Extrait de " TABARNAK ! " N°1 -Fanzine satirique québécois - juillet 2013 |
Reçu au courrier de Ménie, une lettre que je ne laisserai pas sans réponse. A savourer, en la lisant avec l'accent canadien, s'il vous plaît. Je signale qu'Américo, Rolando et Pierrot penchent pour une plaisanterie de Youssef, l'animal en serait bien capable. René, lui connaissant parfaitement la Belle Province est convaincu, par les expressions employées qu'il ne s'agit pas d'une galéjade de Youssef. Donc je passe cet écrit sur le blog. Ménie le Montant.
"Chère
Ménie. Je ne viens pas ici me plaindre, surtout que je suis tombé en
amour comme on dit au pays. Toutefois, ayant longtemps
vécu jeune homme plus que tard, jokant bad boys avec les chums, nous paquetant tous les samedis comme des coings, on s'est mis à parler comme des pieds. On a fait sa jeunesse, souvent en manque de peau, crousant pour le fun plein de pitounes, tant nous avions appétit à toujours vouloir notre biscuit* ; et voila pourquoi j’ai perdu l’habitude des tendresses et
de leurs dires.
*faisant des bêtises de mauvais garçons avec les copains (les chums), nous soulant et parlant mal, comme des pieds. On a fait sa jeunesse en manque de nanas, à courtiser les belles pour s'amuser, et toujours à vouloir des relations, comment dire...
"Ma vieille mère, désespérant de se voir grand-mère m'a inscrit sans me le dire sur un site canadien bien propret, « Mon pays-rencontre.com » et s'est mise à surfer, comme si c'était moi qui se chercherait une femme. Belle aussi, maman ?
- Gentille et travailleuse, c'est mieux pour toi. Et organisée.
Mince, la mère, comme elle y va ! Donc, sur le site, on y trouve des intellectuelles russes et ukrainiennes et des citadines, les polonaises qui rêvent toutes de l'hiver canadien. Mais, pas que des belles : il est même des françaises, les meilleures paysannes du monde, d'après la mère.
"Et, pendant quelques temps, elle me suivait partout avec la caméra. C'était à pas avoir d'idée d'artiste. Ici, une photo aux champs, moi sur mon tracteur, encore moi à l'écurie avec la jument Roussine (que j'appelle Pomponnette quand elle me fait sa picouille), toujours moi endimanché à la sortie de la messe. Je lui disais, et ça la faisait rire, et la rajeunissait :
- C'est pour le concours du plus beau bébé des Dix Provinces ? Pas un peu tard ?
- Non, c'est pour la Belle, mon fils, que pour la Belle Province !
*faisant des bêtises de mauvais garçons avec les copains (les chums), nous soulant et parlant mal, comme des pieds. On a fait sa jeunesse en manque de nanas, à courtiser les belles pour s'amuser, et toujours à vouloir des relations, comment dire...
"Ma vieille mère, désespérant de se voir grand-mère m'a inscrit sans me le dire sur un site canadien bien propret, « Mon pays-rencontre.com » et s'est mise à surfer, comme si c'était moi qui se chercherait une femme. Belle aussi, maman ?
- Gentille et travailleuse, c'est mieux pour toi. Et organisée.
Mince, la mère, comme elle y va ! Donc, sur le site, on y trouve des intellectuelles russes et ukrainiennes et des citadines, les polonaises qui rêvent toutes de l'hiver canadien. Mais, pas que des belles : il est même des françaises, les meilleures paysannes du monde, d'après la mère.
"Et, pendant quelques temps, elle me suivait partout avec la caméra. C'était à pas avoir d'idée d'artiste. Ici, une photo aux champs, moi sur mon tracteur, encore moi à l'écurie avec la jument Roussine (que j'appelle Pomponnette quand elle me fait sa picouille), toujours moi endimanché à la sortie de la messe. Je lui disais, et ça la faisait rire, et la rajeunissait :
- C'est pour le concours du plus beau bébé des Dix Provinces ? Pas un peu tard ?
- Non, c'est pour la Belle, mon fils, que pour la Belle Province !
"Attention, moi,
quand j'ai su cette affaire-là, que la mère voulait m'inscrire sur un site de rencontres paysannes, Internet et le reste, je lui ai dit :
- Ça a pas de bon sens. Que de la marde de caribou, (de la merde de caribou).
Alors, ma mère s’est mise à surfer de plus belle à ma place, sans rien dire et se faisant passer pour moi, et des jours, et des nuits. Incroyable ? Mais vrai !
- Hé, les chums, Paulette veux que j'aille me trouver une femme. Où tu veux que je la trouve la mère, on est à la campagne, non, je dis ? Elle : "comme le monde, sur un site de rencontres." Je dis : et pourquoi pas une bien grosse au foirail ?
Elle a rigolé. Et j'en étais resté là. Pas elle.
"Je consacrais toujours le dimanche soir à Paulette, ma mère, à chanter. On aime, ça rappelle le temps d'avant, avec papa. Un soir que l'on mangeait, elle me tendit quelques feuilles par dessus la soupière en me disant de bien regarder les profils de jeunes femmes qu’elle avait sortis sur imprimante.
Alors, ma mère s’est mise à surfer de plus belle à ma place, sans rien dire et se faisant passer pour moi, et des jours, et des nuits. Incroyable ? Mais vrai !
- Hé, les chums, Paulette veux que j'aille me trouver une femme. Où tu veux que je la trouve la mère, on est à la campagne, non, je dis ? Elle : "comme le monde, sur un site de rencontres." Je dis : et pourquoi pas une bien grosse au foirail ?
Elle a rigolé. Et j'en étais resté là. Pas elle.
"Je consacrais toujours le dimanche soir à Paulette, ma mère, à chanter. On aime, ça rappelle le temps d'avant, avec papa. Un soir que l'on mangeait, elle me tendit quelques feuilles par dessus la soupière en me disant de bien regarder les profils de jeunes femmes qu’elle avait sortis sur imprimante.
- Tiens regarde cette fille-là. Moi elle m'plaît bien. Tu n'as pas un kick* sur celle-ci, (un coup de cœur) ?
"- Oui, maman,
elle n'est pas mal de sa personne, mais c’est à moi qu’elle doit plaire. Tiens, j’aime mieux celle-là, celle qui est bumpée en Cadillac. J'imagine bien sa brassière avec un bon litre de lait pour des jumeaux !
- Incline pour qui tu veux, cante bien mais ne me parles pas comme tu marches. Pour les voisins et la religion, c'est le mariage, et puis, faut aussi que ça s'emboîte, que ça fitte juste pour faire des bouts d'chou.
"La mère avait-elle raison de me tarabuster ? Sans doute, et ça l'amusait.
- Remontre-voir ça un peu, tu
veux ? Non ! Montre-voir que la première !
Je regardais le portrait de la fille qu’elle me
tendait. Pour joker la mère, je lui dis :
- Elle est brune.
Que tu veux que j’en fasse ? Moi, c’est ma blonde que je veux !
La mère l’a
mal pris. J’ai cru que j'allais recevoir cinq p'tits frères en fond de culottes, une fessée comme disent les cousins français.
"- Ce que tu
vas en faire, mon fils ? Ce qu’on fait avec une femme qu’on prend. Après, c'est mieux que tu l’épouses avant, je préfère pour les voisins, que rester accôtés. Et tu me fais mes bouts d'chou, et même une trâlée de flos, (une flopée de gosses).
- Mais, maman... je ne veux pas me marier.
"- D'accord pour aujourd'hui. Je te donne un bon mois à bien joker avec les chums. Après, tu me trouves une femme, tu la chéris et tu la mets sur le tracteur, même la brune qui me plaît à moi aussi que ça serait ta blonde. Et tu te débrouilles que ça fitte bien. Mais, pas de feignante à la ferme ! Compris ? Et sur le tracteur !
Arrête de tataouiner et ramasse les cossins qui traînent dans ta chambre si tu veux que ta blonde vienne vivre chez nous.
*Tataouiner = arrêter de tourner en rond, se décider.
- Mais, maman... je ne veux pas me marier.
"- D'accord pour aujourd'hui. Je te donne un bon mois à bien joker avec les chums. Après, tu me trouves une femme, tu la chéris et tu la mets sur le tracteur, même la brune qui me plaît à moi aussi que ça serait ta blonde. Et tu te débrouilles que ça fitte bien. Mais, pas de feignante à la ferme ! Compris ? Et sur le tracteur !
Arrête de tataouiner et ramasse les cossins qui traînent dans ta chambre si tu veux que ta blonde vienne vivre chez nous.
*Tataouiner = arrêter de tourner en rond, se décider.
Si vous voulez bien suivre la mère ?
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