samedi 15 février 2014

Juteux*, chef ? Oui, chef ! - 1


15ème journée internationale contre la brutalité policière
Montréal - Affiche appel pour manif du 15 mars 2011

«Chère Ménie. Tout d’abord, que la paix et la bonne année soit pour toi, ta famille et tes amis. Comme promis, je t’envoie ce texte composé par une de mes élèves. Espérons qu’il te plaira. 

Chère Fa..ri..da, votre beau pays ne passe pas encore pour le pays de Candy bien qu’un frisson de liberté et de démocratie se soit fait sentir avec la toute nouvelle Constitution. Nous avons donc pris quelques mesures pour éviter tout repérage.
*(Le sous-off. serait-il major? Nous ne savons... Possible).
-Délocalisons sur le Vigan… Qu’en penses-tu, Ménie? 

-Pourquoi pas, René, et signons de votre bonne main, mon bon René !
-Non, mais ça va pas, René. Ménie a raison. La brigade du Vigan n’apprécierait pas, mon garçon! (Gilou, pas très chaud, préférait, quitte à délocaliser, l’Italie. Pourquoi ? Parce qu’un de ses beaux-frères, Carabinier taquin, lui aurait dit que les français ont de belles voix de vieilles tantes baryton).

-Et pourquoi pas en Espagne, Ménie ? L’histoire y serait plausible ? Un cocktail Molotov, l’ETA… Non ?
-Surtout pas l’Espagne et la Suisse. Avec l’espace Schengen et le croisement des dossiers, impossible.
-Et si nous pensions aux allemands. D’un petit land… ou la Bavière et ses méridionaux qui aiment la plaisanterie. Chez-eux, tu sais que plus elle est grosse, plus ils prisent.
-Non, non René, ni eux, ni les anglais !
Et je me désolais car ce texte valait le détour. Enfin, pour faire court, je dis à mes hommes :
-Mais, il faut ab-so-lu-ment le lancer sur le blog. J’ai promis à ma petite prof tu…ni…sienne !

Nous avons donc pris toutes précautions d’usage en rapatriant, (une habitude !) sur la France, pays socialiste des libertés policières résiduelles, le Vigan étant exclu (à la demande expresse de Gilou). Et puis, pour ne pas égratigner un honneur mal placé finissant rancune tenace, l’action prendra place… allez, tiens : en Mai 1968 et, ainsi, le gendarme indigène* en cause ne pourra se sentir visé. Quand bien même il le devrait. Voici le texte de Leïla, 16 ans :
*Les gendarmes sont encore restés des indigènes qui s’ignorent en leurs pays. Dieu, merci !

     Le père de mon père, et donc mon propre grand-père, François, avait économisé toute sa vie, pour se payer la luxueuse Citroën C3. Bleu de France. Un matin, sortant tout pimpant de chez-lui, papy remarqua une bouteille incendiaire posée près de sa roue avant gauche. Il se dit, tout haut :
-Mais, petite bouteille, que fais-tu près de ma gazelle de rêve ?
Grand-père téléphona à la Gendarmerie qui répondit, comme à son habitude :
-J’ma fous ! ainsi qu’aurait pu le dire Fatima, la maman bien-aimée de Gilou. 
Ndlr: Les Citroën, en ces pays, sont toutes de couleur bleu de France. En fait, ce sont toutes des Peugeot aux couleurs de la France. Voyez comme, prudents, nous nous avançons masqués.

     -Je m'en fous ! avait dit le Gendarme autochtone. Qu’à cela ne tienne. Grand-Pa, fanatique de la série « Les Experts » prit une pince multiprises (-1) et deux sacs, l’un en papier dans lequel, grâce à ladite pince bécro il déposa la bouteille incendiaire puis mit ce premier sac et la pince dans un autre en plastique, et se rendit à la gendarmerie :
-Vous n’auriez pas dû déplacer la bouteille. Vous avez pensé à la photographier près de la roue ?…

 (-1) Oui, je sais... une pince multiprises. Le pluriel singulier est de la rédaction. Choquant ? Non. Logique.
     Fan donc des Experts et des chichourles*, grand-père se frappa le front et se dit: « Mais, bon sang, c’est bien vrai ! ». Mais, pourquoi l'avoir apportée, cette bouteille ? Quelle gaffe !
-Mais, parce que votre planton m’a dit au téléphone « J’ma fous » et que l’engin à mèche, qui empeste l’essence se trouvait près de l’école. Et de ma voiture. Non, mais…
-Suivez-moi. Oui, avec le sac. Vous avez touché à la bouteille ? Non ? Vous êtes sûr ? Si vous le dites !
*Fan des chichourles, certainement une expression idiomatique locale de là-bas.

     Grand-pa suivit le sous-officier (supérieur-chef) dans une petite pièce appelée « le labo ». Le gendarme enfila des gants en latex, puis le gendarme se saisit d’un morceau de coton hydrophile avec une longue pince. Ensuite, le gendarme demanda la main de grand-papa qui, interloqué, cherchait à comprendre ce que pouvait bien signifier cette demande impromptue. Un mariage en vue ?
-Mais, qu’est-ce que vous faites ?…
-Rien. Juste vérifier que vous ne vous moquez pas de la Justice. Parce que si cette plaisanterie est votre œuvre, vous risquez la prison, Monsieur François. 

Ndlr : Non, François, est un alias. Par contre, Leïla est le vrai nom de baptême (si j’ose dire) de la petite. 

A suivre dans « Juteux, chef ? Non, chef ! - 2. », le 2ème épisode.

Qu'on se le dise, messieurs les traducteurs : Juteux signifie adjudant (sous-officier français). Pourquoi sous-officier ?... A l'armée, on dit qu'il vaut mieux être un grand parmi les petits qu'un petit lieutenant aspirant parmi les officiers, les grands. Ben, oui. On se console comme on peut.

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