Le leitmotiv de ma vie ? « Allez casser les pieds à vos amis. Et souvent, de préférence puisqu’ils importent à vos yeux », sans oublier que la réciproque se fera suante bien des fois.
Un de mes proches, pour parler d’amour et d’amitié compare le chat qui ne se sent pas tenu à rendre l'amour que nous lui donnons et le chien qui n’attend aucun retour tant il est sûr d’être aimé. On dit du chien qu'il est le meilleur ami de l’homme tandis que le chat, momifié par les égyptiens ferait partie de la famille qui, comme un enfant prend son trop plein d'amour sans rien en rendre miette. Et sans penser à mal.
Mais, un chat, ça n'a pas d'idée, comme un gosse que je sache. C'est bête, un chat. Un chien aussi ? Admettons.
Un autre de mes proches, à l’imitation des aèdes chante de l’amitié comme du pays natal et de la nostalgie qui nous étreint dès que nous en sommes éloignés, et de l’amour comme d'une perpétuelle fuite en avant dans une éternelle quête d'un Eldorado à conquérir que nous abandonnerons un jour, par lassitude pour en retrouver un nouveau, et sans un regard en arrière.
Par ces quelques mots, j’estime que tout aura été dit sur l’amitié et l'amour, aussi n’y revenons plus. Débat clos ! Et, pourtant, pourtant…
- A ta bonne santé, Etienne, et à celle du couillon qui paye ! Et, à celui qui écrit et qui paye de sa personne, non ? Merci bien ! Mais redevenons sérieux. D’après une très sérieuse étude scientifique britannique, et à pousser leur raisonnement, la prise d’un petit pastis entre amis serait bonne santé.
Et, à offrir un verre à l’étranger accueilli, par exemple à un syrien pour qu'il reste en meilleure santé ? Dommage qu’il ne boive pas d’alcool… tiens, mieux à notre chercheur britannique un peu pâlot, tant qu’à faire pour qu'il se requinque, par sollicitude bien comprise :
- A la tienne, my friend ! Notre scientifique acceptera ce pastis sans ciller, nous le savons mais sera tout bouleversé par ce tutoiement qui ne se peut s'adresser qu’à Dieu. Shocking !
- Un petit coup à l’amitié ? Et, à ta santé, aussi ! Si un verre partagé entre amis au bistrot du coin donne la santé du corps, et la vin partagé au Temple entre fidèles procure la santé de l'âme, alors Dieu et l'amitié ne peuvent qu’exister et nous voila comblés ! De corps et d'esprit.
Après ces quelques mots de bienvenue, mes frères entonnons "boire un petit coup c’est agréable, boire un petit coup c’est doux" et succombons à l’amitié, "mais il ne faut pas rouler dessous la table" car, si un verre, ça va, trois verres, bonjour la santé. Et ce n’est pas le but de la manœuvre.
- Moi, j’aime être entourée d’amis.
- Oui, très chère, et moi aussi, seulement entre trop et pas assez, il est un fragile équilibre. Je connais certains qui ne se lamentent même plus du désert de leur vie dû à leurs habitudes, bonnes puisqu’ils n’y dérogent jamais, par peur de se perdre dans des relations confiantes, ne partageant le verre de l’amitié qu’avec eux-mêmes.
Se proposer le verre de l’amitié à soi-même devient le comble et le summum de la solitude de celui qui deviendra l’ivrogne du village, n'en doutons pas.
- Alcoolique, me souffle mon chercheur anglais. Malade. Pas ivrogne. Admettons que nous ne consommions que très modérément pour nous faire des amis comme tout le monde, proches de préférence. Bravo, mais n'en existerait-il pas de moins proches que d’autres, et pourquoi ce distinguo paradoxal ?
Et, ce n’est pas tout : certains, que je prends pour des amis ne se considèrent pas comme les miens. Sûr et certain. N’admettant que ce que nous pouvons saisir et n’étant jamais que dans notre propre tête pour n'y rien comprendre, doit-on laisser en l’état ?
N’est-ce pas cette incertitude dans l’amitié et dans l’amour qui fait du mal à l’égo ? Mon ami, pas mon ami... comment savoir ?
- Tu m'aimes encore ?
- Pardon ? Qu'ai-je fait pour que tu puisses en douter ?
- Rien ! Et c'est que je te reproche !
Et pourtant, nous sommes toujours assurés et tranquilles en amitié, et inquiets et peu rassuré en amour. Et, qui gagnerait en amour et qui perdrait en amitié ? Allez savoir !
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Deuxième illustration de René BOUSCHET:
des vignobles et des hommes
La petite dame : J'aime beaucoup vos "rouges" !
Le peintre : Désolé ma p'tit dame : c'est un secret !
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