mardi 9 avril 2013

Cochons en rivière* !


Ma rivière, au bord de l’eau. Vous savez qu’elle est la plus belle de France et, lorsque vous l’aurez miré, vous l’admirerez. Elle est tant jolie, celle qui arrose notre bonne ville du Vigan que nous disons :

Vedi l'Arre e poi muori !

Goethe ayant malencontreusement paraphrasé nos anciens ! Et pourtant, ma rivière se situe en lisier, qui n'est pas une région mais une belle merde.

Notre bonne ville du Vigan, petite pierre précieuse est sertie... enchâssée, diraient les chantres, entre Causse de Montdardier et Cévenne du Lingas, de la montagne de Mandagout, de Cap de Coste et de la Toureille. Un gentil cours d'eau, alimenté par tous les aquifères de la Tessonne caussenarde et du Lingas cévenol, arrose toute une petite vallée heureuse. D'une eau claire, limpide...

Bien malheureusement, certains commencent à nommer cette riante vallée le Val des Lisiers. Et cela n’a rien à voir avec les jules de nos parents et grands parents. Ici, nous serons plus dans le cochon.
Quoiqu’il en soit, un malheur pouvant devenir un bonheur, imaginez qu'en notre bonne rivière, nous avons créé un nouveau cochon : le cochon-laveur, cousin du raton, en moins sauvage mais en plus polluant !

« Ma Rivière au clair de lune » traitait du jules, ce pot de chambre qui se remplissait le soir, au clair de lune et se déversait dans la rivière, ou ailleurs au clair du jour.
Voyez que, la lune étant cette partie charnue, fessue, parfois callipyge de notre petit derrière, le jeu de la lune se mirant dans la rivière et du jules s’y déversant me semblait croquignolet.

Voyez encore que ce petit clin d’œil à notre arrière train ne se voulait que mignon ! Vous constaterez que, grâce à Rolando, et pour une fois dans votre vie, vous aurez eu accès à l’inconnu de votre intimité, cette face cachée de la lune ! Ceci sans aucun esprit cochon.

Vous me demandez de revenir à mon propos ? Non, beaux messieurs et gentes dames. Revenir, signifierait que j’ai abandonné ce propos. Or, notez que ce n’est pas le cas, ceci étant dit et bien dit. Je parle toujours de rivière quel qu'en soit l'entretien, de jules, de beauté, de lisier et donc de cochons !

J’aimerais, si vous le vouliez, vous entraîner à ma suite sur le chemin de la Rivière, du Vigan jusqu’à la chaussée-cascade de Rochebelle. Après, commenceront, sur ce petit sentier joli, les bouches d’égout qui nous accompagneront jusqu’au pont d’Avèze, celles qui dégueulent par jours d’orages. Mais vous le savez. Pour aujourd’hui, nous nous arrêterons à la cascade.

Le souquet
Cent mètres après l’école laïque, vous laissez à votre gauche le Bourilhou (un petit oued ou riou) qui donne vue sur le Vieux Pont du Vigan et vous vous engagez au Souquet, vers chez Ann-Mary. Là, commence le chemin de la rivière qui longe le canal d’approvisionnement d’eau de la petite usine hydro-électrique, sentier arboré sur la rive de l’eau et bordé à votre droite d'un muret anti-crue et de vergers de pommes reinettes du Vigan. Plus quelques cognassiers.

Deux cents mètres après le Souquet, se situent les premiers bancs en galets. Un peu plus loin, vous avez accès à un béal de retour des eaux d’irrigation des vergers et quelques jardins potagers. Puis, un troisième banc. A votre droite, le terrain de Rugby.

50 mètres après, une résurgence bouillonne faiblement dans la rivière, à quelques dizaines de centimètres du bord. Nous appelions cet endroit les Trois Sources et nous buvions cette eau, à même la rivière. Potable.

Aujourd’hui, aux Trois Sources, boire de cette eau est plus que contre-indiqué. Cause aux cochons. La chanson dit qu’il faut boire à la source, boire à la source. Monsieur le Maire du Vigan, celui d’Avèze et le Président de la Communauté de Communes vous arrêteraient tout de go !  
-Arrêtez, malheureux ! Vous risquez, oui, vous risquez votre vie !
En effet arrêtez, malheureux. Cent mètres après ces dites trois sourcettes, en amont et sur la commune d’Avèze, se tient un élevage de cochons. Ou de porcs ? Je ne sais faire la différence sauf en ce qui concerne les cochonnailles… Oui. Le mot est choisi. Se tient ? Se tient très mal !

Enfin. Disons plutôt un élevage porcin... nous cherchons encore le mot exact qui pourrait décrire l'endroit. Ah, oui. Nous dirions, qu'il serait tenu par des cochons, ou alors, c’est à n’y rien comprendre ! 
Tiens, suivez-moi donc sur la rive droite, à l’opposé du chemin situé rive gauche. Encore une fois, notez que la gauche se tient toujours mieux, au moins pour ce qui est du dispositif de recueil de la merde mis en place par la rive droite… Ai-je dit merde de cochon, vous en êtes bien sûr ? Vous préférez le terme de lisier ? 
Quoiqu’il en soit, les militaires, n’étant éleveurs vous diraient que le recueil est primordial. Ici, il est déficient !

Et donc le caca des cochons et leur pipi (et des cochonnes aussi, excusez, mesdames, je suis parfois misogyne), enfin leurs déjections tombent malencontreusement par leur propre gravité dans la rivière. Voilà pourquoi, on ne peut en faire grief au propriétaire porcagnasse (s'écrit porcagnas et se prononce...).
Ndlr: Porcagnas signifiant gros sale, gros dégueulasse. Gnasse est ici pour grossir le trait.
 
Parfois, en plein été, les cochons se baignent dans la rivière sans que cela n’occasionne de gêne, ou de récriminations. J’affirme n’avoir entendu personne gueuler !
Il n’est pas, dans mon propos de refuser la baignade aux animaux. Tout cochon a droit aux rafraîchissements d’été, et moi-même ne me prive pas de glaces, à ces moments de l’année.

Evidemment, après le Pont en fer et sa petite station électrique qui jouxtent les cacas odoriférants de la cochonnaille sur pied et en liberté toute, vous trouverez une sorte de puisard issu du Village de Vacances qui suinte parfois d'eaux savonneuses (le puisard, pas le Village, quoique). Puis vous arrivez à la Baignoire, petit coin d’eau au droit de l’ancien Octroi Avèze-Le Vigan et du trop plein de la source d’Isis et enfin, la Chaussée monumentale bâtie sur les rochers de Rochebelle, avec sa Glacière et sa Tête de Chien couronne la rivière. Un endroit somptueux pour la baignade. Mais d'un sale. Moins sale que plus bas, chez les cochons, m’enfin !

Moi, je pose la question, Messieurs nos édiles :
-S’il me prenait envie, comme à tout cochon qui se respecte de déféquer et de lancequiner ou de pissouter (nous sommes poète. Merci-bien)… donc, s’il me prenait envie de caguer et de pisser dans la rivière devant vous, Officiers de Police judiciaire, me donneriez-vous l'amende ? Ou l'aman ?

...ou l’aman ? Comme aux cochons ? Risible, n’est-il pas ?  L'aman aux cochons... faut le faire !

L’ami Antoine ayant signalé cet élevage très sale, voire dégueulasse à un adjoint, mais était-ce le premier ou le dernier, et la première fois ? ce dernier, fort à propos, lui a fait la remarque que donner à manger aux canards est strictement interdit et que les canards polluent autant que les... Il faut dire qu’Antoine, qui reçoit en vacances ses petits-enfants, s’amuse, une fois par semaine, à jeter quelques morceaux de pain aux canards. Ce qui ne se doit pas ! 

-Gilles… la Mairie du Vigan m’a appris que 49 cochons polluent moins que 50 canards. Incroyable !  
-M’enfin Antoine, si un adjoint te le dit. Mais pourquoi 49 cochons ?
-Parce qu’à partir de 50, c’est un élevage ! Et des autorisations sont obligatoires (1). 

Le chemin de la rivière
Mon cher Antoine. Ce que font tes petits-enfants n’est pas bien. En effet, nourrir sur le domaine public des animaux sauvages est un délit puni par la Loi. Par contre, faut bien que les cochons fassent leur job. On va pas les emmerder, non mais dis donc !
Il faut que tu saches que tes petits-enfants, pour être dans la légalité et prendre plaisir à nourrir des animaux jolis dans la nature devraient donner leur pain au cochon-d’eau-douce. Animal domestiqué !

-Oh, j’imagine Antoine qu'un de tes petits-enfants, bardé de sa couche culotte, lançant un morceau de pain à un canard. Emporté par son élan…. tu sais qu’ils ont la tête plus lourde que le cul ? Horreur, il tombe dans la rivière. Emporté, au fil de l’eau, il est bouffé avec le morceau de pain qu’il tient toujours à la main par un cochon, ou une cochonne qui aime bien les petits !


Et, alors, doit-on dire que l’équilibre écologique est rompu parce que la couche-culotte est mal digérée par Madame cochonne ? Bien sûr que non. Dans quatre siècle, la nature aura repris ses droits.
-Tu as raison, Gilles. Il faudrait poser la question aux divers maires responsables du fil de l’eau de l’Arre sur cette question de couche-culotte bio ou non-dégradable..

En parlant plastique, s’il n’y avait que les cochons de rivière, ce ne serait pas si grave, quoique, pour les odeurs, je ne vous en cause pas. Il y a aussi ce tas d’ordure sur la commune de Molière qui menace gravement tout un bassin fluvial sur 100km. Inéluctablement.

Mon Dieu, que j’aille prier à la Messe dimanche prochain. Préserve-nous de cette catastrophe : un intellectuel, grassement payé a trouvé malin de remplir un petit val avec des milliers de tonnes d’ordures. Ce faisant, il a fait barrage aux eaux de ruissellement des épisodes cévenols. Bien évidemment, il a busé le tout. Mais sachant que rien n’arrête l’eau si ce n’est la mer Méditerranée… 
Et depuis que les teintures d’Arre ne nous gênent plus, ce sont les lessives industrielles « déversées accidentellement ». Bon… 1000 litres de détergent mis en rivière en une fois, ce n’est pas bien méchant, non ?
Ajoutons tous les produits de production de l'oignon doux qui... que... enfin, vous comprenez ?

A part cela, la rivière ne se plaint de rien.

Certains disent à Antoine et à Gilou : gueulez tant que vous voudrez, personne ne vous entendra. Et pourtant, dans la forêt vierge en feu, le petit passereau qui amène, dans son bec, sa goutte d’eau pour éteindre l’incendie… 
Et dire, qu'ici, les maires et autres élus disent que cela ne sert de rien.
-Peut-être, mais j’aurai tout fait pour éteindre cet incendie.Et Rolando aura fait sa part ! 

1) Sont donc dispensés de législation contraignante sur les élevages porcins nos amis des USA, d'Allemagne, d'United-Kingdom, de Roumanie, d'Italie, du Gabon, du Burkina-Faso, de Corée du Sud, du Canada, d'Australie, d'Espagne, de Belgique, Suède, Pologne, Brésil, Cuba, Maroc... L' Algérie aussi ? L'Algérie aussi !

Premier sépia : début du chemin de la rivière au Souquet.
Deuxième sépia de  René, premier arbre du même chemin.  
De mon Pont-d’Hérault qui reçoit toutes pollutions de l’Arre, en amont, votre serviteur en l’an de grâce 2013, ce 9 avril.
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Dessins de René BOUSCHET (R&B), avec le cochon. Lui : "Tu  le savais que les éco-dialogues allaient changer de  logo ?" - Elle: "Un peu, mon neveu. Et cochon qui s'en dédit".

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