Tout d’abord, je tiens à
remercier le Pasteur de la chapelle évangélique du Vigan qui, le premier me propose pour ce vendredi 29 septembre une entrevue. Il décidera ensuite
de la suite à donner.
Ensuite,
reconnaissons à Calvin, qui a commis les aulcuns
psaumes le mérite d’estimer qu’on pouvait faire mieux que lui en embauchant
Marot pour que les psaumes en latin de l’église catholique le soient en françois
qui devenait ainsi la langue « sacrée » pour être chantés
aussi par les femmes qui en étaient interdites, compris de tous et, ce faisant remettre hommes et femmes dans un rapport direct avec leur Dieu, sans
aucun intermédiaire, à la façon de David, Moïse, Salomon et autres lévites, le laïc devenant clerc.
Dans notre recueil de Psaumes
de 1562 se trouvait toujours, en exergue un argument tiré par les cheveux qui resituait
Jésus Christ, seul fondement de notre foi pour que nos réformés ne puissent pas
penser que nous étions comme le roi David absolument certains que Dieu existât. En effet, seule la foi importait. Du peuple élu, soit mais notre rapport à Dieu nécessitait
l’intercession du Christ.
Exemple d’argument en
préambule, celui du Pseaume 96 de Théodore de Bèze, (Entre parenthèses la version moderne du poète Roger
Chapal de 1970. A savourer.) :
Argument : C’est une
description de la haute majesté de Dieu & de sa justice, afin que tout le
monde s’humilie sous luy, & que toutes idolatries soient abatues. En la fin
tous ceux qui le craignent sont exhortez à se fier & resjouir en luy.
Chantez à Dieu chanson nouvelle, (Peuples,
chantez partout sur terre)
Chantez ô terre universelle, Le renouveau que tous espèrent !
Chantez et son nom bénissez, Louez le nom du Dieu sauveur,
Et de jour en jour annoncez Du merveilleux libérateur :
Sa délivrance solennelle. Sur notre nuit vient sa lumière).
Ceci dit, abordons la
langue de Marot toujours belle dans ses paraphrases des psaumes de David, quand
bien même on pourrait penser que le quidam se moquait parfois de Calvin et même
lorsque Théodore de Bèze l’imitait en utilisant, comme lui des vocables
passés de mode à l’époque.
Les psaumes de Marot. Tous ?
Pas tout à fait mais soyons aussi généreux avec Marot, qui n’en aura paraphrasé
que 49 qu'avec le roi-prophète David qui ne totaliserait qu’une petite
moitié des 150.
Souvent, je taquine nos
pasteurs et nos protestants :
-Préférez-vous les psaumes de Marot ou de Théodore de
Bèze ?
-Ceux de Marot sont beaucoup plus beaux. Sans nul
doute !
On peut être instruit dans
les choses de Dieu et sortir une belle ânerie :
-Vous connaissez donc les vers de Marot ? Le
vieux françois ?
-Heu, ben…
Moi-même, je ne m’arrête
plus à vouloir distinguer Marot de Bèze tant ils sont liés et tant leurs
paraphrases sont parfois identiques, se distinguant par leurs mêmes qualités et
défauts, surtout quand Bèze tente d’imiter les archaïsmes de langue de Marot.
Lorsque l’on chante les
psaumes de 1539 à 1562, je suis surpris par la modernité de la langue de
l’époque. Tous les mots, presque toutes les expressions idiomatiques, tous les
temps, toutes les conjugaisons, tous les accords de participe passé avec le
verbe avoir, les M devant un P et un B, tout y est. Rien n’a changé sauf que
l’accent circonflexe remplacera les S inutiles comme dans forest qui devient
forêt et les imparfaits, les ois se feront ais, tandis que le j, le i et le y
reprendront une place plus moderne ainsi que le z qui ne remplacera plus le s
des noms communs.
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Considérant tout cela, je
n’arrive pas encore à comprendre qu’avec tous les outils à leur disposition
Marot et Théodore de Bèze ne nous aient pas proposé des psaumes plus
« modernes » dans leur écriture. Et, pourtant, admirez nos poètes de
la Réforme.
Exemple de l’écriture de
Marot au Psaume 10ème (écrit
avant 1543) :
D’où vient cela, Seigneur ie te suppli’,
Que loin de nous te tiens les yeux couvers ?
Te caches-tu pour nous mettre en oubly,
Mesmes au temps qui est dur et divers ?
Par leur orgueil sont ardens les pervers,
A tourmenter l’humble qui peu se prise.
Fay que sur eux tombe leur entreprise.
Ci-git la modernisation de ce Psaume 10 de Théodore de Bèze par le même Roger
Chapal en 1973. Tout un poème. Déplorable ! Comparez avec l’original ci dessus :
Pourquoi, Seigneur, te cacher loin de nous ?
Le pauvre souffre en ces jours de terreur,
L’impie s’acharne à le rouer de coups
Mais il se prend aux pièges de son cœur.
L’homme orgueilleux méprise le Seigneur :
« Si Dieu n’est rien, je ne suis pas coupable »,
Vont répétant tous ces insatiables.
_____________
Ecriture de Théodore de
Bèze au Psaume 92 (1551 ?) en italique et de Roger Chapal en 1970 entre parenthèses. Pour le fun :
Ô que c’est chose belle (Oh ! que c’est chose belle
De te louer, Seigneur, De te louer, Seigneur
Et du Trèshaut l’honneur De chanter ta splendeur
Chanter d’un cœur fidèle ! Au
milieu des fidèles ;
Preschant à la venue Quand le jour
vient de naître,
Du matin ta bonté, D’annoncer ta bonté,
Et ta fidélité
Et ta fidélité
Quand la nuict est venue. Quand la nuit va paraître).
______________
Un siècle après la
parution du Psautier de la Réforme, au dernier synode de l’Eglise protestante
de Loudun en 1659 le dernier avant la révocation de l’Edit de Nantes, on demanda à
Conrart (premier secrétaire de l’Académie française) de réécrire les psaumes de 1562 en
françois plus moderne. Si on veut !
Ayant entre les mains un
des derniers psautiers édités en 1919, je me mis à travailler les psaumes en
pensant qu’ils étaient originaux.
Malheureusement, la
versification de Conrart et les mélodies (revue pas Claude Goudimel) étaient altérées.
Quand on pense qu’en 1551 la ville de Genève mit en taule pendant une journée Loys
Bourgeois qui avait tenté de moderniser les premières mélodies.
Pour les musiques
originales, je me suis procuré le psautier
français (éd. Réveil publications. 1995), recueil intéressant qui ménage la
chèvre et le chou en proposant, surmonté d’un astérisque des altérations
musicales avec, parfois des mélodies légèrement altérées (normal pour les
harmonisations d’après Goudimel, Jacques Feuillie, Alain Mabit, Claude Lejeune
qui supportent mal le modal musical).
J’ai fini par acquérir LES PSAUMES en vers français avec leurs
mélodies, fac-similé de l’édition genevoise de Micher Blanchier, 1562 (DROZ
1986).
Dommage que le titre du
livre ne signale pas « en vers françois ».
A partir de cet ouvrage j’ai
travaillé nos chants en transposant le musique de clé d’ut en clé de sol et en
y ajoutant les barres de mesure absentes sur la musique originale (ce qui ne
signifie pas qu’elle n’était pas mesurée comme de nos jours).
Le premier grief que l’on
pourrait faire aux concepteurs des
psaumes originaux est de n’avoir sans nul doute pas créé un cahier de charges clair qui aurait lié les paroles à la musique ce qui fait que les versets de beaucoup de psaumes
finissent avec un temps manquant ce qui gène la reprise du verset
suivant. De même, il semblerait que les écrits de Marot et de Bèze ne semblent
pas avoir passé par un crible de "censure" : trop souvent des longueurs
pesantes, des redondances, des vers légers, une poésie parfois lourde et
indigne d’un poète, aussi bien chez l’un que chez l’autre.
De 1526 (certainement le
premier psaume de Marot, le sixième pour attendrir François 1er) à
1562, le français a évolué dans l’écriture des mots pour se stabiliser.
Conclusion de ce qui précède ? La langue de Marot
et de Bèze me plaît énormément. Celle de Roger Chapal ? Bof !
Dieu pardonne tout, même à nos protestants d’aujourd’hui
qui estiment que ce galimatias de Chapal serait poétique. Quand je pense que
certains, dans notre bonne ville du Vigan me traitent de poète-poète… M’est
avis que le barbu doit tirer une de ces gueules aux cieux. Quant à moi ?
Ben, moi ? Mais, je préfère encore mieux chanter
la louange à Dieu en bons vers françois, et foin de cette bouillie moderne à la
mode de Roger Chapal.
Sans rancune, man !
Sans rancune, man !
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