samedi 26 octobre 2013

Una storia importante - 7


Pendant que Radio Paris ment, radio Paris est allemand, Pappa et son pote Bartoli, deux grand cerveaux passent toutes les nuits au troquet du rital, avenue Bouvines, à refaire le monde, accoudés au zinc face à de grands verres de vin.
Des femmes de petite vertu, à la petite cervelle et la non moins petite vérole les écoutent, bouche bée, sans rien y comprendre. Un jour, le soleil s’étant couché depuis quelques heures…
-Tiens, comme c’est bizarre…
… le gargotier suggère à son vieux pote qui, je vous le rappelle à toutes fins utiles, est mon père chéri… oui, le Bartoli suggère donc à mon pappa de m’envoyer à l’école italienne, juste à côté.
Ni une ni deux,
-Direzione la scuola italiana!

Arrivé sur place, le lendemain, on m’habille d’une chemise noire, bref, de tout l’attirail d’un petit uniforme de Balilla. Quel look d’enfer. Et, avanti, la musica. C’est parti pour un tout de galère et ce n’est pas fini.
Dans la classe, nous hurlons à pleine voix, des chants guerriers en faisan le salut fasciste à la gloire du bénitier de mousse en chocolat de Mussolini… Vous voyez bien que vous ne me lisez plus. Soyez plus attentifs, que diantre.

La gourmandise ayant dépassé ma pensée, nous hurlions nos chansons à la gloire de l’Italie éternelle et de Benito Mussolini. Benoît… pas tant bénin que cela, le duce.
D’un autre côté, la classe est pleine de ritals. Maintenant, je ne suis plus tout seul. Même un de mes dessins sera montré à Rome à notre Guide. La maîtresse était plus fière que moi. Quel honneur d’être signalé au Duce!

Certains jours de gala, nous défilons dans des stades aux côtés de la jeunesse «à Philippe», les bons petits français et de la jeunesse «à Adolf», les bons petits allemands. Et nous, les Balilla, la jeunesse « à Benito», les bons petits italiens.
Comme c’est marrant, mais je me rappelle que, certaines fois, on se faisait siffler par quelques badauds fondus dans la population, quelques malotrus soucieux de ne pas se montrer au gratin de l’armée allemande qui trônait en haut des tribunes, impeccables.
Et même, et je m’en souviens, certains prenaient plaisir à nous traiter d’en… culés, cachés derrière les fenêtres des immeubles surplombant les stades.

Mais moi, j’’aimais cet uniforme. J’étais gosse. Et la guerre, je ne savais pas ce que c’était. Ni la haine. Alors, il m le prenait de temps à autre l’envie de rentrer chez moi, affublé de mon bel habit de Balilla. Mais les gens m’évitaient. Sur mon passage, il y avait une famille que j’aimais à saluer. Le père me rendait toujours mon salut. Un beau jour sans que je n’en sache le pourquoi, la maison eut ses volets toujours fermés. Bien plus tard, j’ai su qu’ils étaient juifs. L’étoile jaune n’était pas encore de mise.

Pendant ce temps-là, dans le monde…
Le 14 juin 1941, le port de l’étoile jaune est obligatoire. Pour les juifs français. En France!
Le 22 juin 1941, invasion de l’URSS par les troupes nazies. La bêtise allemande crée le second front qui donne une seconde chance à l’Angleterre, seule à se battre.
Fin Août Attentats contre l’armée allemande. Exécution d’otages choisis parmi les communistes.
Mi-octobre, publication des premiers journaux clandestins : Combat et Franc-tireur.
Le 7 décembre 1941, Pearl Harbour. Les USA entrent en guerre. Le troisième front est ouvert.
Mi-décembre, le couvre-feu est fixé à dix-huit heures. Le jour, les rues sont désertes.
Bravo les gars.

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