jeudi 16 février 2017

L’ascenseur d’Yvette.

Hier, le 15 février fut l'anniversaire d'Yvette. Ses amis y furent conviés pour 18 heures.

- On invitera Anne-Marie. Ça me fera plaisir depuis que je ne l’ai pas vue. Avec Pascale et Américo, nous serons cinq.
- Bon. Anne-Marie, je m’en charge mais je ne l’inviterai qu’au dernier moment.
- Mais pourquoi ?
- Tu oublies qu’elle va sur ses 83 ans et que ton ascenseur est en panne depuis deux mois ?

Anne-Marie, en voyant Américo, déjà arrivé qui la saluait du balcon d’Yvette :

- Toujours le premier, Américo.
- Oui. Dis, pendant que Gilles garde sa voiture, je descends t’aider.
- Non, ça ira. Je pense que l’ascenseur est toujours en panne ? C’est triste pour Yvette.

Vous me diriez que nous ne sommes pas dans une barre d’immeubles dégradés en Seine-Saint-Denis mais au Vigan, dans un immeuble de standing géré par l’Agence de Monsieur Michel Pérez qui affiche sans rire :

Nous sommes spécialisés dans la gestion de biens et de syndics de copropriété.
Nous effectuons des appels de charges, la gestion des travaux ainsi que l'entretien général des immeubles ou des résidences.


Et ta sœur, Michel ! Si tu es bien syndic de copropriété, c’est pour te faire grassement payer, seulement les artisans rechignent à travailler dans les immeubles que tu es censé entretenir car, au Vigan, les bonnes langues, dont je m’honore d’appartenir te font une belle réputation de mauvais client ou de mauvais payeur, c’est au choix mais c’est de la même chose qu’il s’agit.
Quant à cette histoire d’ascenseur sordide, tu aurais pu t’en passer, Michel. Entre-nous, Michel, là tu as fait fort.

Michel, Michel ! Ô mon Michel ! Je te rappelle qu’Yvette est âgée, handicapée lourdement et ne peut se déplacer sans son déambulateur. Que lorsqu’elle veut aller faire ses courses, elle descend les escaliers à reculons, récupère celui qu’elle laisse en bas en permanence.
Pour le moment, personne n’a pensé à le lui voler, aussi nous en rendons grâce à Dieu de résider bien loin du 93. Imagine un hold-up fait avec le déambulateur d'Yvette. Mais, si, c'est possible !

- Ne le savais-tu pas qu’Yvette peinait tant ? Personne de la Chapelle Evangélique ne t’en a touché un mot ? Pas même à la présentation de Jésus au temple ? Mais, on pense à quoi, chez ton bon Dieu ? A rien, mais rien qu'à soi-même ?
Entre-nous, à quoi ça sert que tu ailles voir le bon Dieu si tu n’en as rien à faire de ses ouailles dans la peine ? Raconte-moi une belle histoire d'ascenseur, mon bon Michel Pérez, raconte toujours.
Je disais donc, un déambulateur au rez de chaussée et, pour monter chez elle, Yvette qui doit se faire aider, et quand tu sais que la rampe de maintien manque par endroits.

De tout cela, des réclamations des locataires, toi tu t’en moques. Je te parie que tu chicanes encore à 0TIS le règlement de la dernière panne bisannuelle de ce putain d’ascenseur. Et dire que, comme un abruti tu as repeins  les portes de cet engin du diable et refais le revêtement du rez-de-chaussée. Mais, Michel, à quoi penses-tu ? Mais, ça coûte de l’argent et faudra bien payer un jour. Et ne pas mettre six mois comme à ta mauvaise habitude.

Si vous cherchez un gérant de bien sur le Vigan, évitez impérativement Michel Pérez, et son agence sise sous le quai, un véritable  « baise-couillons ».
Oui. Couillons au pluriel vu qu’elle en baise beaucoup. Et en même temps. Par contre, si vous aimez... c'est vous qui voyez !

PS : Michel, si tu es fâché, ne t’en prends qu’à toi-même. Parce que moi, je suis serviable car, chaque fois qu'elle m'appelle, je vais aider Yvette dans ces putains d'escaliers, mais je fatigue.
Tu es payé pour qu'elle puisse descendre et monter chez elle. Avec l'ascenseur en panne ? J'ai conseillé à Yvette de ne plus payer ses charges et de me rétribuer à ta place.

Eh, oui. Pas normal que je pallie à ton incurie, mon salaud !

Pierrot me dit que Salaud serait de trop. Tant pis : s'il y est, qu'il y reste. 
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Dernière minute : ce jeudi après-midi, l'ascenseur reprend du service... Alléluia !

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