-Je veux, mon n’veu. Peut-être pas toi, mais tous
vérolés par le système !
-Même les députés de l’opposition qui sont muselés à
l’Assemblée ?
-Payés à rien foutre, oui et qui
profitent du système ! Bon, si
on veut ! Certains, parvenus à l’âge de la retraite, se justifieraient-ils ainsi
de l’inertie de toute une vie ? On voudrait entrer en populisme qu’on ne s’y
prendrait pas autrement.
Ce n'est pas Dieu possible ! Le soir, j’ennuyais mon Bébé d’amour en lui racontant ce papé plus âgé que moi qui, en A-G d’un dimanche au Cantou s’énervait sur le Conseil constitutionnel, ce
machin de vieux. Avec Giscard qui nous prend encore nos sous ! Avec la retraite qu'il se paye déjà, hein ? Encore un truc qui ne servirait à rien et personne pour lui répondre que ce
truc-là nous protégeait d’une dictature. Quant à mes amis :
-Gilou, qu’est-ce que tu peux bien branler avec cette bande d’abrutis s’inquiétaient
Rolando, Américo, René et Claude les premiers. Quant à Fanny, de mes déboires ? Elle les savourait, rigolant comme pour se moquer de moi. J'appréciais moyennement.
-Bébé, c’est la vie ! Un ventre vide ça ne réfléchit
pas . Quant à ta bande de gnous ? Fais-leur peur et ils
t’écrabouillent… Surtout, tiens-toi loin quand certains s'amuseront à foutre le feu à la savane.
Mon lion, on va rigoler !
Le
feu ? On va rigoler ?... J’en
doute fort.
On décide ensemble, argument actuel des têtes de gondole du
mouvement entendu à la télé depuis que les gilets commencent à se déchirer pour les
élections européennes. Sur mon rond-point, seule
l’organisation matérielle et les commissions importaient mais à savoir qui se
rendait à la manif de Montpellier les samedis ou s’il y avait de la place
disponible, moi jamais savoir.
Pour
être honnête, je reconnais que, pacifiste je sentais le souffre et qu’on
m’évitait. J’en faisais de même avec les bénis
et, me sentant inutile et ayant besoin d’action, je prenais un malin plaisir
à signaler les contrôles de vitesse, par exemple. Lorsqu’un barrage de gendarmerie se positionna un samedi vers
18h30 près de notre cabane, j’avertissais par deux fois le major que je ferai
aussi de la prévention en le signalant en amont dans le rond-point pour
permettre aux automobilistes, ainsi prévenus d’éviter leur contrôle. Gentiment, et
par deux fois il me donna sa bénédiction. Ça, c'est du vécu, qu'on se le dise.
Curieusement
cela ne gêna que le béni Number One qui m’aimait comme ci, comme ça et qui, revenant de manifester à Nîmes, furieux exigea que je cesse immédiatement
mes conneries pour ne pas nous mettre les gendarmes à dos. De quoi je me mêle ?
-Demande à la cabane. J’ai l’autorisation du
major. Va leur demander. A lui aussi. Toi, tu va casser du flic à Nîmes ou Montpellier, je ne
te l’interdis pas. Donc je continue. Le
lendemain, aux Cévennes, mon bistrot
on me remercia chaudement.
De la libre expression. Sur notre rond-point, je blaguais en échangeant peu, jamais en groupe, me méfiant car personne ne faisait son coming-out syndical ou politique. Non, on ne
devait pas faire état de ses orientations. Par souci d’égalité et de
cohésion. Bof !
Pour
être égal, libre et solidaire encore conviendrait-il de commencer par vivre dans un
groupe social structuré, n’est-ce pas ? Pour être libre, faut au moins être deux qui prennent plaisir à vivre ensemble. Mais, va l’expliquer !
Egaux, soit mais sans les différences qui nous rendent
citoyens singuliers valables, il y a problème. Le rond-point les gomme et, comme il n’est pas de bon de ton de poser des questions vu
que personne ne sait y répondre et se méfie, la communication se pervertit, les relations
s’établissant par effet miroir : qui se ressemble s’assemble. Egaux dans l'uniforme. Des Gilet jaunes. Dieu nous
préserve de cette démocratie !
Au rond-point, tout est du domaine de l’affect, d’un consensus ambiant mou, indéfinissable car personne
ne se découvre ni ne se livre à l’autre. En
jouant dans la même cour que les réseaux sociaux en ligne, l’écho répond à
l’écho. Le like ne considère le différent
que pour le chasser. Si le Net a du bon en occupant son monde, il est nuisible en évacuant le débat et le conflit nécessaires à affirmer nos personnalités diverses utiles au groupe. Mais, comme le groupe n'existe pas alors tout s'exprime parfaitement dans le non-dit, l'impression et donc dans le ressentiment paranoïaque.
Mais,
des réseaux sociaux ? Pour organiser un anniversaire ou planter le boxon,
je ne dis pas… Pour structurer une société humaine, tu repasseras.
Une manipulation ? Ici, sur le rond-point, grâce à Internet on se veut
perspicaces mais, gavés d’informations souvent incontrôlées et, ne réagissant
qu’à l’instant T, nos réactions instinctives ne permettent pas au mouvement de
se structurer en bonne petite république et, par la rumeur informatique nous
nous manipulons nous-mêmes. Mais passons !
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