Paris Libéré ! Le 17
novembre 2018, le ciel de France s’éclaircit : Paris outragé, Paris brisé,
Paris martyrisé mais Paris libéré ! Le peuple se réveillait pour un
nouveau siècle des Lumières. Las, ce dimanche 6 janvier 2019, après l’A-G de 18 heures les Gilets Jaunes pédalaient
encore et toujours dans la choucroute n’organisant que des Commissions dans un
mouvement en forme de méduse sans squelette. Parti du niveau zéro des sociétés,
rien n’avait bougé, pas même un début de solidarité, que de la convivialité et
comme acquit que ce plaisir de se retrouver autour du brasero.
Premier contact. Rapidement, je déplorais notre inaction. Réponse,
cinglante :
-Moi, je suis dans le mouvement depuis le
début. Et toi, tu étais où ?
-Si ça commence comme ça, c’est bien
parti ! Moi, j’étais là où lui
et ses camarades, durant plus 40 ans ont laissé les choses pourrir pendant
que je prenais des risques pour cette bande jaune en franchissements risqués.
Rapidement,
notre cabane du rond-point se structurait matériellement avec un tableau
d’affichage, une boîte aux lettres, une pour les suggestions. On nous offrait
des denrées, boissons et autres douceurs.
Un mouvement de tous les contrôles. Dès le 19 novembre, j’endossais le gilet Jaune en apportant
boissons et plaquettes de chocolat. Du bon. 17,50 euro de ma poche. Faut ce
qu’il faut ! Le lendemain, me
servant d’un peu de mon jus de fruit, une des bénie me fit remarquer que c’était gratuit. Je n’en fis pas cas :
-C’est pas cher, hein ?
-Non, pas cher ces jus de fruits. Pas
cher, puisque sortis de ma poche !
-Excusez, je ne savais pas.
Qu’on
se le dise : devenir gilet jaune consiste à ne pas déranger, à plaire et à
s’abandonner en jaune pour se retrouver sur un rond-point occupé par de petits
fonctionnaires, motards, commerçants, entrepreneurs, chômeurs, Rmistes, plein
de femmes, peu de jeunes et beaucoup de retraités dont des ex-syndicalistes et politiques mais
nul ne le revendiquait. Sauf moi.
Du grand n’importe quoi ! Depuis le début on ne cessait de se conforter :
80% de français nous soutenaient or il semblait évident qu’ils ne partageaient
avec nous que ce sentiment d’être des laissés-pour-compte et qu’en cas de coup
dur, peu nous suivraient. On enflait comme la grenouille et, à un visiteur, François qui
se plaignait de la gêne que nous occasionnions, on savait argumenter gentiment :
-C’est Macron le seul responsable des
blocages routiers. Adresse-toi à lui…
Et, toc. Prends-toi ça
dans les dents. Mais, le fâcheux continuait, outré :
-Et les 10 morts sur les Ronds-points,
c’est Macron aussi ?
Et
notre béni n° 1 du rond-point, pour clore le débat, amicalement :
-Oui. Et puis, tu devrais être
content : on se bat pour toi.
François, surexcité de tant de mauvaise foi, furieux :
-Connard. Je ne t’ai pas attendu pour me
battre. E, si tu bloques la circulation, tu dois assurer la sécurité de tous,
connard !
Prenant
le parti du fâcheux, le béni number One, en toute fraternité :
-Toi, tu es non-violent. Tu n’as pas de
couilles ! Viens nous les montrer samedi. Pas de couilles, même pas
une ? Faut voir ! Et pour ce que cela servirait…
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