1939. La mobilisation s’opère, cela va mal dans toute
l’Europe, la guerre approche.
Georgette, ma tante habite Nogent sur Marne près du
fort militaire où nous apercevons, à l’intérieur de l’enceinte, une femme
encein… heu, non, pardon je me trompe… Ce ne sont que de jeunes garçons
intimidés aux mines déconfites, s’interrogeant sans doute sur leur
mobilisation obligatoire mais injustifiée, sur ce départ précipité vers le
front d’une guerre sans queue ni tête pour se faire tuer au nom de politiciens
véreux à la mentalité peu ragoutante. D'infréquentables compatriotes. Qui n'iront pas au combat.
Bravo les gars!
Mon «tonton» est colonel dans cette caserne. Je l’aime
bien. Il m’apprend à jouer aux cartes.
-Tiens mon petit,
je te donne des sous. Sois, tu les serres dans ta tirelire, soit je te les
joue. Bien entendu, tu peux gagner encore plus d’argent. Ou perdre tout ce que je
t’ai donné.
Le tonton m’avait appris toutes ses ruses au jeu. Oui,
mais j’ai toujours perdu contre lui.
-Tu vois, fiston,
tu n’as plus rien. C’est la vie. Faut pas jouer. Eh, non… je ne te rends pas
l’argent. Il est à moi, maintenant!
Depuis mon tonton, l’amant de Georgette, j’ai retenu la
leçon et n’ai plus joué aux jeux d’argent. Puis, le colonel a été happé par la
guerre, nous laissant, Georgette et moi bien démunie.
Une nouvelle ne venant jamais seule, ma tante m’apprend
que ma mère est partie rejoindre un endroit lointain. Elle s’est éteinte face à
la lumière du soleil couchant inondant son beau visage de chaleur intime, dans
sa chambre au sanatorium de Berck… beurk, quelle poisse. Je suis triste. Je
pleure.
Seul, toujours seul.
Pendant ce temps, là-bas, le monde…
Au GRAND REX à PARIS sort, en exclusivité, un film
américain de John Ford: «La chevauchée fantastique», avec
John Wayne.
Le 22 mai 1940, les allemands sont à Amiens.
Bravo les gars!
Noël, j’ai 12 ans. Toujours 1940. Au pied du triste sapin
que le «Père-Noël Georgette» a déposé, je découvre un paquet bien ficelé. Je
déballe, je déballe encore, je ravale… ma salive. Qu’est-ce que c’est
donc ? Le costume à Franco.
Bravo la tata, mais
le costume à Franco est de mode en
Espagne, malgré la guerre civile qui a eu lieu.
Certains dimanches, tata Georgette m’emmène au marché. On
y fait des rencontres quelques fois intéressantes et parfois surprenantes, la
preuve en est que l’autre jour, face à nous s’arrêtent deux flics à vélo. Ainsi
les appelle-t-on à Paris mais on les nomme aussi colombes, …Heu… non, ce n’est
pas çà, … des tourterelles… peut-être pas, heu… non, je ne sais pu… Bref, ils
demandent les papiers d’identité à une péripapé… non… péripatéticienne… non,
c’est pas çà, … Ah, oui, çà y est je l’ai. Du grec péropatein «se promener» une péripatéticienne, couramment :
une vendeuse de bonheur.
La Dame leur donne sans rechigner ses papiers et, au même
moment l’on entend une musique résonner dans la rue qui provient d’un poste de
TSF qui diffuse une chanson de Charles Trénet «Y a d’la joie»… Ca y est, ça me
revient, pour le nom des flics à vélo… «les Hirondelles» c’est cela, oui. Les
Bleus, on les appelle les hirondelles à cause de la marque de leurs vélos.
Je m’égare. Je parlais donc des rencontre surprenantes
avec ma tante, surtout celles qu’on avait faites avec ses copines dont une,
bizarre, qui était plus large que haute et qui sentait l’urine à cent lieues et
qui n’arrêtait pas de jouer avec ma braguette… enfin surtout avec les boutons
de ma braguette, ce qui la faisait rire.
Un beau jour, ma tante lui dit que si elle recommençait à
tripoter, chercher, farfouiller, traficoter ou trifouiller dans mon pantalon
quand j’y étais dedans, quelque en soit le motif, avouable ou non, elle lui
mettrait une branlée sévère. Une vraie dérouillée.
Bravo la tata.
La dame pipi ne recommencera pas.
D’un autre côté, de quoi se mêlait-elle, la tata. Parce qu’enfin,
ce qui était dans mon pantalon m’appartenait quand même. Non?
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