Le 16ème siècle, par la Réforme en France amènera un
changement fondamental dans les âmes en reposant la question du salut par la foi ou les œuvres et celle de l'incertitude de la résurrection
et de la vie éternelle.
Jusqu’alors, le
catholicisme se comportait comme le judaïsme et l’Islam qui affirmaient que Dieu existait physiquement. Aussi, tous ceux qui mettaient en doute cette certitude blasphémaient
en insultant à la réalité de l’existence de Dieu et méritaient la mort, d’où la
violence des guerres de religion.
Le doute incroyable qu’amena
la réforme en posant ce préalable que seule la foi fondait l’église du Christ en primant
les œuvres deviendra un véritable scandale pour les autres religions, catholicisme
compris qui y voyaient poindre le danger de l’athéisme.
De même, elles estimaient que
l’égalité entre hommes et femmes devant Dieu, défaisant le pouvoir de tous « pasteurs »,
pape compris, ainsi que l’inutilité des lévites faisait fi des prescriptions
des Livres.
Cette foi nécessaire, ce
doute incroyable, fondement du christianisme qu’apportait le protestantisme gênera le catholicisme
du 16 au 18ème siècle. La foi et le salut ne dépendaient plus de l’église et du prêtre
et ne sauraient qu’être une grâce divine avec pour conséquence que le vocable « église »,
n’étant plus lié à une organisation humaine rigide, structurée redeviendrait celle du Christ et ne se composerait plus que de
membres à égalité devant Dieu qui se choisiraient librement un pasteur pour les
aider.
Dans la liturgie
catholique, les psaumes de David tiennent une place prépondérante parce qu’ils
portent cette notion d’un Dieu physiquement présent et agissant sur nos vies. David
n’a aucun des doutes du protestant. Il n’est qu’à se pencher dans les livres de
Samuel : Dieu est vivant puisqu’il lui parle.
-Aurais-je la victoire demain ?
-Ton ennemi est dans ta main.
Dans l’esprit de Calvin, le
psaume importait surtout dans la mesure où le croyant pouvait s’identifier à
David qui propose de tenir, comme d’un modèle de louange des dialogues
contractuels vivants avec Dieu. De plus, cela permettait d’affirmer à tous que
le "religion" réformée fut la digne continuatrice de l’église chrétienne primitive
rénovée.
La Réforme française, fille
de l’imprimerie semble, au départ s’inscrire dans un mouvement de recul de la
pensée car elle affirme la primauté de l’écriture, le protestant s’obligeant à
ne rien rajouter ni enlever à la bible or, ne serait-ce que le récit de la
Genèse de la création de l’Univers, le protestantisme interdirait le doute
scientifique.
Toutefois, hormis cet
aspect de « ni ajouter ni retrancher à la parole de Dieu », les
temples protestants français, dirigés par les anciens cooptés ou des élus
créent des petites républiques qui « gangrènent » le royaume de
France. Inacceptable pour le roi et la religion d’état.
La diffusion et la
vulgarisation de la bible françoise d’Olivétan (Neuchatel, 1535) réalisée à
partir des textes en hébreu et en grec, tout en corrigeant la Vulgate ainsi que le
psautier permettront de sortir la religion du carcan de la langue de l’Empire
romain, le latin, la langue du pouvoir pour la resituer dans celle du royaume
de France.
Dès 1562, la sortie de
plus de 50.000 exemplaires du psautier de Marot et de Bèze en français fut un
succès « mondial » tel que tous, jusqu’à la cour de France chantaient
les psaumes. Il se dit même qu’on les dansait au Pré au Clercs à Paris.
Dans les campagnes,
et jusqu’à l’instauration de l’école obligatoire, toute la France parlait
patois, chaque région possédant son « idiome». En 1702 et la guerre
dite des Camisards, les seuls à
manier parfaitement le françois furent ces protestants révoltés et il n’est
qu’à consulter les archives et noter l’indigence des écrits des gradés
militaires, des curés et des responsables de l’Etat pour se rendre compte que
la langue françoise peinait à supplanter tous les parlers locaux.
C’est pourquoi, il est
indéniable d’affirmer que le recueil de poèmes de Marot et de Bèze, le seul que
possédaient les Réformés de France et de nombreuses familles catholiques, ainsi
que la bible, cachés pendant plus d’un siècle stabilisèrent l’écriture et le
parler françois dans toutes les couches dirigeantes et populaires du royaume. Ils firent aussi souffler un véritable vent d’espoir
pour la liberté de conscience et furent d’excellents « maître » d’école
et une encyclopédie qui traitait de religion, de poésie, de musique, d’amour, de
haine, d’amitié, de paix, de guerre, de gestion de l’Etat, des droits et
devoirs des juges, des princes et du roi, de la primauté, non de l’Eglise mais
de Dieu sur les hommes. Avec l’égalité et la justice sociale, les psaumes de la
réforme, à la suite de l’évangile, appuyèrent fortement sur la séparation du
temporel et du spirituel : maintenant, l’obéissance du croyant à Dieu différait
de celle que le sujet devait à son roi et à l’église officielle.
Ici, je rappelle que, dès
1562, les petits pâtres du Languedoc, du Poitou, de Normandie ou d’Auvergne qui
n’avaient jamais fréquenté l’école, s’ils parlaient journellement leur patois
maternel lisaient la bible, écoutaient les sermons et chantaient les psaumes en
françois qu’ils avaient appris dans la bible et les psaumes de Marot.
Or, dès l’interdiction du
culte réformé par la révocation de l’Edit de Nantes, « l’église sous la
croix » se structurait. Sans pasteurs pour la conduire, elle se réfugia dans
l’ancien Testament et le chant des 150 psaumes de Marot (leur correction par
Conrart terminée en 1683 n’aura pas eu le temps de parvenir dans les
campagnes).
Très rapidement des hommes
et des femmes entrèrent en transe, comme David ou Samuel et se mirent à
prophétiser. Problème il y avait pour le royaume de France car le Dieu de
l’ancien testament est Roi des armées, un dieu jaloux et vengeur qui justifiera
la guerre des camisards.
On était bien loin du Dieu
d’amour de l’Evangile.
Accélérateurs de
l’adoption, par tous de la langue françoise, immenses leviers pour la liberté
de culte, œuvre poétique et musicale, les psaumes de la Réforme se
doivent d’être préservé et redécouverts.
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