D'après "La baigneuse" - Yoo Choong (2011) |
Cette eau n'est pas polluée ! Je vous béni-dirai, chers élus!
Dans cet épisode, je suggèrerai quelques mots concernant la source d’Isis et son nom. Mais, quoiqu’il en soit, nom de nom, quel nom! Dans le premier épisode sur l’ «historical» de la Source, je vous ai dit me poser en historien. Vous avez bien noté mes remarques importantes. A savoir que les hommes qui boivent de son eau deviennent très amoureux, à tout le moins de leur petit viganais et que les femmes paraissent plus froides. Serait-ce dû à la température des eaux de la source?
Tout de suite après, je fais la remarque que tous les couples très bisous-bécots sont sans aucun doute d’ailleurs et que le fait de boire à la source fait rentrer la brebis dans le troupeau. Vous voyez-bien ici que la tradition, le mythe du berger rejoint la réalité, non?
J’affirme encore que les déambulations des années 60 de ces dames au bras des hommes, les soirs sur les mails, sont liées à la nouvelle mode des hauts talons. Ces dames voulaient imiter Marilyn, Sophia et Gina. Et elles y arrivaient.
Et vous notez, et m’en faites plaisir, la remarque judicieuse concernant l’équilibre précaire de ces dames sur de hauts talons, rattrapé (l'équilibre!) par ces messieurs amoureux en ces années de découverte des corps, de la sexualité et des choses de l’intime… mon Dieu, quelle perspicacité!
Pour aller dans ce sens « des amours », sachez que l’histoire aura retenu une gentille fable des amours d’une vestale nîmoise et d’un gentil pastre cévenol (avézol ou viganais. Nous ne savons, mais…). Et de cet amour serait né un bébé. Je vous la conterai un peu plus loin, dans ma démonstration (au 3ème épisode sans aucun doute).
Nous finissons en demandant si cette eau pure ne serait pas polluée par l’apport d’autres eaux d’une autre source ou d’un autre tonneau. Ou par une méconnaissance du bassin de captation?
Certains me diraient :
-Où est-ce que tu tires ton cidre?… Je répondrai :
-D’observations fines!
Et, je par-ferai ma réponse ainsi : observez le trop plein de la source d’Isis qui se déverse à gros débit entre le Pont en Fer et la chaussée-cascade de Rochebelle. Au droit du bornage d’octroi sur le chemin de la rivière. Une eau perdue. De plus, vous noterez que du cresson pousse dans le canal d’évacuation, alors que, dans les fontaines du Vigan, algues et mousses se mettent à proliférer. Que devrions-nous en déduire?
A chacun son intelligence, sa sagesse : pourquoi autant d’eau pure perdue, non récupérée, ces cressons de pureté et ces mousses dans les griffouls? Nous disons donc, y aurait-il deux sources qui approvisionneraient notre bonne ville du Vigan?
D’où vient ce nom d’Isis ? Oh, tout simplement d’une divinité égyptienne prisée du bassin méditerranéen dont les grecs ont changé le nom. Une déesse égyptienne débaptisée, adoptée dans le Panthéon grec. Et, durant des siècles, personne n’a pensé à d’autres noms pour cette eau. A quoi pouvaient bien penser les chrétiens, nos Pères de l'Eglise?
Oui, mais non. Par exemple, Alexandre, prénom grec, n'a pas été débaptisé.
Vous marquez un point. Sauf qu’Isis… je ne connais aucune femme portant ce nom. Aucune Isis chrétienne, ni de saintes Isis. Strange.
De même, y aurait-il des saints Osiris, Amon-Râ, Néfertiti… alors que nous savons que le christianisme a plus que touché l’Egypte en sa branche copte? Le Christianisme serait-il moins assimilateur des prénoms de chez-nous, d’Ifriqiya (je suis berbère, comme les égyptiens) que des prénoms européens ? L’historien que je suis se pose question. Et réponse il n’y a!
Et pourtant, et pourtant, il existe bien un saint Habib. Vous me direz que, primo cela ne fait pas beaucoup de noms arabes dans notre calendrier chrétien. Et que, secundo, si vous connaissez beaucoup de Durand et Dupont qui désirent donner le joli prénom de Habib à leur rejeton en Francia… on vous dirait que la sainte famille française de chez français ne veut pas mettre un lourd handicap à son môme. Imaginez à l’école :
-Hâbibi, ici, au pied! Habib, ici !
Ou encore, Monsieur Dupont, le père s’énerver après son fils :
-Habib, quand tu auras fini de faire ta caillera (racaille,in good french in the 93).
Pour parfaire votre instruction en ces choses de la religion qui vous passent souvent par dessus la tête, il y a eu, jusqu’au XXIIème siècle, environ 45.000 saints et bienheureux en Ifriqiya, et quatre papes berbères en sont issus.
Mais, bon… ils avaient des prénoms de romains, ceci expliquant cela!
Donc, à l’instar du grand président-philosophe et historien Nicholas le Grec, l’Europe, par son héritage, est chrétienne. Nous disons qu’il a raison en ce qui me concerne mais que beaucoup de pays chrétiens ne sont pas très catholiques. Et même que, durant notre belle histoire européenne, l’inquisition, la traite des nègres (on ne dit pas nègres mais noirs ? Black à la rigueur… ou gens de couleur… ou encore : minorité visible?… je ne savais.), la colonisation, le nazisme et autres joyeusetés… et aujourd’hui la traite des êtres humains, les famines organisées, les croisades à la Bush père et fils… Et le droit d’ingérence des pays riches (chrétiens, non?) sur les pays pauvres (musulmans ou animistes?)… ben, la chrétienté, l’a bon dos.
Non… je n’ai pas dit qu’elle l’avait dans le dos puisque, grâce à François Premier, elle l'a bien devant.
Ayant parachevé cette digression, la question est la suivante: la source porte un nom païen. Pourquoi. Pourquoi personne, ni les chrétiens des premiers siècles, ni les patoisants, ni les catho, ni les proto… n’a pensé lui donner un nom chrétien à cette Isis, ne pas l’avoir rebaptisée, nom de Zeus, par exemple. Je vois très bien :
-La source de Dieu-notre Père, ou de Maria, ou Maria-Magdalena, Las fons, ou encore la Source des Trois-Petits-Cochons-en-Rivière. Mignons!
On a quand même échappé comme nom à :
-Le Trou de Baal, la Source A-Mon-Rat, Les eaux d’Ose-Iris!
Et j’en passe et des meilleures.Vous voyez bien que le nom de cette source n’est pas normal.
La Réforme, et le catholicisme ont marqué les Cévennes. Le cévenol est très religieux, et l’esprit de réforme s’est mieux implantée en Cévennes que sur le Causse, sûrement parce qu’il a fallu s’associer pour lutter contre l’aridité des sols, contrôler et distribuer l’eau, et cette nécessité plus que vitale de regrouper les énergies pour mieux bénéficier de toutes sources de vie, en luttant contre les sècheresses.
Parcimonier, c’est le mot cévenol par excellence.
Et l’eau, cette beauté des beautés, il fallait la préserver bibliquement, parce qu’elle est source de toute naissance, de toute vie, de tout renouveau! Cette eau baptismale!
Or, il faut le savoir, le cévenol seul maître de son rapport à Dieu, accorde une place importante à l’eau et au baptême. Et au Verbe!
Au verbe… Alors, pourquoi n’a-t’il pas débaptisé cette source pour l’appeler, par exemple :
-La source d’Eau Vive, ou les Eaux du Jourdain?
Ou bien, plus beau nom encore :
-L’Eau-de-vie? Que voilà un beau nom.
Dans le troisième épisode, nous vous conterons l’histoire du Pâtre Pan-pan et de sa Vestale coincée du Vestibule, la belle Z'Isis! Somptueuse historiette d’amour cul-cul avec de petits agneaux, de petits cochons en rivière, une source pure, de la religion, de la beauté des prêtresses, et d’autres bellâtres et belletés.
Et belle visées et enjôleries!
Et peut-être aurons-nous l’occasion de nous étonner de l’ingratitude des hommes lorsque quelqu’un leur donne la vie, gracieusement.
Ah, du nom de la source et des ingratitudes, nous vous tiendrons informés. Merci bien!
En nos « Cévennes ce 19 avril de l’an de grâce 2013.
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Illustration: d'après la "baigneuse". Yoo Choong (2011).
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