Ma Jeanne préférait l’artificiel
en tout, sauf dans les rapports humains : de nylon contre soie, plastique contre cuir
et, pour finir, des fleurs artificielles. C’était à n’y rien comprendre d'elle
qui était si pétillante qu’elle vous donnait envie de croquer la vie à belles
dents, sans artifice.
Cet appétit qu’elle te donnait m’avait fait la repérer au bord de l’Hudson River un soir d’automne où on ne voyait qu’elle dans les feuilles rousses d’automne précoce. Une flamboyance dans un poème, un tableau... que dis-je : un amour de rousse, senteur vanille.
Cet appétit qu’elle te donnait m’avait fait la repérer au bord de l’Hudson River un soir d’automne où on ne voyait qu’elle dans les feuilles rousses d’automne précoce. Une flamboyance dans un poème, un tableau... que dis-je : un amour de rousse, senteur vanille.
Chez elle, j’étais invité tous les après-midi avec
défense expresse de toucher à son corps, si ce n’était qu’un chaste baiser
sur la bouche. Je ne deviendrai son amant gentil que bien plus tard, en France.
Jeanne aimait rectifier, à chacun de ses passage, un bouquet de fleurs artificielles, qui trônait sur le buffet du salon, dans un vase couleur bleu de Prusse.
-Serait-ce ce vase qui t’aurait fait aimer ces fleurs des
morts ?
-Pardon ? Mais non ! Tu vois comme mes fleurs vivent
plus "longuetemps", disait-elle avec l’accent rocailleux de Toulouse.
Oui, parce que Jeanne était française, artiste
new-yorkais de fraîche date, toulousaine sûrement et sans nul doute extravagante.
-Mais, Jeanne, elles sentent moins bon que tes bas nylons !
-Mais, Jeanne, elles sentent moins bon que tes bas nylons !
-Mais enfin, Gilou,
tu te permets d’aller renifler mes bas derrière mon dos ? Ce n’est pas bien !
-Pas bien ? Mais j’aime t'avoir dans le nez. Dieu, que tu sens bon !
-Mais Gilou, la
corbeille de linge sale se trouve dans la salle de bain. Ne me dis pas que…
-Tes petites
culottes ? Jamais, Jeanne, au grand jamais !
-Ah ! Tu me
rassures. Mais, il faudra que je pense à les laver avant
ton arrivée.
-Ce serait
dommage, vois-tu ! Parce que tes petites culottes, rien à voir avec les parfums
artificiels de tes fleurs. Oh, que non. Rien à voir ! Surtout les Well... quel délice !
Jeanne aimait les fleurs artificielles et le
théâtre qu’elle préférait à la vie. Quant à l'amour, ce que je ne saurai que bien plus tard, en France, elle s'en régalait. Moi, je prisais nos rendez-vous timides d'après-midi et les petites culottes de Jeanne que je préférais au
théâtre, et à ses fleurs artificielles.
-Comme tu es curieux en ces histoires de petites culottes, et comme tu es étrange, me disait Charlie qui aimait tous paradis, de celui
du Diable à celui de Dieu, sans compter du sien propre. .. enfin, la vie, mon Charlie aime passionnément.
-Mais, me disait-il, les petites culottes est-ce bien de la vie que l'on parle ici ?
-Mais, me disait-il, les petites culottes est-ce bien de la vie que l'on parle ici ?
Oui, et alors tout s’embellissait lorsque
j’offrais ces fleurs à Jeanne qui, elle, pour me
faire voir tout le plaisir qu’elle retirait de ce bouquet, fermait
les yeux pour se plonger dans le parfum de ses artificielles et me
permettre d’aller m’enfermer dans la salle de bain en tête à tête avec ses
petites culottes.
Voyez comme la vie est bien faite et qu’un rien peut nous
ravir !
Et vous, parlez-nous encore et toujours des senteurs de votre vie, s’il vous
plaît, en cette fête de la Musique… Merci !
Merci qui ? Merci Jeanne, ma rouquine coquine !
Ce samedi 21 juin 2014, fête de la Musique. Gilou, pour son plaisir !
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