Je m’appelle Fernand, de mon vrai prénom et, sétois, je suis de la patrie de Brassens, Georges pour ces dames.
Ce que je vous amène ressemble à s’y méprendre au thème d’une chanson des années trente. Cette histoire, un habitant de la Butte Ronde, sise sur la Corniche de Sète, l'aura vécue, il y a peu.
Il fallait s'y attendre mais notre conteur nous refusera même son prénom. Nommons-le Léger, Voulez-vous ? Voici de quoi il s’agit.
Il était une fois, en la bonne ville de Sète, une toute petite rue tranquille qui, une fois l'histoire connue, deviendra la plus célèbre des rues de la ville, rue de la Butte Ronde.
Un frais matin que Léger descendait de sa butte vers le Lazaret, quelque chose le mit en arrêt. Tout en revenant sur ses pas, il remarqua qu'on avait malicieusement effacé le petit bas-ventre du B de la Butte pour en faire une Putte. Il s'en amusa cette fois-là.
Forcément !
Tout souriant de sa découverte, Léger (c’est lui qui le déclarera) haussa les épaules, tourna les talons à la blague, parce que sans nul doute, c'en était une, rentra chez-lui, fouilla dans son fourbi...
- Où peut-elle bien se nicher cette satanée bombe de peinture, bombe qu'il finit par dénicher puis, il découpa à vue de nez un croissant de lune descendante dans un carton qui, en le retournant en lune montante fit l'affaire, redescendit et, par la magie d'un simple cache et d’un léger bombage, refit de la Putte sa petite Butte.
Horreur, malheur ! Le lendemain, notre belle Butte s'était refaite Putte. C'était à n'y rien comprendre. Était-ce un message subliminal à l'attention d'une dame de sa rue ? Ou à son mari ? Ou une invite ?
Quoiqu'il en fut, Léger reprit la mesure de l'affaire, loua un élévateur, corrigea d’importance la Putte ronde pour en faire une gentille Butte et l'accrocha trois mètres plus haut.
Bien joué, Léger, mais pas tout à fait.
Oui, pas tout à fait car, si la Butte était restée toujours Ronde, sous elle un autre panneau à l'identique indiquait "ET DE LA MOTTE RONDE". La chose était cocasse, quoiqu'en l'affaire, les langues de la rue se délièrent tant et si bien que certains y virent une allusion vaguement olé-olé, sexuelle tout de même.
On arracha la plaque de détournement et on se satisfît du résultat. Ah, las ! Il fallut s'y attendre à voir les choses empirer. Imaginez, Ménie, que la Butte, en redescendant de trois mètres pour reprendre sa place accoutumée près du trottoir, là-bas, tout en bas de la butte, un autre écriteau, désespérant et plus explicite qui faisait, ma foi, l'affaire des rieurs, l'accompagnait :
RUE DE LA PUTTE RONDE
et de la motte blonde
De dépit, on laissa l'affaire en l'état et la rue avait bien changé de nom.
Un autre beau jour, on frappa à la porte des Léger, rue de la Putte, ex-rue de la Butte.
- Bonjour Monsieur. Je cherche à m'orienter, pourriez-vous m'aider ?
- Bien volontiers, si je puis vous être utile…
- Pouvez-vous m’indiquer l’adresse de la dame de la rue, s’il vous plaît.
Oublieux de la seule chose intéressante à Sète*, Léger :
- Pardon ? Mais… l’adresse de la dame ! Quelle dame, je vous prie ?
- Eh, bien, la petite dame de la rue !
Léger et sa gentille dame partirent d’un éclat de rire énormeeee ! Je dois dire que ce fut lui qui s’esclaffa en premier, ce qui stupéfia et autorisa sa dame à rire, elle aussi, à cette blague… Ouf ! On s'était fait peur !
* Toutes excuses à vous, gentes dames et beaux sieurs de Sète, un petit plaisir à l'occasion ne se refuse point !
Dédicace toute particulière à Yvette qui me signala, fort à propos, cette rue, un jour de janvier 2015.
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