Chaque jour, accoutumés
à nous réunir de 16 à 18 heures à la
sortie du pont de Pont-d’Hérault (côté commune de Sumène) pour discuter,
blaguer, parloter, papoter en regardant passer voitures, camions et autocars,
saluant les chauffeurs de connaissance, disons, à disputer de rien et de tout, mais surtout dégustant ces
petits potins qui enrichissent
grandement la vie, sans médisance aucune, croyez moi...
-Que pensez-vous du Prince qui nous gouverne ?
-A part d’amuser la
galerie, il fait quoi ?… c’est l’Europe qui décide.
-Et nos otages. On a payé, pas payé ?
-On s’en fout, du
moment qu’ils sont revenus. Quand même, sont salauds de les avoir gardés 3 ans.
Si on faisait pareil avec les émigrés. Imagine, la France serait au ban des
Nations.
-Vous avez lu l’Epervier de Maheux ? Et Marcel, l’ami Marcel qui passait nous visiter ce jour,
et que tous appellent tonton nous raconte :
-Tu connais Jean Carrière ? Tu l’as vu ? Moi, oui. Ce que
je vais vous raconter est véridique. Du vécu.
-Tu pourrais me l’écrire
pour le blog ?Non ?... Ta femme ?
-Oh, elle préfère plutôt surtout lire, dit
Marcel.
Et Marcel qui raconte, et moi votre serviteur qui reprends
son histoire à ma façon. Hé, hé !
Donc, un jour, dans les années 1970, vers les une heure
de l'après-midi ou plus tard, nous mangions en famille, ma sœur, son mari, deux
autres beaux-frères, et mes parents. Etait-ce un dimanche ? En été ? Peu
importe, mais nous partagions un de ces repas de notre jeunesse où tu sais que tu ne
peux pas être plus heureux. Moi, je ne bois qu’un peu de vin. Ma sœur et son
mari, s’abstiennent d’alcool. Pour les deux autres, eh bien, ce sont des français moyens, contrairement à nous, quoi !
Tout ça pour vous dire que je sais de quoi je parle,
n’étant pas aviné. Mon histoire est de source sûre.
Voilà ! A un moment, on entend au loin des coups
d’avertisseur sonore sur un mode répétitif,
lancinant. Et personne n’y prête attention. On se dit : encore de jeunes
emmerdeurs à la gare. Cela faisait comme cela :
-Tu-tu-tu-tu-tuuuu !
Un silence, puis les cinq coups de klaxon reprenaient, re-silence, et
rebelote.
Mon beau-frère, Officier de la Royale (la Marine française)
tend l’oreille, s’ébroue brusquement :
-Dites donc. Mais,
c’est un appel de détresse. Faut-y aller. Allez, fissa. Je prends le 4X4.
-Comment tu sais cela ?
-Je n’ai pas
compris votre manœuvre. Voilà ce que cela signifie… C’est utile pour les
évitements de bateaux.
Nous voilà donc sortis de table, tous les quatre, courant au son.
Nous voilà donc sortis de table, tous les quatre, courant au son.
-C’est par ici ? Non ! Regarde, en bas, une voiture sur le toit !
Effectivement, une GS Citroën avait sauté le parapet et
plongé lentement, à ce qu’il semblait, d’environ deux mètres dans le pré, en contrebas
de la route. J’observe que le conducteur reste coincé, tête en bas, et que son
bras sort de la portière et bouge. De plus près, je remarque que la GS est une 16
soupapes, un petit bolide. A première vue la voiture est foutue, le pavillon
étant enfoncé. Mon beau-frère, l’officier, dirige les secours :
-Ca va, Monsieur ?
Rien de cassé ?
-Merci bien,
messieurs. Tout va très bien. Mais je n’arrive pas à détacher ma ceinture.
-Mince, alors ! Il a mis une voiture sur le dos, foutue, et
tout va bien. Il a de l’humour ce type, je me dis !
-Le contact est-il
coupé ? Oui ? Bien. Nous allons bercer de plus en plus fort la voiture pour la
remettre sur ses roues, d’accord ? Cramponnez-vous ! Et une, et deux, et trois…
A trois, la manœuvre commandée par mon beau-frère réussit,
la voiture se remet sur ses roues. Une fois stabilisée, nous ouvrons la portière
et aidons le conducteur qui n’arrivait toujours pas à se défaire de sa ceinture
de sécurité.
-Eh bien, dites
donc, messieurs, quelle histoire. A dormir debout. Je me présente : Jean
CARRIERE, écrivain.
-J’ai lu votre
livre, « L’Epervier Malheureux ». Beau livre, lui dit, pince sans rire, le
beau-frère.
-« … de Maheux »,
Monsieur. Quoique, maheux… une contraction de malheureux. Bravo, Monsieur !
Consternés, nous constations que le grand écrivain ne
tenait pas debout sur ses cannes. Etait-ce dû à l’accident, au choc émotionnel ?
Un des beaux-frères me dit, discrètement :
-Mais, il est fin
bourré, ce type. Comment peut-il conduire, ainsi ?
Faut savoir que le papa à l’Epervier était pété comme un
coin. Cela se voyait comme le nez sur la figure. Torché, quoi. Saoul comme un
polonais et un russe réunis. Les français aussi se soulent ? Ah, en êtes-vous
sûrs ? Si vous dites que les français comme des polonais, des russes et des américains réunis... Exact ? Ben, faut
faire bonne figure pour respecter le drapeau. Et le vignoble. N’est-il pas ?
L’écrivain, songeur devant sa voiture, devait se demander
comment, et par quel miracle, il avait pu parvenir jusques à nous sans
encombres avant le Pont-d’Hérault.
-Oui, Messieurs, quel apéro d’anthologie pour un repas républicain à Valleraugue. Et très officiel, avec plein de pastis tassés. Non, Messieurs. Pas de pastis pour moi. Que du Whisky. Merci bien ! Mais non, je ne suis pas resté pour le repas, et évidemment que Monsieur le maire m’avait déconseillé de prendre le volant mais, comme je lui disais, ma voiture se conduit toute seule lorsque je suis gris. Disons que j’ai légèrement dépassé la dose, mais on m’avait bien sanglé à mon siège, alors… et que vogue la galère. Les dégâts de la voiture ? Sans importance...
-Oui, Messieurs, quel apéro d’anthologie pour un repas républicain à Valleraugue. Et très officiel, avec plein de pastis tassés. Non, Messieurs. Pas de pastis pour moi. Que du Whisky. Merci bien ! Mais non, je ne suis pas resté pour le repas, et évidemment que Monsieur le maire m’avait déconseillé de prendre le volant mais, comme je lui disais, ma voiture se conduit toute seule lorsque je suis gris. Disons que j’ai légèrement dépassé la dose, mais on m’avait bien sanglé à mon siège, alors… et que vogue la galère. Les dégâts de la voiture ? Sans importance...
-Eh bien,
Messieurs, nous sommes vivant, constatez-le ! Sain et sauf, c’est ce qui compte,
et Dieu merci !
-Effectivement,
Monsieur Carrière. Et vous n’avez tué personne sur la route, ce qui est aimable
de votre part. Mais, dites moi, pourquoi avoir utilisé les 5 appels brefs, et
pas le SOS, plus simple ?
-Je ne savais plus
si c’était trois brèves, trois longues, trois brèves, ou l’inverse. Et comme
j’ai un canot automobile (il
prononçait Canote, à l’ancienne mode snob), comprenez !
-Monsieur Carrière,
moi non plus, je n’ai pas compris votre manœuvre. Suffisait de rester sur la
route !
Vous avais-je dit, qu’être Officier supérieur dans la Royale n’empêchait pas l’humour, non ? Ah, bon !
-Messieurs, si vous pouviez me porter à Aulas. Je vous en serai reconnaissant et vous défrayerai.
Vous avais-je dit, qu’être Officier supérieur dans la Royale n’empêchait pas l’humour, non ? Ah, bon !
-Messieurs, si vous pouviez me porter à Aulas. Je vous en serai reconnaissant et vous défrayerai.
Porter était bien le mot idoine. Continuons…
Jean Carrière devait rencontrer un l’élu local-national.
Arrivés à Aulas (à 13km), après avoir tourné dans le village, le Monsieur s’est rappelé que l’élu soignait, aux Trois-Ponts, son anglais par des cours particuliers avancés. Donc, on emporte notre paquet dépressif en direction d’Arre.
Arrivés à Aulas (à 13km), après avoir tourné dans le village, le Monsieur s’est rappelé que l’élu soignait, aux Trois-Ponts, son anglais par des cours particuliers avancés. Donc, on emporte notre paquet dépressif en direction d’Arre.
-Mais, cher ami, que
t’arrive-t-il ? (Toujours aussi laconique, Monsieur l’élu national-local). Nous expliquons à notre hôte le « que t’arrive-t-il » de son
copain Jean.
-Messieurs, entrez.
Vous prendrez bien un verre.
Et, pour remettre de ses émotions notre bon écrivain, mauvais
conducteur, mais chauffard quelque peu, le Député, en rigolant lui dit:
-Assied-toi, Jean.
Reste tranquille. Je vais te remettre.
Et, pour ce faire, il lui servit deux Whisky bien tassés, on-the-rocks.
Et, pour ce faire, il lui servit deux Whisky bien tassés, on-the-rocks.
Mais, le remède n’a pas semblé très efficace car notre
rescapé était toujours dans un état de choc et de grande détresse, tout blanc,
assis prostré sur le canapé.
-Gilles, il n’y a pas de moralité à cette histoire. Ah,
si. Le défraiement, je l’attends toujours. Tu me diras que Jean Carrière est
mort depuis. La preuve ? L’école laïque du Vigan porte son nom.
-Mauvaise pioche, Oncle
Marcel. Par exemple, la piscine du Vigan porte le nom d’une personne qui n’est
toujours pas décédée. Ah, tu vois qu’il ne faut pas généraliser !
Du Pont de Pont-d’Hérault (1/4 de commune,
côté Sumène), le 02/11 de l’An de Grâce
2013. Cette histoire est rigoureusement authentique. Marcel le jure sur
l’honneur. Et je crois tonton Marcel.
PS: Cinq appels signifieraient MD en morse. D'après mon beau-frère.
PS: Cinq appels signifieraient MD en morse. D'après mon beau-frère.
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