Claire, ma sœur kabyle s'en est allée lundi 30 janvier 2017 à 0h39, aimée et entourée jusqu'à la fin. Après avoir souffert longtemps, elle s'est éteinte
doucement comme une bougie. Aussitôt, tous nos amis, nos parents, nos enfants,
comme par magie l'ont rallumée dans leur cœur.
Ma joie fut de chanter, parfois à deux
voix nos cantiques des « Ailes de la foi », elle qui, s'étiolant de jour
en jour déplorait d'avoir perdu la beauté de sa voix.
Lorsqu’elle
se reposait entre deux hospitalisations, j’amenais ma toute petite
guitare électrique, celle que j’ai ensuite offerte à Yasmine et je l'accompagnais.
- Ne joue pas trop fort.
- Ne joue pas trop fort.
Nos chants ? Splendides sauf qu’ils s’appesantissent trop souvent sur la mort, la souffrance du Christ. Aussi, lorsque je tentais d’éviter un couplet trop mortifère, elle…
- Non,
Gilles. Tu as sauté un couplet. On va le chanter…
Au début, nous chantions en pleurant.
- Claire, veux-tu que j'arrête ?
- Surtout pas !
À l’hôpital, lorsqu’elle fut assommée par la
morphine, je chantais encore et encore persuadé qu'elle pourrait ainsi se retrouver toute jeunette à Yakouren, notre paradis perdu.
Elle n’aurait pas apprécié, mais alors là,
pas du tout que je parle en bien d'elle. Par contre, elle n’aurait pas manqué de remercier le personnel de l’hôpital
du Vigan et particulièrement l’infirmière Corine et l’aide soignante Danielle qui, dans la nuit l’ont lavée aussitôt pour effacer sa
souffrance puis habillée et pomponnée pour la rétablir plus qu’en son humanité,
en reine de toutes les bontés.
- C’est
vous qui avez choisi cette robe bleue ? Non ? C’est elle ? Nous vous
la ferons belle. Vous verrez.
Et nous avons apprécié. Je n'ai malheureusement retenu
que ces deux prénoms de toutes les soignantes. Je m'en excuse. Je rajouterai les
autres prénoms si on me les fait parvenir.
Une cérémonie funèbre funéraire se tiendra au temple réformé
du Vigan, à la chapelle évangélique ou à la salle Wesley ce mercredi 1er
de février et sans doute à 15 heures. Je n’y assisterai pas, non parce que je suis encore trop en colère
contre Dieu et les hommes mais qu'à trop chanter avec Claire-Lise, je déraille depuis.
De ma tristesse ? Je n'ai plus de larmes à verser car, depuis la Noël, seul, tous les soirs, en cherchant les cantiques les plus doux, je n'arrêtais pas de pleurer en demandant à Dieu qu'il fasse cesser le plus vite possible le calvaire de ma petite sœur.
Julie me représentera et chantera pour moi.
Gilles
***
Notre cantique préféré, le 518 des A.F. Musique J. Beer. Parole Marcelle Perrenoud.
O Toi qui donne la vie,
A tes pieds je veux m'asseoir,
Comme s'asseyait Marie
A l'heure douce du soir,
Comme s'asseyait Marie
A l'heure douce du soir.
Mon être entier te réclame;
Tout n'est que faiblesse en moi,
Viens te pencher sur mon âme,
Elle a tant besoin de toi,
Viens te pencher sur mon âme,
Elle a tant besoin de toi.
Maître, à tes pieds je m'incline,
Je t'appartiens sans retour,
Verse en moi ta paix divine,
Répands en moi ton amour,
Verse en moi ta paix divine,
Répands en moi ton amour.
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De Nadjia le 3 février.Je m'associe à toi dans la tristesse de la perte de Claire-Lise.
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De Nadjia le 3 février.Je m'associe à toi dans la tristesse de la perte de Claire-Lise.
J'aurais aimer lui chanter en kabyle en souvenir de son paradis de Yakouren pour
l'accompagner dans sa dernière demeure. Je suis intéressée par l'histoire
singulière des orphelins kabyles de la mission Rolland et leur "implantation"
dans cette terre du Vigan. Courage et espérances pour toi et tous ses proches.
Fraternellement.
Nadjia.
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De Fatiha D le 6 février.
Je
te présente mes sincères condoléances pour la perte de Claire Lise.
Qu'elle
repose en paix.
Je
te lis régulièrement, c'est ainsi que j'ai appris le décès de "ta
sœur kabyle".
Je
suis de Tizi ouzou, j'habitais à côté de la mission Rolland, à la lisière de la
ville dite Européenne , ma maison était située dans la zone dite
"indigène". J'ai fréquenté la mission Rolland jusqu'en 1978 date de leur départ d'Algérie, puis
c'est l’exil pour moi aussi.
Aujourd'hui,
je vis avec mon mari dans le midi. Orpheline, mon sort aurait pu être comme
le vôtre. La vie a décidé autrement pour moi.
En
te lisant, je "touche" la violence de la société coloniale pour
"ses indigènes" mais aussi la violence de la société patriarcale
Kabyle envers "ses femmes". Les méditerranéens dont les Kabyles
considèrent que leur honneur est entre les jambes des femmes.
J'ai
connu Guita et Alfred Rolland, leur fils Daniel qui offrait du travail aux
femmes Kabyles (tissage de tapis) pour subvenir à leur besoins, des femmes
souvent en rupture familiale.
C'est
peut être en souvenir de ce passé que je m’intéresse fraternellement aux
enfants de Kabylie élevés par la mission Rolland.
C'est
aussi parce que, toute petite j'ai entendu parler des enfants "adoptés"
par la mission.
Quelque
part, je vous connais , sans vous connaitre.
Cher
Gilles, je te souhaite une bonne journée.
Fatiha.
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