frères, en ce lundi de Pentecôte ! Pardon, je m’égare.
-Gilles, tu crois que tu as réussi ta vie ? Cette question-affirmation est incomplète. Vous avez remarqué que ce mode pseudo-interrogatif n’induit qu’une réponse qu’on voudrait vous extorquer. On vous mène par le bout du nez. Cette forme ambigüe n’est que l'affirmation d'une négation. La question aurait dû se mettre à l’affirmative :
Mais, ce n’est pas tout. L'organisation de la phrase ne trompe jamais. Continuons à nous instruire ensemble. Pardon ? Vous ne saviez pas que le professeur apprend plus que ses élèves lorsqu’il fait son cours ? Si vous ne comprenez pas cela, alors, laissez tomber et arrosez vos salades, une autre forme de culture aussi vitale que celle dont nous nous occupons, mes frères, en ce lundi de Pentecôte ! Pardon, je m’égare.
-Gilles, tu crois que tu as réussi ta vie ? Cette question-affirmation est incomplète. Vous avez remarqué que ce mode pseudo-interrogatif n’induit qu’une réponse qu’on voudrait vous extorquer. On vous mène par le bout du nez. Cette forme ambigüe n’est que l'affirmation d'une négation. La question aurait dû se mettre à l’affirmative :
-Tu crois que tu as
réussi ta vie ! La réponse est d’évidence :
-Tu crois ? Mais non : tu peux le croire, mais tu
n’as pas réussi ta vie.
-Crois-tu avoir réussi ta vie ? seule forme qui ouvre l’alternative. Ma réponse est simple : je ne le crois pas, n'ayant pas trouvé l’élixir de jouvence. Malgré cet échec, j’avoue que je serai bien triste de devoir quitter cette vie que vous partagez avec moi, celle que j’aime !
-Crois-tu avoir réussi ta vie ? seule forme qui ouvre l’alternative. Ma réponse est simple : je ne le crois pas, n'ayant pas trouvé l’élixir de jouvence. Malgré cet échec, j’avoue que je serai bien triste de devoir quitter cette vie que vous partagez avec moi, celle que j’aime !
Socrate n’avait pas peur de la mort car, disait-il,
pourquoi redouter quelque chose qu’on ne connaît pas et qui serait, on
peut l’espérer, meilleure que la vie ? Parle pour toi, mon pote, mais raison de plus de redouter l’inconnu ! Et d'avoir
peur de la mort.
Je profite d'être encore en vie pour bien affirmer que je
préfèrerai réussir ma mort, fatigué d’avoir
trop bien vécu et très vieux, de préférence.
-Mon Dieu, pourquoi
m’avoir abandonné, moi qui suis si fatigué de vivre !
-As-tu réussi ta vie ? n’appelle qu’une, et une seule réponse : je ne sais pas !
-As-tu réussi ta vie ? n’appelle qu’une, et une seule réponse : je ne sais pas !
-Je te le dirai sur mon lit de mort.
-Gilles, tu as
réussi ta vie ! Ici, vous découvrez le plaisantin qui se moque de vous.
Mais, le pire :
-Gilles, tu auras
réussi ta vie…
-Oui, comme tout
le monde, mon pote ! En apothéose mortelle, pour te faire rire et mourir de plaisir !
Le pire est ce locuteur qui, à sa question posée, n’écoute même pas la réponse :
Le pire est ce locuteur qui, à sa question posée, n’écoute même pas la réponse :
-Gilles, ou en
es-tu de ta vie ?
-Au même point que toi, l'ami, dans le même maelström. Toi qui sais, fais savoir. Tu nous intéresses. Et puis, n’essaie pas de faire croire que tu t’inquiètes pour moi. Garde ta sollicitude, Tartuffe, va !
Il en est ainsi des questions existentielles que l’humanité s’est posée de tous temps. En somme : suis-je en train de rater ma vie, comme le Gilou ? Oui, parce que d’après mes critères d’analyse, le copain serait en manque… Pardon ?
-Au même point que toi, l'ami, dans le même maelström. Toi qui sais, fais savoir. Tu nous intéresses. Et puis, n’essaie pas de faire croire que tu t’inquiètes pour moi. Garde ta sollicitude, Tartuffe, va !
Il en est ainsi des questions existentielles que l’humanité s’est posée de tous temps. En somme : suis-je en train de rater ma vie, comme le Gilou ? Oui, parce que d’après mes critères d’analyse, le copain serait en manque… Pardon ?
-Et toi, Charly, et
toi, Rico, pensez-vous que Gilou a raté sa vie et avez-vous peur de faire
comme lui ?
Eh, oh, vilains qui pensez que j’ai raté ma vie, réfléchissez : vous acceptez que nos vies se côtoient et s’amalgament. Si vous estimiez à la volée ma vie ratée, ce serait aussi le cas de la vôtre, pas vrai ?
Impossible de rater une vie, dirait Youssef, l’intello du groupe. Philosophique, n’est-il pas ?
Mais oui, bon sang de bon sang, pourquoi vouloir connaître de la réussite ou de l’échec de toute vie ? Cela ne veut rien dire. Je suis convaincu que le seul fait de vivre bien ou mal, de respirer, de sentir, de voir, de manger, de communiquer, même de pisser contre les murs sales pour narguer la maréchaussée et les bourgeois, dont je suis, et si en plus…
Mais oui, bon sang de bon sang, pourquoi vouloir connaître de la réussite ou de l’échec de toute vie ? Cela ne veut rien dire. Je suis convaincu que le seul fait de vivre bien ou mal, de respirer, de sentir, de voir, de manger, de communiquer, même de pisser contre les murs sales pour narguer la maréchaussée et les bourgeois, dont je suis, et si en plus…
… Oui, et si en plus, vous vous sentez aimé, et que vous
aimez, en partageant et en vous efforçant de ne pas trop subir, quand bien même
ce serait plus difficile pour certains que pour d’autres… Oui, et si seul ce sentiment de plénitude et de bonheur, seul, pour juger de ma vie qui participe de la tienne, de la vôtre,
une belle garce de vie, peut-être, mais toujours réussie ? Alors, qu’on se le dise !
Deux vers inspirés du poème d’Américo, «Toutes fleurs». Il veut que je le cite : allons-y !
Deux vers inspirés du poème d’Américo, «Toutes fleurs». Il veut que je le cite : allons-y !
-Belle fleur, fille des champs
Sait le
regard du chaland…
-Mes vers disent une fille qui ne se sait belle que portée
par les regards ! Et qui, sans ces regards dans la rue, en mourait. C’est beau,
ne trouves-tu pas ?
-Mais, qu’ont-ils à
voir avec mon texte sur la vie?…
-La vie, c’est
goûteux comme fille «toutes fleurs» et miel de cerisiers de printemps… Non,
non, que Môssieu ne remercie pas le poète. Parce contre, quand c’est René qui
te fait un dessin en pattes de mouche, Môssieu s’extasie. Ouais, comme c’est beau,
René, comme tu es génial ! Quelle splendeur !
Shakespeare nous dit comment réussir sa vie: Etre ou ne pas ?… Etre !
Shakespeare nous dit comment réussir sa vie: Etre ou ne pas ?… Etre !
Votre vie vous semble ratée ? Un bicorne, une main glissée
dans votre long manteau d’armée, et le tour est joué. Quelle main ? Qu’importe,
Sire !
Seuls les fous savent qu'ils n'ont pas raté leur vie car ils en changent. Eh, oui. Les autres s'en moquent !
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