dimanche 16 février 2014

Juteux, chef ? Non, chef ! - 2


Résumé du 1er épisode : Le grand-père de Leïla, la narratrice a découvert un cocktail Molotov rudimentaire près de l’école et de sa voiture, la belle Citroën C3.  Il prévient la gendarmerie.  On lui répond bien poliment : -J’ma fous !
Trop laconiques parce que trop prudents ?… Si nous allions voir l'ami Pandore ? Que pensez-vous qu'il fit ?

Poster de Takashi - Illustrateur japonais
Le gendarme perspicace, un adjudant-chef (Ndlr : il pouvait être Major, ma Leïla), pensez-donc, sorti tout droit d’une série télévisée, prit mon grand-père par la main et commença à la lui frotter longuement, et par dessus, et par dessous, et encore dessus, puis dessous, et entre les doigts… et que je te change de main, et que je te recommence avec le coton, et que je te le place dans un bocal en verre.

Pour finir, le gendarme ferma le couvercle et inscrivit dessus un nom : Mohammed ABDICHE*, disant que ce dernier aurait de ses nouvelles. 
Mon grand-père avait 66 ans à l’époque. Pendant longtemps, il a eu peur que ce gendarme perspicace ne glisse sa goutte d'essence dans le bocal et ne le fasse stagiaire des prisons.
*Ndlr : ici, nous sommes tenus, de par la loi, de citer le nom exact noté sur cette pièce de procédure. Que Leïla nous pardonne. 
Le suivi de l’affaire ? Bien que fin « psychologue », le malin perspicace n’aura attrapé personne. Pourtant, qu’il était  finaud, ce brave policier « psycho », fonctionnaire-chef apprécié de ses chef  puisque devenu chef à son tour. Pas vrai, Chef ?
*Ndlr: Les guillemets ont été mis par Leïla. Gilou n’y aurait pas pensé.

Que voulez-vous savoir encore ? Ah, oui ! Un jour, grand-père sa fit voler sa belle Citroën bleue et préféra déposer une main-courante dans un commissariat d’un département voisin.
Figurez-vous… 
Non ! Vous n’allez pas me croire, mais, la main-courante* était revenue dans la brigade de gendarmerie du patelin de mon grand-père qui fut convoqué.
-Suivez-moi, Monsieur François…
C’était le même adjudant (chef, pardon chef !), la perspicacité même, avec son petit « labo » inutile et, pour cette fois, usant seulement d’un relevé d’empreintes digitales, une insulte pour grand-père !
*Ndlr: Mot remplacé par Gilou. La main-courante prend une autre appellation en Tu..ni...sie.

L’adjudant-chef-chef avait subodoré, en chef, (comme dit en toute gendarmerie) que Pépère-François aurait pu confectionner le cocktail Molotov pour nuire à quelqu’un. Alors, aurait-il organisé le vol de sa propre voiture ?… Plausible. 
Et comme me dit mon pépé :
-Dieu a été bon pour moi. Ma belle Citroën a été retrouvée complètement calcinée. Dieu bénisse mes voleurs, ces fils de chiens. Sans cela, l’autre intellectuel n’y aurait trouvé que mes empreintes. Pauvre Leïla, tu m’aurais apporté des oranges en prison, hein, ma Leïla?*
*Ndlr: curieuse expression car il est interdit d’amener des oranges aux détenus.

Depuis ce jour de tous les dangers occasionnés, non par le cocktail Molotov, mais par l’adjudant (chef, oui chef !) qui avait pris de la bouteille, mais sans galons, grand-père eut peur de la maréchaussée.
Et moi, Leïla, je me dis :
-Avoir peur de la police qui devrait défendre et respecter mon grand-père… quelle misère !
Et, lui, grand-papa me disait, rendu sage par la vie :
-Je ne toucherai plus jamais à la bouteille, ma fillotte…
              
                                          Signé: Leïla*. 

*Ndlr: Leila est son nom véritable. L’ayant jointe par son enseignante, Leïla lui aurait répondu :
-J’ma fous ! lorsqu’il s’est agit de respecter son anonymat.
                                   ______________

Réponse de Ménie. Nous avons tous aimé ton texte, Leïla. Vraiment. Gilou en est jaloux, et ce n’est pas peu dire. Jaloux d’abord parce tu l’as devancé. 
Ton écrit raconte la même situation qu’il aurait vécu, il n’y a pas si longtemps… 
Oui, oui, en France. Au Vigan même. 
Le même adjudant ? Ou son frère ? Non, pas adjudant. Non : il n'était qu'adjudant-chef. Oui, chef ! Oui, et il a même un nom ! Etonnant, n'est-ce pas?
Après une telle histoire, on s’étonnera si le civisme se carapate.
Quand à René, il va te concocter une de ses illuminations en cocktail Molotov qui va péter des flammes, spécialement pour toi, Leïla. Merci du fond du cœur. Et, à vos plumes.

Ma Leïla, surtout que grand-père François fasse bien attention aux pleins d’essence de sa future Citroën de luxe, et qu’il utilise des gants, je t’en conjure, rapport au Chef zarbi*. Ou bien, qu’il achète un véhicule diésel. Pourquoi ? Devine, ma chère… Et gare au chef.
Mais, non, c’était pour plaisanter. Et je vous embrasse toutes deux, toi et ta prof. A vous relire, 
                                                           Ménie.
*Zarbi, un mot qui fait très de là-bas, dis mon frère. Eh bien non. C’est du verlan français signifiant bizarre.

Juteux, adjudant ne sachant faire que du jus. Expression, certes triviale, mais exprimant une certaine reconnaissance des capacités de ces piliers de compagnie. En toute amitié virile. D'où est issue l'expression :
-Mais, à part le manche*, il branle quoi, le chef ?
*Branler dans le sens de s'activer le corps. A faire son jus. 

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