Nous
recevons un courrier d’Anne A. très inquiète car son compagnon, condamné au
Tribunal de Grand Instance de B. ne réalise pas la gravité de la situation,
mais alors là, pas du tout.
- Chère Ménie. Je sais que Gilou a écopé d’une peine d'un an de
prison pour violence volontaire réduite à 4 mois en appel, effectuée
à la maison d’arrêt de Nîmes, assortie de deux ans de mise à l’épreuve avec 6
mois d’obligation de soins.
Mon copain, lui clame à tous que le tribunal, en faisant
preuve de clémence montrait que son affaire ne présentait pas de gravité exceptionnelle. Pourquoi ? En ne suivant pas les lourdes réquisitions du
procureur, mettant ainsi en doute la parole des gendarmes qui faisaient état d’un
refus d’obtempérer à se soumettre à une prise de sang.
Or, je suis inquiète car j’ai beau lui expliquer
que, d’abord le tribunal n’a en aucun cas infirmé le rapport de gendarmerie, qu'ensuite les 8 mois de prison même si assortis de 2 ans de sursis, l'amende de 135 euros, (il est au RSA), l'obligation de 6 mois de soins pour
conduite en état d’ivresse (positif au ballon), refus d’obtempérer à se
soumettre à une prise de sang (ce qui n’est pas de la responsabilité de mon
compagnon, il est vrai, la gendarmerie aurait dû le contraindre), non
présentation de l’attestation d’assurance, cela fait fait beaucoup.
Si je dois remercier les juges pour leur clémence, mon
compagnon n’a encore rien compris de la gravité de sa condamnation et des obligations
draconiennes qui en résultent. Et donc des risques encourus.
Il est vrai que nous n’avons pas encore reçu les
attendus du jugement, mais moi je sais que mon mari, en minimisant sa
condamnation, se met en danger parce qu’il n’a pas bien compris la
sanction qu’il traite à la légère pour fanfaronner. Tenez, il
croit même qu’il lui suffit d’avoir un certificat médical de son médecin
traitant pour montrer qu’il est guéri. Mais, moi je lui dis qu’il doit se
soigner pour son alcoolisme en allant suivre une thérapie chez un psychiatre. Parce
qu’il boit souvent, et souvent trop. Lui, il se moque de moi. Pareil, il me demande : "C'est quoi cette connerie de SPIP, encore un sigle qui sert à rien ?"
Voila le but de ma lettre : pourriez-vous
demander à Gilou, que mon copain adore pour son humour lui expliquer les choses
mieux que moi pour lui mettre un peu de plomb dans la cervelle ?».
PS : Mon compagnon, ayant refusé l’assistance d’un
avocat et de faire appel me dit encore que s’il y avait eu recours, son affaire
se serait déballonnée au tribunal, surtout pour les gendarmes. Il est fou !
J’oubliais de dire que son affaire a été jugée en dernier, ce qui pour lui
était un bon signe.
____________
La réponse de Ménie : Chère Anne. Merci de nous témoigner autant de
confiance. Votre lettre méritait une prompte réponse et, Gilou absent pour cause d'une semaine de prolongation pour décuver de sa Féria de Pentecôte de Nîmes, je prends la
liberté de vous répondre de femme à femme. Toutefois, j'ai demandé le péremptoire conseil de l'ami Américo qui, tout poète soit-il n'en a pas moins les pieds sur terre. Je vous livre son appréciation :
- Ménie, mais qu'est-ce qu'elle peut bien foutre, ta copine Anne avec ce type, cet abruti de naissance. Croire qu'il peut évoluer en mieux ? Foutaise ! Elle doit aussi avoir un pet au casque à s'inquiéter sur ce moins que rien qui met tout le monde en danger au volant en croyant faire la nique aux flics et aux juges.
Ma chère Anne, vous voudrez bien excuser le franc parler d'Américo. On ne le changera pas. Et, comme il dit si bien : "Ménie, fallait pas me demander mon avis, si c'est pour te fâcher." Voyez, Anne qu'un avis n'est jamais de trop, même si Américo pousse un tantinet.
- Ménie, mais qu'est-ce qu'elle peut bien foutre, ta copine Anne avec ce type, cet abruti de naissance. Croire qu'il peut évoluer en mieux ? Foutaise ! Elle doit aussi avoir un pet au casque à s'inquiéter sur ce moins que rien qui met tout le monde en danger au volant en croyant faire la nique aux flics et aux juges.
Ma chère Anne, vous voudrez bien excuser le franc parler d'Américo. On ne le changera pas. Et, comme il dit si bien : "Ménie, fallait pas me demander mon avis, si c'est pour te fâcher." Voyez, Anne qu'un avis n'est jamais de trop, même si Américo pousse un tantinet.
Sachez, tout d’abord que
lorsque nos hommes se font mauvais garçons, ils ne font pas dans la dentelle.
Ce qui saute aux yeux dans votre lettre est votre désarroi bien compréhensible.
Si je m’autorisais une privauté, et je sais que vous ne m’en voudrez pas, nous
devrions constater toutes deux qu'Américo ne peut qu'avoir raison : votre homme ne serait qu'un parfait imbécile. Quoique abruti soit plus adapté.
Entre-nous, la femme que
je suis se met à votre place et nous savons la gravité de toute condamnation et son inscription au casier judiciaire. De plus, elle crée un
précédent qui aggravera toute condamnation future en indisposant les
juges, et surtout cette mesure de clémence se retournera contre lui en cas de nouvelle condamnation : on y
fera référence.
- Voyez, on lui fait confiance pour s’amender. Et quel
en aura été le résultat ? Une récidive. Tapons un peu plus fort, cette
fois.
L’amende, vous le
constatez est proportionnée à ses revenus, et même inférieure à ce que nous
pourrions nous attendre dans un tel cas, quoique votre compagnon dise. Par contre, l’obligation de soin, pour
anodine qu’elle soit sera du ressort d’un psychiatre et son suivi contrôlé
à chaque convocation d’un service judiciaire, le SPIP. Et, gare à
ce que votre compagnon s’y soumette bien, faute de quoi il serait convoqué par
le Juge des Liberté qui pourrait le placer directement, et sans autre forme de
procès pour effectuer ses 8 mois de prison à la moindre incartade.
Passons maintenant au
sursis de 2 ans accordé à votre compagnon. C’est ici que les juges, en
accordant cette sorte « d’indulgence » dans leur jugement se montrent
redoutables pour le condamné. En effet, à la moindre infraction constatée par
les services de police dans laquelle votre compagnon serait impliqué, la
prison ferme serait de rigueur : que ce soit pour l’alcool au volant, le
défaut d’assurance, un refus d’obtempérer ou pour tous autres délits ne
relevant pas du code de la route transmis au Procureur de la République, le
sursis tomberait.
Après avoir transmis ma
réponse à votre lettre à Gilou pour qu’il me donne son avis, il me charge de
vous transmettre ses salutations ainsi qu’à votre abruti et me demande de vous
rappeler ceci :
PS de Gilou :
Une affaire jugée en dernier ? Quand il n’y a
plus d’avocats et que vous ne pouvez plus y recourir si vous vous sentez en danger ?
Et sans public, l’affaire jugée au nom du peuple français se déroulant en une
sorte de huis-clos… quand bien même ce
serait la honte du système judiciaire français, et il n’aura pas senti le
danger ? Votre compagnon est réellement abruti, comme le dit si bien
Ménie.
Croire le sursis de deux années de prison anodin
serait se tromper lourdement sur la volonté du juge. Celui-ci en use pour
diverses raisons trop longues à énumérer. Mais, sachez bien que cette
mansuétude n’est qu’un cadeau intelligemment empoisonné offert par le juge qui, se lavant les mains de toute détention d’un
condamné ne signifie pas moins qu'il le place face à ses responsabilités
et que, s’il se retrouvait incarcéré il ne pourrait s’en prendre qu’à lui-même.
Mon dernier conseil, Anne ? Que votre abruti se tienne
tranquille pendant deux ans, qu'il fasse montre de sa bonne volonté en allant voir un psychiatre et le SPIP pour éviter le Juge de la Détention et des Libertés qui pourrait le faire incarcérer, et peut-être que cette période d’apprentissage salutaire
lui permettra de ne plus se mettre en danger sur la route ni risquer d’écraser
son prochain suite à une alcoolémie redoutable pour tous. Et vérifiez-bien qu’il
ne boive plus et assure son véhicule, quand bien même la conduite
sous emprise alcoolique ou la drogue équivaut à une conduite sans assurance.
Et qu’il arrête de croire qu’il peut narguer
impunément la maréchaussée : ils sont dix chats de gouttière à la brigade
contre un gros chien perdu sans collier qui se croirait permis de caguer* sur la voie publique en oubliant la fourrière. Et, rappelez-lui
qu’un chat qui veut tuer son chien l’accuse toujours de la rage. A lui de prouver
le contraire !
*caguer : faire ses déjections.
*caguer : faire ses déjections.
Mon dernier conseil ? S’il ne veut ou ne peut s’amender ?
Ne le menacez surtout pas de le quitter. Oh que non ! Un vaurien doublé d’un ivrogne mériterait-il votre
inquiétude ? Non. C’est pourquoi vous le quitterez sans regret : à
tant faire le con, il ne vous aime pas !
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Nous recevons ce jour, 23 mai 2016 à 23h15 une boulette bien sentie au parfum de chiotte du copain d'Anne qui ne semble plus apprécier l'humour de Gilou dont l'intitulé : "Gilou, je t'emmerde !" est tout un poème. Suivent quelques mots de la même eau de toilette : "Tes conseil, tu sais ou je me les met ? Au chiote. Abruti toi-même !" (sic).
Réponse du berger à la bergère :
"Collègue, écoper d'un sursis de deux ans c'est comme si tu étais en prison sans y être tout en y étant. La différence ? Simple : tu es à la fois le détenu et ton propre gardien, crapule et maton à la fois... tu arrives à vivre avec ça ? Comme cela ne coûte pas un rond à l'état, ni pour le gardiennage, ni pour nourrir le détenu, imagine que pour une fois tu te rendes utile. Les juges ne t'auraient-ils pas couillonné quand même pendant deux ans, et deux ans c'est d'un long, long comme le carême espèce d'abruti qui n'a rien compris à rien. Capice ? Aussi Gilou te retourne ton compliment enveloppé dans un joli paquet cadeau. Et ruban assorti. Et à chacun sa merde ! Espèce d'abruti.
Signé : Gilou, ton copain."
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Nous recevons ce jour, 23 mai 2016 à 23h15 une boulette bien sentie au parfum de chiotte du copain d'Anne qui ne semble plus apprécier l'humour de Gilou dont l'intitulé : "Gilou, je t'emmerde !" est tout un poème. Suivent quelques mots de la même eau de toilette : "Tes conseil, tu sais ou je me les met ? Au chiote. Abruti toi-même !" (sic).
Réponse du berger à la bergère :
"Collègue, écoper d'un sursis de deux ans c'est comme si tu étais en prison sans y être tout en y étant. La différence ? Simple : tu es à la fois le détenu et ton propre gardien, crapule et maton à la fois... tu arrives à vivre avec ça ? Comme cela ne coûte pas un rond à l'état, ni pour le gardiennage, ni pour nourrir le détenu, imagine que pour une fois tu te rendes utile. Les juges ne t'auraient-ils pas couillonné quand même pendant deux ans, et deux ans c'est d'un long, long comme le carême espèce d'abruti qui n'a rien compris à rien. Capice ? Aussi Gilou te retourne ton compliment enveloppé dans un joli paquet cadeau. Et ruban assorti. Et à chacun sa merde ! Espèce d'abruti.
Signé : Gilou, ton copain."
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