lundi 15 avril 2013
Philosophes... aux latrines* !
Hier, je me suis levé, après avoir rêvé, pour écrire sur mon ordinateur, écrire pour ne pas oublier mon songe…
Il était 5 heures du matin. Et mon esprit continuait à vagabonder, vous savez comme lorsque vous n'arrivez pas à déterminer si vous êtes éveillé ou endormi.
Et mon rêve me portait encore : esclave. Ilote, quoi, et très âgé. Et puis, j’ai connu Dimitrius qui me ressemblait trait pour trait.
Esclave, mais bon bougre, aussi nous sommes devenus amis.
-Qu’est-ce que tu dis, Gilou-gilou, un bougre ?
-Excuse, Rolando. Bougre vient de bulgare. Oui, tu étais venu de cette région…
-Connaissant ton humour de grave de chez grave, pourquoi pas grec ?
-Tu as raison. Nous sommes en Grèce trois siècles avant J-C.
Un beau rêve qui m’a tenu éveillé longtemps, dès 4 heures du matin. J’étais ilote. Mon nom ? Je ne m’en rappelle pas. Disons, Alexandre de Mégalomanie. Capturé en ce pays alors que j'étais tout jeunet.
Et, m'étant miré dans un miroir de cuivre poli, horreur, j'ai constaté que j’avais 84 ans révolus. 85 le 7 juin en -228 avant J-C.
-Tu disais ?
-Ben, que tu avais mon âge et moi le tien.
-Et j'étais beau, bien fait de ma personne, désirable ?
-Eh bien, tu étais moi aujourd’hui, Rolando !
-Well, well ! Alors, rétablis-moi dans mon état initial de ce jour ! Rolando est saxophile par coquetterie. Mais gallo-romain malgré tout ! Et son apparence physique a toujours plus compté que l'état de son intellect. De belles chaussures, un sourire à la diable, de belles dents de cheval quand il rit... et il aime à rire et il aime à boire, des mains manucurées pour parler avec, de la "Brillantinetta" ou de la gomina dans les cheveux, quelques baguouses aux doigts, une gueule de mal nourri, comme tout romain qui se respecte. La classe Aldo! E il borsalino, cela va de soit !
-Et, c’est quoi encore cette fable !
-Non Rolando, c'est réel. Je nous voyais, dans mon rêve, après avoir fait les pédagogues sur le chemin de l’école, puis assis sur les latrines du village, réchauffant de nos postérieurs…
-Quand tu auras fini de parler pipi-caca, tu le diras, Gilou-gilou !
-Dimitrius, ce n’est pas une connerie. Tu sais bien qu'en tant que pédagogues notre travail est éreintant. Et ce n'est pas une sinécure de tout faire pour remettre dans le droit chemin de l’école les élèves à nous confiés, et qu’ensuite il nous faut bien chauffer la pierre des latrines qui attend le postérieur de nos philosophes de maîtres.
-Le problème est que le mien a mangé trop de chocolat hier, et…
-Ben, le mien, c’est trop de pruneaux d’Agen !
-Dear Rolando, the chocolate and the… what’s the bloody word for the fruit of Agen ?
Anachronisme ? On s’en fout. Quoiqu’il en soit, si à chaque fois un bloggeur américain nous interrompt ! C’est une HISTOIRE, un rêve ! On se réveille, les gars. On se réveille et on suit !
Donc nos propriétaires, à Dimitrius et à moi Alexandre n’ont pu venir pour cause d'ennuis intestinaux. Faut dire aussi que mon maître commence à être énervé parce que mon petit derrière ne réchauffe pas toute sa place. En effet, bien nourri, son arrière-train est plus, comment dire sans fâcher, plus imposant que le mien.
Par contre, Rolando-Dimitrius possédant le mien, son maître est bien heureux.
Suite à des problèmes coloniaux (on dit colon ? Merci bien), les amis de nos maîtres nous ont demandé de rester sur place, et pour cause. Il faut savoir qu’il vaut mieux que les latrines soient toutes occupées pour éviter les courants d’air, en effet, la philosophie n'a de cesse que de boucher tous les trous de la vie.
Et je ne vous apprendrais point qu'assis à philosopher dans les latrines ne signifie pas cul-nu. Non. Quoique, on n’attrape jamais de fluxion de poitrine avec le caleçon et les braies sur les talons, bezette et cu-cul à l’air.
Comme c’est bien observé, Gilou-gilou, ne trouvez-vous ?
Et donc, la conversation languissant, un des maîtres lance à la cantonade :
-Et si nous choisissions le sujet de notre dispute parmi ceux présentés par nos deux gentils ilotes ?
-… !
-Dimitrius, Alexandre !… Alexandre… Dimitrius ?…
-Ben, moi j’aimerai bien proposer ce sujet : L'homoparentalité n'est-elle que conception de l'esprit ?
-Intéressant. Et toi Dimitrius ?
-Nos pulsions sexuelles sont-elles le moteur de toute humanité ?
-Effectivement… mais que voudrais-tu signifier par là, mon cher Dimitrius ?
Je sentais bien que Rolando-Dimitrius était flatté et inquiet à la fois. Pour une fois qu’une de ses idées « intellectuelles » était retenue, il ne savait pas comment rectifier la position. Faire le philosophe ? Impressionner ? Mais comment se sortir d’une situation qu’il redoutait par-dessus tout… et parler ?
Bon bougre, je fis tout pour sauver la réputation de mon ilote ami…
-Messieurs, si j’ose intervenir dans la dispute, je pense que mon ami, timide, voulait essayer de vous faire comprendre que les passions sont le moteur essentiel de toute humanité…
-Ben, oui, Alex. C’est bien comme cela que je voyais la chose. Même qu’il me semble que nos pulsions sexuelles, du domaine de l’animalité, qui sont de règle chez tout homme, nous sont primordiales pour expliquer le pourquoi… et le comment de toute humanité. Et justifier cet état d'animal pensant. Je ne sais si je me suis bien fait comprendre…
Merde, quel... Quel coquin ce Dimi. C’était la première fois que je me rendais compte que ce drôle de zèbre était intelligent. J’étais sur le cul. Sur le cul et assis dans les latrines. Faut le faire. Salaud de Rolando-Dimitrius. De plus il me volait la vedette. Tous les yeux étaient tournés vers lui. Je n'apprécais pas.
Et ce vilain de Dimitri qui minaudait, qui faisait son timide. Salopard. Et tous les regards convergeaient vers le Messie (qui existait déjà en Judée. On les appelait les Messiah. Ce n’est pas un anachronisme. C’est juste que vous n’êtes pas si savant que cela).
Et la discussion s’est mise à rouler sur des idées de plus en plus pointues, du genre : succomber à ses pulsions, sans morale, est-ce… la morale est-elle condition sine qua non (on parlait aussi latin, à l'époque, oui!) à toute humanité. Et qu'entend-on par morale, est-elle seule fondement des sociétés et de toute humanité ?
Est-ce le législateur ou le religieux qui détermine de la normalité, à savoir de la morale ? Toute pulsion "amorale", à défaut de la canaliser, qui peut la réprimer et comment la contraindre, de l'individu, du législateur, ou du religieux ? Et de la punition...
Allez savoir, mais la dispute était d'importance et nous ravissait.
Et Dimitrius poussait son avantage :
-La femme est-elle autorisée à succomber à des passions qui, que… est-elle inscrite dans l’humanité en sujet réfléchissant, conscient. Ce serait à n'y rien comprendre ! Ne trouvez-vous pas ?
Tous étaient convaincus que les femmes sont inscrites au même titre que l’homme... A preuve, dans le Panthéon les déesses existent et sont aussi sujettes aux passions mais qu’il valait mieux satisfaire nos femmes et nos pulsions que mourir d’apoplexie, ceci évitant que ces dames n'aillent regarder ailleurs.
Bien évidemment, le démagogue, Dimitrius poursuivait son avantage :
-Parce qu'enfin, Messieurs, les hommes ne s'abaissent pas à élever les enfants et, comme le disait fort à propos mon ami Alexandre, il serait peut être bon que l'union des femmes grecques, au même titre que l'union des hommes, soit enfin reconnue pas la société.
Je trouvais que Dimitrius-Rolando poussait le bouchon un peu loin, même si, concernant les dames, le sujet ne passionnait personne philosophiquement puisqu'elles n'étaient pas "réellement" inscrites dans l'humanité, ce qui est d'une banalité...! Par contre, en ce qui concerne les grecs et la pédophilie, à cette époque, il m'a semblé utile de le sortir de ce mauvais pas...
-Effectivement, un animal... par exemple un chien qui vous aime et qui voit au loin une chienne en chaleur est-il sujet pensant ? L'amour est-il du domaine de la raison, à savoir de l'humanité ou reste-il dans les limbes de l'animalité et des passions ? Ou plutôt, des pulsions animales. Et peut-on humaniser nos pulsions et les montrer à tout un chacun. Doivent-elles rester du domaine du secret, de l'intime uniquement.
Intéressant, n'est-il pas ?
A un moment donné, le vieux Demeter, le plus sage de la compagnie latrinale s'est autorisé à répondre sur la question des femmes et de leur union :
-Mes amis, il nous semble important de bien considérer que la femme a un rôle fondamental dans notre société. Mais, et je dis bien mais : tant qu'elle n'aura pas les moyens de satisfaire ses besoins et ses désirs... en somme, tant que notre société d'hommes les maintiendra en une sorte d'esclavage domestique, les femmes ne pourront accéder à l'homoparentalité.
Demeter poursuivait : -Il s'agit de bien comprendre, ici, que l'Etat n'a pas à légiférer sur un droit fondamental, celui à l'union et à vivre avec la personne de son choix. L'état ne s'immiscera pas dans la sexualité des couples formés.
On peut espérer que, lorsque les femmes seront éligibles à toutes les fonctions de l'Etat et autres métiers réservés aux hommes, leur autonomie financière et politique leur accordera tous les droits réels et fondamentaux. Pleins et entiers. Dont l'homoparentalité.
Ce sujet n'ayant pas passionné l'assemblée, et pour cause puisque nous sommes des hommes, la discussion a repris sur d'autres thèmes qui touchent surtout à la morale et à la beauté. La mort pointant toujours son nez dans toute discussion, tous sujets extrêmement pointus qui mettaient parfois en fureur et en joie les divers disputeurs de nos latrines.
Et, contrairement à ce que tous les philosophes modernes pourraient penser, discourir, réfléchir avec le bénard sur les genoux permet de mieux se dégager les sinus et de s’aérer le cerveau, cause à l'ammoniaque latrinal !
Si tous nos philosophes modernes des centres culturels exigeaient de faire leurs réunions dans les latrines, on éviterait déjà que ces dames, plus sensibles au niveau des odeurs ne viennent nous… pourrait-on dire : polluer avec leurs idées d’émancipation ? Merdum… Chacun à sa place et les vaches et les enfants seront mieux gardés et élevés.
Attention: je sais que ces dames sont plus cultivées que nous mais elles ne le savent pas. Je trouve qu'elles lisent plus que les hommes. Je vous suggère donc, mesdames de moins lire et de commencer à écrire. Je suis convaincu que les plus grands auteurs seront féminins (au masculin, auteur est féminin, s'il vous plaît).
En attendant, tant que je serai vivant, ne changeons pas l'état du monde, je vous prie car cela me met encore en position de "supériorité intellectuelle" ! Et c'est bien ainsi. Surtout pour la drague !
Gilou-gilou-Alexandre serait-il misogyne ? Que nenni, Dimitrius. Assez de baise-main. Suffit la vieille Bulgarie et la vielle Grèce, et la vielle Mégalomanie, suffit, Rolando-Dimitri. Soyons bons bougres. Mes pensées philosophiques me poussent à affirmer que c’est le changement qui crée la difficulté. Mesdames, restons, oui restons à nos places.
Mais, surtout que nos philosophes modernes n'aient pas peur de s'asseoir sur le trône pour mieux penser. Les odeurs de notre animalité permettent de mieux faire avancer la réflexion humaine et nous réinscrivent dans notre intimité bien cachée, nécessaire à penser notre humanité !
Et puis, chacun à sa place me permettrait d’être galant et de vous offrir des fleurs, mesdames. Les acceptez-vous ?
Et merci d'avoir partagé mon rêve joli, messieurs de la philosophie ! Me compterez-vous dans votre aréopage ? Nous disputerons, assis sur nos latrines, le cul-cul bien aéré. Merci bien !
Et des fleurs à ces dames. Elles les ont bien gagnées, à lire mes conneries ! Excusez !
Et puis, que nos Municipalités construisent nos Centre Culturels autour des latrines. Nous y gagnerons de nouveaux philosophes et une humanité réinventée.
De mon « Café des Cévennes », le Vigan en l’an de Grâce 2013 le jeudi 11 avril.
Complément : des amis internautes seraient en droit de nous demander :
-Cette situation est irréelle. Démente.
I beg your pardon (Je bégaie votre pardon). Rolando-Dimitri a toujours été un bon bougre et cela, vous ne pouvez le nier. Vous le savez. Il est donc bien réel, vous le connaissez, il existe. Il n'aime pas se mettre en avant. Là, vous voyez !
Dimitrius et Alexandre sommes bien des philosophes, right (Droit, in french)?
Il nous reste à traiter du rêve. Où se situe le vécu dans l'irréalité ? Qui peut nier que ce rêve m'ait réveillé réellement ? Il s'est donc fait réalité.Où se situe donc la fiction dans notre vie puisque le rêve tient une part importante de nos réalités nocturnes ? Quant à nos cauchemars...
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