lundi 15 avril 2013

C’est beau Paris ! -7ème.


Oh, non, parfait Parfait!

Il était déjà midi, et le mari de sa mère d’Isabelle, et en l’occurrence son père, rentrait tous les jours à la même heure pour déjeuner, et au bout de quarante minutes, retournait à son travail qu’il n’aimait pas, en outre, et même par ailleurs. Il fallait faire vite.

Rien n’avait changé dans la maison, tout était resté à l’identique depuis une dizaine d’année, sauf le papier tue mouches, qui était toujours accroché au dessus de la table de style prolétaire, mais qu’ils changeaient régulièrement tous les ans (il y a toujours de grosses dépenses dans un foyer).

La journée d’Isabelle continuait et se terminait derrière un bouquin. Elle avait les yeux et la tête plongés dans une histoire sur la vie d’une jeune danseuse de ballets russes, de Serge de DIAGHILEV (Mille huit cent soixante douze à mille neuf cent vingt neuf) qui s’exhibait dans des spectacles représentés dans le monde entier. Le dernier, pour la jeune danseuse, fut à Bali, une petite île d’Indonésie, près de Java, dans l’Océan Indien, endroit dont elle était tombée amoureuse et où elle décida de rester pour y vivre jusqu’à la fin de ses jours.

Isabelle aimait la danse, elle voulait en faire son métier et avoir la même vie que cette danseuse. Elle s’endormit, se plongeant dans son rêve.

Le lendemain matin, la grande et jeune fille se rendit à la maison de Parfait. Il était toujours au même endroit, appuyé à la rambarde de la fenêtre, regardant sans rien voir, en un mouvement immobile.

Il rêvait tout éveillé à l'Oiseau Bonheur.

Trahi par une brise de porte ouverte, faisant courant d’air avec l’ouverture de la fenêtre, un parfum lui parvint aux narines, qu’il avait particulièrement développées. C’était sa meilleure et seule amie qui était là, le regardant, intriguée et frappée de stupeur, se laisser vivre à ne rien faire, sans but pour son avenir.

Il était heureux de la voir et de l’avoir à côté de lui. Il l’aimait à en devenir fou. Il était en manque d’elle et en manque de soi, en manque d’ailes, comme l’est un ver à soie. Elle aussi, elle l’aimait, mais comme un ami, telle Esméralda pour Quasimodo dans Notre Dame de Paris de Victor HUGO.

-Tu n’as rien d’autre à faire? déclara Isabelle d’une voix râleuse, exaspérée, ex abrupto et avec colère, Au lieu de rester sur le bord de la fenêtre à rêver, tu devrais t’occuper à faire des choses plus intéressantes.

-Je ne peux pas, à cause de ma mère, lui rétorqua t’il, dégoûté de cette vie sans avenir,
-il faut bien que quelqu’un s’en occupe, si tu n’étais pas là, je crois bien que je ne pourrais pas continuer comme ça bien longtemps… j’ai besoin de sortir et de voir autre chose que la vue que j’ai de la fenêtre.

-Il faudra bien que tu t'y fasses à être sans moi! affirma t’elle avec une agressivité inhabituelle,
-j’ai l’intention de partir loin d’ici pour faire le tour du monde.

Elle partit exacerbée, en claquant la porte en bois et en colère, (en colère, c’est elle. En bois, c’est la porte) et ne revint plus.

Les journées passaient, sans joie, avec sa mère sans voix. Dans son émoi, il oubliait qu’il avait un soi. Et un quant à soi.

Il devenait acariâtre. Plus les jours avançaient, plus son esprit reculait, s’enfermant dans une solitude à deux, lui et sa mère, qui allait de plus en plus mal. A force de s’en occuper, il en était arrivé à la détester. Plus il la regardait, plus il la détestait, plus il la détestait, moins il la regardait, et inversement.

Un matin, il se réveilla le visage tout froissé, tel un papier qu’on jette dans une poubelle, il venait de faire un mauvais cauchemar. De son lit, tel un zombie, il regardait sa mère, aphatique et avachie dans son fauteuil, le regard fixé sur et dans le vide, comme elle en avait l’habitude. Sa pensée était «trop horrible» il avait décidé de commettre un quasi crime, mettant fin aux jours de la femme qui les lui avait donnés.

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