"Avec ma blonde, tant qu'à nous balader dans les prés, à caresser le cul des vaches, à leur flatter l’encolure, tout enchante. Et même qu'on adore ça, et qu'elle m'aime et que moi aussi je l'aime et qu'on s'aime dans le fenil pendant que je pense à Margot et à ses sœurs qui restent encore à traire, et même que ça nous fait rire cette pensée, et même qu'on ne sait pas pourquoi, mais tant d'amour, Ménie, c't'écoeurant !
"Et ma belle toujours à vouloir m'accompagner sur le tracteur, m'empêchant de travailler, comme ça, en amoureuse et pour son plaisir et le mien.
Alors, je la promène lentement, tout en douceur et
tendresse, en faisant rouler le tracteur des heures, à me rendre tout niaiseux et à ne plus compter le temps qui passe, nez en l'air. Mais toujours à éviter les copains rigolards.
D'autres fois, j'attelle Roussine à sa carriole, à la fraîche ou le dimanche pour la messe, accompagnés de Paulette, la mère.
D'autres fois, j'attelle Roussine à sa carriole, à la fraîche ou le dimanche pour la messe, accompagnés de Paulette, la mère.
"Mon doux souci, pour moi, c’est le lit et, comme tous les amoureux, nous nous dépêchons de sortir et rentrer matin et soir nos vaches, et hop, à m’occuper des petites affaires de ma blonde, et elle des miennes bien plus petites, par la même occasion que nous en oublions parfois de manger et, que bien trop souvent, le dimanche soir, la mère soupe et fredonne seule les vieilles tounes du bonheur dans sa cuisine, c’est dire notre empressement à ces choses si particulières de la vie, si bonnes pour la ligne, à ce qu’affirme Hubert, le cousin bordelais, et pourquoi s'gêner, je vous le demande, Ménie ?
Tiens, faudra que je me rappelle d'aller lâcher un call au cousin.
" Pour parler de mes potes, autre de mes soucis, que j'évite pour de louables raisons, à chaque fois qu'ils me croisent avec ma belle ils me balancent, comme à l'encouragement du chasseur cette très ancienne antienne :
- Cousin, toujours deux coups pour tirer la bécasse, l'un
après l’autre, et de la cousine... Dois-je continuer, Ménie ? Non, et je vous prie de croire qu’à la chasse et à se faire manger la graine puis boire du chocolo après coup pour se requinquer, les potes en
connaissent un rayon. De grands amoureux, les copains à ce que je sais. Et d'excellents chasseurs.
Et, de plus, Ménie,
on s’efforce à rattraper le temps perdu avec ma brune, vu qu’il y a urgence à nos âge, que je vous dis pas, et rien que de très normal à s'aimer et à éviter la gang de pites. Et pourtant...
"Pourtant,
parce qu'il n'y a pas que les fleurs et le char dans la vie, et Roussine et la messe et les vaches, et le pitou, et les fins d'après-midi, et le tracteur, et l'amour dans le fenil à se piquer le cul, problème il y a. Et sérieux, croyez-m'en !
"Le problème, Ménie vient de ma blonde qui aimerait bien qu’on s'en retourne aux temps anciens : moins de pétrole, moins d’engrais, moins de consommation électrique, moins de lessive, de déodorants, de plastiques. Moins de tout ! C'est à pas avoir d'idée, c'tte affaire-là !
Pourquoi pas si on était très riches, quoiqu'on soit aisés. Lui faire plaisir, je veux bien sans nous ruiner, Paulette n'apprécierait pas !
"Pour retourner aux temps anciens avec moins de mécanisation, il faut plus de bras à la ferme. Ah, voyez vous-même. Les copains ? Faut pas y compter. Et moins de terres à exploiter, moins de bestiaux, tout cela fera moins d’argent dans le ménage.
Faut faire des choix que je dis à ma blonde.
- Mais, tu n’aimerais pas moins polluer, qu’elle me dit ?
- Tu m'niaises, ou quoi ? Tu me moques ? Mais, tu le sais que je suis déjà écolo, que je réponds. E-CO-LO !
- Mais, chéri, ne te choques pas, mais on n’a pas besoin de tant de machines, et de toutes ces terres pour être heureux.
"Moins de terre, moins d’herbe, moins de vaches, moins de veaux, moins de lait, moins d’argent. Et moins de bonheur... tout se tient, et ça passe juste pas.
- Oui, mais on peut essayer, non ?
- Chérie, on ne va pas s'obstiner... sauf que quand tu penses que beaucoup ont misère à ne pas pouvoir s'en sortir... et tu nous veux décroître tout seuls dans le patelin et s’appauvrir à plus remonter la pente, c'est ce que tu désires ?
D'accord, on peut décider de se ruiner et tout vendre et quitter la terre pour la ville. Oui, mais là, plus d'balades en tracteur, et pas moins de pollution quand on se retrouvera dans les bras de l'aide sociale! Oublie ça, t'veux ?
"La mère, à qui je m’en suis ouvert commence à regarder ma blonde comme un reproche qu’elle se ferait… non, plutôt comme on regarde les fous à qui on dit toujours oui pour ne pas les fâcher, mais qu’on n’en pense pas moins.
- C’est toi qui l’a voulue. Elle me plaisait bien, dommage... ton problème ? C'est ta fatigante.
- Non, M’mam, c’est ton problème, celui de ta ferme. Je fais quoi ?
-Commence à la mettre en balloune pour me donner des petits-fils. Et qu’ils te la tètent goulûment, à lui donner plein de plaisir pour qu'elle se calme, ta brune.
"J’ai causé à ma blonde de la trôlée de flos, elle veut bien. Mais pas avant que de vivre dans une ferme plus écolo.
Que dois-je faire, parce que moi, j'suis tanné, Ménie ?
En vous remerciant par avance, etc…
Constantin Boisd’œuvre.
"Le problème, Ménie vient de ma blonde qui aimerait bien qu’on s'en retourne aux temps anciens : moins de pétrole, moins d’engrais, moins de consommation électrique, moins de lessive, de déodorants, de plastiques. Moins de tout ! C'est à pas avoir d'idée, c'tte affaire-là !
Pourquoi pas si on était très riches, quoiqu'on soit aisés. Lui faire plaisir, je veux bien sans nous ruiner, Paulette n'apprécierait pas !
"Pour retourner aux temps anciens avec moins de mécanisation, il faut plus de bras à la ferme. Ah, voyez vous-même. Les copains ? Faut pas y compter. Et moins de terres à exploiter, moins de bestiaux, tout cela fera moins d’argent dans le ménage.
Faut faire des choix que je dis à ma blonde.
- Mais, tu n’aimerais pas moins polluer, qu’elle me dit ?
- Tu m'niaises, ou quoi ? Tu me moques ? Mais, tu le sais que je suis déjà écolo, que je réponds. E-CO-LO !
- Mais, chéri, ne te choques pas, mais on n’a pas besoin de tant de machines, et de toutes ces terres pour être heureux.
"Moins de terre, moins d’herbe, moins de vaches, moins de veaux, moins de lait, moins d’argent. Et moins de bonheur... tout se tient, et ça passe juste pas.
- Oui, mais on peut essayer, non ?
- Chérie, on ne va pas s'obstiner... sauf que quand tu penses que beaucoup ont misère à ne pas pouvoir s'en sortir... et tu nous veux décroître tout seuls dans le patelin et s’appauvrir à plus remonter la pente, c'est ce que tu désires ?
D'accord, on peut décider de se ruiner et tout vendre et quitter la terre pour la ville. Oui, mais là, plus d'balades en tracteur, et pas moins de pollution quand on se retrouvera dans les bras de l'aide sociale! Oublie ça, t'veux ?
"La mère, à qui je m’en suis ouvert commence à regarder ma blonde comme un reproche qu’elle se ferait… non, plutôt comme on regarde les fous à qui on dit toujours oui pour ne pas les fâcher, mais qu’on n’en pense pas moins.
- C’est toi qui l’a voulue. Elle me plaisait bien, dommage... ton problème ? C'est ta fatigante.
- Non, M’mam, c’est ton problème, celui de ta ferme. Je fais quoi ?
-Commence à la mettre en balloune pour me donner des petits-fils. Et qu’ils te la tètent goulûment, à lui donner plein de plaisir pour qu'elle se calme, ta brune.
"J’ai causé à ma blonde de la trôlée de flos, elle veut bien. Mais pas avant que de vivre dans une ferme plus écolo.
Que dois-je faire, parce que moi, j'suis tanné, Ménie ?
En vous remerciant par avance, etc…
Constantin Boisd’œuvre.
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