Je le sens bien : vous croyez que je vous amuse et qu'il était impossible que mon chien ait pu se
trouver aux armées sans l'autorisation de quelque autorité compétente que ce soit. Serait-ce une fable ? Se foutrait-on de vous !
Et, dites-nous encore : l'Armée ignorait-elle la présence de ce chien ?
Que je vous rassure : Lobo n'était devenu transparent pour mes chefs que parce qu'ils se demandaient si, en renvoyant Lobo à ses pénates, le cabot que j'étais serait toujours aussi efficient au service cartographique de la météo…
Pardon ? Indispensable, faudrait-il dire ? D'accord, avec nous !
Je veux ! Et j’explique : d'abord, on savait que le caporal Patrice était toujours prêt à remplacer les absents. Ensuite, qu'il ne coinçait jamais la bulle, les soirs de permanence, ni ne glissait une règle dans les téléscripteurs pour les bloquer et téléphoner ensuite au réparateur de la STEM qui, feignasse, refusait de se déplacer jusqu'au matin. Et, ça on le savait pertinemment.
Et, dites-nous encore : l'Armée ignorait-elle la présence de ce chien ?
Que je vous rassure : Lobo n'était devenu transparent pour mes chefs que parce qu'ils se demandaient si, en renvoyant Lobo à ses pénates, le cabot que j'étais serait toujours aussi efficient au service cartographique de la météo…
Pardon ? Indispensable, faudrait-il dire ? D'accord, avec nous !
Je veux ! Et j’explique : d'abord, on savait que le caporal Patrice était toujours prêt à remplacer les absents. Ensuite, qu'il ne coinçait jamais la bulle, les soirs de permanence, ni ne glissait une règle dans les téléscripteurs pour les bloquer et téléphoner ensuite au réparateur de la STEM qui, feignasse, refusait de se déplacer jusqu'au matin. Et, ça on le savait pertinemment.
Résultat ? Aucune carte
ne pouvait être dressée par manque des données des navires sur l'Atlantique et des stations météo d'Europe occidentale.
Le cartographe de la
météo, ce saboteur des soirs, ne pouvant effectuer son travail en profitait pour pioncer. Mais, va le prouver !
Ainsi, le manque de prévisions météo désorganisait la 1ère Région Aérienne, (dont les FFA) et les troupes de l’OTAN. Et tous, des
stations de radio à la télévision et aux armées, tous râlaient.
Pour se prémunir de tels ennuis, on fermait
les yeux sur Lobo, mais on n’en avait pas moins des visées détestables le
concernant, surtout Monsieur le Commandant du Fort heureusement freiné par les chefs d’Etat-Major
qui craignaient des réponses de mauvaise humeur du Service Météo, Lobo en
faisant partie intégrante.
Dans la chambrée, d’un
simple grondement de lion, le caporal Lobo faisait cesser tout début de bagarre. De même, lorsque nos
escarcelles étaient garnies, en début de mois avec nos environ 50 francs (dont la prime
sous béton), nous allions au bistrot du village, à 3 km et à travers bois, et lorsque la coupe était
rase de Kronenbourg, on pouvait sans souci remonter au fort dans la nuit noire à travers la forêt dense en se tenant à la queue leu-leu, moi accroché à la laisse de
Lobo, dégurgitant tous nôtre bonne bière tels des Petits Poucets sur le sentier du retour.
Dire qu'on pouvait se souler
chez le civil avec 50 balles (7,50 euro) en 1965. Quelle époque que la nôtre !
Lorsque Lobo, cherchant son petit papa sans le trouver estimait, parfois à juste raison que celui-ci se trouvait là-bas, au bout du tunnel de 300 mètres et à 80 mètres sous terre (non, non, l’information n’est pas si pertinente…), il se présentait à l’entrée du boyau et attendait qu’une personne veuille entrer ou sortir.
Lorsque Lobo, cherchant son petit papa sans le trouver estimait, parfois à juste raison que celui-ci se trouvait là-bas, au bout du tunnel de 300 mètres et à 80 mètres sous terre (non, non, l’information n’est pas si pertinente…), il se présentait à l’entrée du boyau et attendait qu’une personne veuille entrer ou sortir.
Lorsque la grille s’ouvrait, il se ruait, parfois rattrapé au collier, réussissant toujours par se retourner et mordre le garde soit au
pouce, soit au pied, ou ailleurs, ce qui le libérait illico. Et le soir :
- Merde, ton chien ! Il m’a encore mordu. Putain, c’est pas vrai !
- Si t’as pas
compris qu’il faut le laisser aller là où il veut, c’est que t’es con !
- La prochaine fois, je te le déglingue. A la mitraillette ! Ah, ouais. Tu crois pas ?
- Non, la
prochaine fois, tu le laisses entrer et sortir à sa guise, mon pote.
Le dimanche matin, comme nôtre dotation mensuelle de16 paquets de "Troupe" ne nous suffisait pas, nous jouions au poker. On misait avec
des allumettes, chacune représentant une cigarette. Pourquoi cela ? Mais,
pour éviter qu'elle ne se vident de leur tabac, à tant les miser sur le
tapis.
- Tout à l’heure, tiens ton chien. Dimanche dernier il a foutu le bordel
à l’Eglise. Enfin, la relation n’était
pas tout à fait exacte, loin s'en faut.
- OK. Ferme-moi la fenêtre.
Je me le surveille ! Pars tranquille.
Tout le monde n’étant pas
informé, quelqu'un aéra le dortoir-fumoir et Lobo en profita. Quelques minutes plus tard :
- Merde. Ton con de chien… Le gars qui m’avait demandé
de retenir mon chien soutenait, lui, son poignet gauche qui pissait dru le sang.
- … ton con de chien, il m’a mordu !
On banda au mieux le
blessé qu'on conduisit à Frescaty, à l’infirmerie de la
base aérienne :
- Mon garçon, un chien ne mord pas comme ça. Tu n’es pas blanc-bleu !
- Mon garçon, un chien ne mord pas comme ça. Tu n’es pas blanc-bleu !
L’infirmière, pour bien
marquer sa désapprobation, utilisa de l’alcool à 90°.
- En été, mon gars, ça mord facile un chien. Je pourrais comprendre. Mais, là, tu l’as emmerdé, ce chien !
- Mais, je
vous jure que non !
Une voie de fait sur un
soldat français ne se pouvant, Lobo se voyait privé de
dessert pendant une semaine : il fallait bien marquer le coup et ma
réprobation. Privé de madeleines, voilà !
En fait, il s’avèrera plus
tard que, le dimanche précédent, Lobo qui aimait bien suivre les copains qui tentaient de se faire en douce les clilles du patelin en allant à la messe au village, avait cru bien faire, pendant l’office,
d’arpenter lentement la nef à la recherche de nos bons garçons en uniforme, ces frères en Jésus Christ qui, par un fait exprès, se tenaient au loin, on ne sait pourquoi, là-bas, au fond, loin de la porte et près du chœur. Devant l'autel, quoi !
- Mais, pourquoi jouent-ils à cache-cache avec moi ? se demandait Lobo.
- Mais, pourquoi jouent-ils à cache-cache avec moi ? se demandait Lobo.
- Quelqu’un pourrait-il faire sortir ce chien de l’église ? C’était le curé qui,
oubliant qu’il bénissait une fois par an les chiens et leurs chasseurs, les
ânes et même les coups de fusils pour assassiner la Création de Dieu, oui, nôtre bon
curé sollicitait les fidèles pour chasser mon Lobo, ce petit frère des hommes. Mais, de quel droit ?
Le futur mordu se leva et, en gentil chrétien qui aimait François d'Assises, il prit mon chien de guerre par le collier et l’emmena sur le parvis, l’attacha
court comme il ne se doit pas et lui fila un coup de saton* bien mérité, à ce qu'on m'a raconté.
Fallait pas qu’il foule l’église de ses pattes au bout blanc, ce clébard, crénom de nom !
*Ndlr. Saton et satonnade : coup (s) de pied (s) en toute vacherie.
Fallait pas qu’il foule l’église de ses pattes au bout blanc, ce clébard, crénom de nom !
*Ndlr. Saton et satonnade : coup (s) de pied (s) en toute vacherie.
Rappelez-vous maintenant nôtre partie de Poker-cigarettes, le dimanche suivant, et la fenêtre qui devait
rester close. Malheureusement…
Et Lobo courut dans les
bois comme un dératé pour rattraper la cohorte de bidasses en partance pour la
messe, tout joyeux et en uniforme afin d'appâter les filles à maman et à papa.
Et entendant un bruit de cavalcade,
le gentil cogneur de l'autre dimanche se retourna, surpris, bras gauche
décollé du corps, bras malheureux que Lobo happa dans la foulée.
Il faut bien souligner, à sa
décharge, que Lobo crut à une nouvelle avoinée et ne fit que se prémunir de la
satonnade, quoique, comme me le diront plus tard les maîtres-chiens de
Frescaty, un chien qui vous traverse la main de ses crocs, c’est plus que rare
et cela dénote un certain mordant, et à tout le moins, un bel esprit de vengeance.
A dater de ce jour
mémorable, j’évitais le Commandant du Fort comme la peste. Et le choléra ?... oui, et le choléra réunis.
Et pourquoi donc ? Ben... Et
pourquoi pas !
Quant au mordu ? Lui aussi évita Lobo !
Quant au mordu ? Lui aussi évita Lobo !
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