Ferai ça que je veux. Na !
Il
était une fois, en un petit pays des contes de fées des enfants qui refusèrent de grandir pour de vrai en se réfugiant dans le jeu du pour rire et ainsi ne pas ressembler à
leurs parents toujours en chamailleries, pour de vrai. Rappelez-vous François répudiant Mado, la reine pour couronner Lolotte, jeune roturière. Ses sujets, en toute modestie suivaient l'exemple pour se permettre toutes
frasques, mais sans jamais vouloir tous divorcer, le mariage à époque n'étant qu'un simple acquiescement entre deux parties ne nécessitant aucun contrôle de l'église pour si peu, voyez-vous, la famille royale exceptée.
Et de la répudiation, me diriez-vous ? Oui, mais rarement pour la plèbe même si, en prenant femme on pouvait s'en déprendre, mais attention, avec l'expresse autorisation de l'église. La séparation était ensuite consacrée après la bénédiction obligatoire du prêtre. En ces temps heureux, ni le mariage et son pendant, le divorce n'avaient encore été imaginés par la société civile pour la plus grande stabilité des familles, mamans et papas formant, aux yeux des enfants et sous le regard de l'église catholique ce couple d'inséparables qui devait souvent endurer, leur vie durant.
Et de la répudiation, me diriez-vous ? Oui, mais rarement pour la plèbe même si, en prenant femme on pouvait s'en déprendre, mais attention, avec l'expresse autorisation de l'église. La séparation était ensuite consacrée après la bénédiction obligatoire du prêtre. En ces temps heureux, ni le mariage et son pendant, le divorce n'avaient encore été imaginés par la société civile pour la plus grande stabilité des familles, mamans et papas formant, aux yeux des enfants et sous le regard de l'église catholique ce couple d'inséparables qui devait souvent endurer, leur vie durant.
Ainsi que le signalait Antonin en ses mémoires : - Avec Lolotte, sire allez donner l'exemple de la fidélité et de l'amour éternel que vous promettiez en l'église à Mado, la répudiée. Ne vous-êtes vous pas parjuré pour obtenir Lolotte ? se corrigeant quelques pages plus loin en moquant notre fringant roi François qui négligeait les affaires du royaume pour besogner toute la nuit, finissant terrassé au matin tout en ne se hâtant aucunement à se fournir en descendance, aussi les enfants ne pouvaient-ils pas comparer le couple royal à leurs parents, n'est-ce pas ?
Rappelez-vous encore François proscrivant la guerre tout en maintenant une puissante armée, d'opérette soit. Dans la foulée, un édit irrévocable promulgué au premier dimanche de l'adventus du dernier Noël interdisait expressément d'offrir tous jouets guerriers aux enfants, copies d'arquebuses et autres pistolets à rouet, arbalètes, hallebardes, frondes ou arcs et flèches, seule l'épée portée à la ceinture, signe de noblesse mais gardée en son fourreau échappant à l'interdiction royale. Par cet édit singulier que rapporte encore Antonin, le roi François voulait que les petits deviennent des sujets pacifiques.
Mais, las. Si l'enfant isolé, rêveur éveillé se montrait adorable aux jeux de la poupée, les garçons n'en étant pas exclus, et autres camions* miniatures, les filles non plus, dès que des groupes d'âge et d'amitiés se formaient, des luttes pour la conquête de tout et de rien devenaient inéluctables comme s'il fallait marquer naturellement son territoire et accumuler des biens par tous moyens. Ici, pour les enfants il n'était plus question que de rapines, mensonges, menaces et contentions exécutés avec cette incroyable brutalité, pour de vrai qui horrifiait les mamans comme si, par la seule magie des coalitions antagonistes et d'enjeux divergents le groupe social, seul porteur des germes de la guerre et de sa propre dissolution eût révélé de l'âme enfantine son mauvais côté angélique.
- Albin, à la chaumière ! Ne t'en va pas traîner avec cette bande de voyous. Des voyous à cet âge ? Où les voyait-elle la mère ?
*Camion : grosse charrette servant au transport de produits agricoles, manufacturés et d'animaux. Le fardier pour les pierres.
*Camion : grosse charrette servant au transport de produits agricoles, manufacturés et d'animaux. Le fardier pour les pierres.
En ces temps heureux, tous se démangeaient furieusement aussi le Roi François s'enduisit-il d'une sorte de Marie-Rose dont Antonin ne prit malheureusement pas la peine de donner la recette de l'antique panacée anti-puces, poux de tête et de corps appelés aussi morpions ou morbacs dans l'armée, (et c'est peut-être tant mieux pour nos soldats français en opérations extérieures que je tiens à saluer ici), puis sa Majesté réunit son Grand Conseil consacré aux troubles causés par les petits pouilleux.
Un conseiller sourit en imaginant les courses de poux sur la tête du roi qui auraient dû lui rappeler sa jeunesse royale tout autant que pouilleuse. Le rois s'en irrita.
- Non, votre Majesté, je souriais en pensant au 30 ans de ma Germaine. Oui, ce soir, sire.
Comme à l'accoutumée, sans tenir compte des avis et après avoir longuement sacrifié au grattage de son cuir chevelu, habitude royale lui permettant de réfléchir tout en se soulageant des poux, le roi trancha : l'école obligatoire pour les filles et les garçons devait éradiquer la violence de la cité en les assagissant, or rien n'y faisait. Si le Maître en ses leçons d'instruction civique ponctuées de sa règle rigide, l'assistance du curé rugueux à la bonne religion universelle*, les corrections parentales monumentales et l'édit d'interdiction de tous jouets guerriers ne portaient remède aux guerres enfantines, c'était à désespérer. Même le guet, en confisquant frondes, arcs, arquebuses et pistolets en bois baissait les bras : las, s'exhibaient toujours de nouvelles armes, les enfants se portant encore et toujours la guerre.
*La religion universelle, la seule, la catholique, évidemment !
Un conseiller sourit en imaginant les courses de poux sur la tête du roi qui auraient dû lui rappeler sa jeunesse royale tout autant que pouilleuse. Le rois s'en irrita.
- Non, votre Majesté, je souriais en pensant au 30 ans de ma Germaine. Oui, ce soir, sire.
Comme à l'accoutumée, sans tenir compte des avis et après avoir longuement sacrifié au grattage de son cuir chevelu, habitude royale lui permettant de réfléchir tout en se soulageant des poux, le roi trancha : l'école obligatoire pour les filles et les garçons devait éradiquer la violence de la cité en les assagissant, or rien n'y faisait. Si le Maître en ses leçons d'instruction civique ponctuées de sa règle rigide, l'assistance du curé rugueux à la bonne religion universelle*, les corrections parentales monumentales et l'édit d'interdiction de tous jouets guerriers ne portaient remède aux guerres enfantines, c'était à désespérer. Même le guet, en confisquant frondes, arcs, arquebuses et pistolets en bois baissait les bras : las, s'exhibaient toujours de nouvelles armes, les enfants se portant encore et toujours la guerre.
*La religion universelle, la seule, la catholique, évidemment !
Le roi reçut en
son cabinet un homme de la philosophie, Jehan Finkiel-Kraut (ndlr
: qui insupportait Antonin, notre conteur et qu'il baptisera dans son
récit le sieur du Grand N'importe Quoi). Pourtant, ce ronronnant animal, tout en se
berçant du bruit de sa propre voix jusqu'à ronfler élégamment en bonne compagnie affirmait, avec justesse que la conquête d'un
territoire par la force brutale pour subvenir à ses besoins était dans la
nature de l'animal et de l'homme. Ecoutons-le :
- Sire, l'homme ne
doit-il pas apprendre, étant encore jeune damoiseau à se regrouper pour conquérir sur d'autres sociétés un territoire et le conserver par la paix ou la guerre, territoire nécessaire à sa survie tout comme le ferait un
animal, le groupe humain décuplant les possibilités de tous ? La guerre ne serait-elle qu'un jeu immoral, certes mais utile...
- Halte-là, Finkiel-Kraut, vous n'enfoncez que portes ouvertes ! Entretenez-nous plutôt de ces guerres enfantines.
- Halte-là, Finkiel-Kraut, vous n'enfoncez que portes ouvertes ! Entretenez-nous plutôt de ces guerres enfantines.
- J'y arrivais, votre
Majesté, répondit l'obséquieux philosophe, mais je voulais tout bonnement signifier que
des millénaires de morale par la religion et l'éducation, ce que nous appelons
la civilisation n'auront pas suffi à faire de l'homme un animal bien policé. Toutefois, l'éducation bien comprise pose ce postulat que nul ne peut aider l'enfant à comprendre ses peurs, si ce ne sont ses parents aimants, ni canaliser ses pulsions hors du groupe pacifié s'il ne le laisse jouer à se rassurer dans sa rencontre à l'autre en acceptant les différences. De même, l'enfant a besoin de jouer à refaire son monde par la guerre pour de faux pour parvenir à la paix pour de vrai. Ainsi va la vie.
Quant à l'animalité, voyez Sire que, tout comme le leu, animal sauvage notre homme possède des oreilles droites tandis que l'agneau domestiqué les a tombantes.
Quant à l'animalité, voyez Sire que, tout comme le leu, animal sauvage notre homme possède des oreilles droites tandis que l'agneau domestiqué les a tombantes.
-C'est à dire, mon ami
?
- Sire, la grégarité génère la guerre, transformant l'homme en bête de combat. Le leu, animal sauvage, lui aussi... Pardon ?
- Messire Jehan, pas
tant de grands mots, je vous prie ! Et puis notre leu ni ne fait violence mortelle à ses congénères, ni ne mène guerre aux autres meutes. Là !
- Certainement sire, étant entendu que chaque clan défend son territoire de chasse et ses petits à coups de crocs en une sorte de guéguerre toujours en suspens, le clan faible comprenant qu'il
n'a pas intérêt à persister. Et vous-même, n'entretenez-vous point une puissante
armée d'apparat, toutefois restée sur pied de guerre pour assurer la tranquillité de vos sujets et la paix avec les principautés et royaumes alentours ?
- Etrange que la guerre fédérerait les sociétés sur le dos d'autres... Vraiment étrange que pour parvenir à la paix l'on doivent porter la guerre. Je savais bien que la peur qu'elle engendrait dispensait la sécurité. Mais, jouer avec la mort et la force brutale pour le service de la paix ! Vous m'en direz tant.
- Etrange que la guerre fédérerait les sociétés sur le dos d'autres... Vraiment étrange que pour parvenir à la paix l'on doivent porter la guerre. Je savais bien que la peur qu'elle engendrait dispensait la sécurité. Mais, jouer avec la mort et la force brutale pour le service de la paix ! Vous m'en direz tant.
- Oui, Sire. Tout faire pour survivre est de nécessité vitale, et qu'importe le moyen utilisé. Besoin de sécurité et de survie pour le groupe plus peur irraisonnée de l'autre seraient seules causes de guerre. Voyez, sire : agressivité
et lutte sont affaires d'hommes et d'animaux isolés, guerre et violence, celles de tout groupe social. Sans dire que l'homme serait le seul animal qui tue son congénère sans raison. Il n'est qu'à voir son plaisir dans l'arène ou le taureau souffre et meurt. Serait-ce pour apprivoiser sa propre mort ?
- Il n'est donc pas possible d'empêcher les enfants de jouer à la guerre ?
- Tout comme de les
empêcher de devenir adulte.
- Mais, c'est à
désespérer de tout...
- Non sire, seul le
groupe dispense la paix par la loi, la violence de la force publique en étant le garant de l'une et l'autre.
-Si je vous suis bien,
l'apprentissage à la vie en société doit passer par des jeux guerriers pour que
nos enfants comprennent les bienfaits de la paix. Je vous en remercie, mon bon
Jehan. Mais, pour notre petit Victor, auriez-vous quelque autre explication ?
- Sire, notre Victor enfant deviendra adulte, n'en doutez pas avec le temps où ses jeux se rapprocheront au fur et à mesure du jeu social qu'il intégrera adulte. Il cherche des modèles indispensables à construire sa personnalité d'adulte et à la vision qu'il aimerait que les autres aient de lui. Pour se réaliser, il est tout dans l'imitation.
Victor tente de vous ressembler, Sire. Découvert abandonné dans un champ, seul il se sait faible, unique avec ce besoin de se montrer en roi fort, général d'une petite
armée qu'il entretient en bon état de guerre pour se construire des amitiés fortes. Tout comme vous.
- Merci, mon bon Finkiel-Kraut. Je vous nomme conseiller du Parler Vrai.
A dater de ce jour, la Roi François prit patience et laissa le temps assagir les petits remuants du royaume puis envoya ses propres enfants pouilleux à l'école se confronter à la règle rigide du vieux maître et participer pour leur plus grand profit aux jeux des guerres criardes menées tambour battant et force horions avec les petits-enfants de Victor et d'Antonin et sous la férule de cette petite peste du fils d'Urbain Junior, leur chef.
Il était une fois de jeunes enfants qui refusèrent obstinément de grandir. Ils se jurèrent de ne pas trop mentir, ni chaparder, encore moins imiter les adultes... peut-être pas tout de suite. Bon, mentir, voler, on faisait avec. Et bien mieux que les adultes, et pas que pour de rire. Et puis après?
Oui, ils tentèrent ! Mais, la vie, la vie aidant...
Avec l'aide du temps et de parents fermes et aimants et des maîtres bienveillants imposant la règle à tous, ces enfants devinrent des adultes responsables qui perfectionnèrent leurs jeux de l'enfance pour le plus grand bonheur du royaume, et voilà qu'au soir venu trop tôt, à la fraîche, Victor l'ancien, retraité des jardins du roi, le vieil Antonin, cet immense conteur resté humble charron, Albin qui ne prit pas Carina pour compagne mais Nadège, Carina préférant rester célibataire, ou l'inverse, Aaron, frère de Valériane, la petite blonde croqueuse des gâteaux du dimanche, l'Urbain au long cou, l'enfant de choeur voleur de vin messe plus les autres, ce petit monde de l'enfance venu dans le grand âge, tous ces vieux parfois accompagnés, mais rarement de leurs dames revivaient des souvenirs en s'émerveillant de leurs petits-enfants, cette fontaine de jouvence, encore heureux d'avoir tant joué !
FIN du récit d'Antonin. Dommage, mais ainsi va de la vie !
- Merci, mon bon Finkiel-Kraut. Je vous nomme conseiller du Parler Vrai.
A dater de ce jour, la Roi François prit patience et laissa le temps assagir les petits remuants du royaume puis envoya ses propres enfants pouilleux à l'école se confronter à la règle rigide du vieux maître et participer pour leur plus grand profit aux jeux des guerres criardes menées tambour battant et force horions avec les petits-enfants de Victor et d'Antonin et sous la férule de cette petite peste du fils d'Urbain Junior, leur chef.
Il était une fois de jeunes enfants qui refusèrent obstinément de grandir. Ils se jurèrent de ne pas trop mentir, ni chaparder, encore moins imiter les adultes... peut-être pas tout de suite. Bon, mentir, voler, on faisait avec. Et bien mieux que les adultes, et pas que pour de rire. Et puis après?
Oui, ils tentèrent ! Mais, la vie, la vie aidant...
Avec l'aide du temps et de parents fermes et aimants et des maîtres bienveillants imposant la règle à tous, ces enfants devinrent des adultes responsables qui perfectionnèrent leurs jeux de l'enfance pour le plus grand bonheur du royaume, et voilà qu'au soir venu trop tôt, à la fraîche, Victor l'ancien, retraité des jardins du roi, le vieil Antonin, cet immense conteur resté humble charron, Albin qui ne prit pas Carina pour compagne mais Nadège, Carina préférant rester célibataire, ou l'inverse, Aaron, frère de Valériane, la petite blonde croqueuse des gâteaux du dimanche, l'Urbain au long cou, l'enfant de choeur voleur de vin messe plus les autres, ce petit monde de l'enfance venu dans le grand âge, tous ces vieux parfois accompagnés, mais rarement de leurs dames revivaient des souvenirs en s'émerveillant de leurs petits-enfants, cette fontaine de jouvence, encore heureux d'avoir tant joué !
FIN du récit d'Antonin. Dommage, mais ainsi va de la vie !
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