Dans mon petit fort,
éviter le Commandant était manœuvre facile sauf dans le tunnel où le gigantesque animal, tout de bleu vêtu se voyant de loin m'aurait fait une belle cible amie par temps de
guerre.
Comme nous tous, les rancuniers, je savais que Mr le Commandant, qui avait le bon droit pour lui, cherchait
à se donner bonne conscience. Le déclencheur de sa mauvaise action légale il le
découvrit dans un colonel qui, après avoir salué le capitaine responsable de l'Etat-major, vint au service météo, vit Lobo couché à
mes pieds et me demanda s’il pouvait le prendre avec lui dans
l’amphi souterrain.
Sa visite terminée, ce
colonel remonta avec son aide de camp, me rendit mon chien et s’enquit de la
route aérienne pour Reims.
Mon remplaçant cartographe
arrivé, je descendais le long tunnel vers la sortie avec le colon devant, Lobo
en laisse et le pitaine. Arrivé à la chicane du tunnel, nous rencontrâmes mon ami Commandant, que le capitaine salua et qui, en retour, nous gratifia d’un vigoureux coup de raquette réglementaire que le colon lui
rendit plus mollement pour ensuite lui serrer la main et le retenir pour bavarder
quelques instants.
Moi, décalotté comme tout
berbère qui se respecte, je fis un tête-gauche militaire puis inclinais le
chef tout ce qu’il y a de plus civil.
Je vis que cela ne plut pas
au Commandant qui ne fit aucune remarque devant le colon.
Le lendemain, je fus convoqué
par l’officier supérieur qui me notifia que mon chien était PNG (persona no
grata) comme tous civils dans l’enceinte des forts (nonobstant ceux affectés au
service de l’Armée).
-Mais, mon Commandant,
pour le ramener au Vigan, il me faut des jours de permission.
-Vous vous présenterez aux Effectifs. Ils sont
prévenus. Prenez 8 jours pour dégager ce
chien.
- Mais… je n’ai plus
d’argent sur mon compte pour le billet de train.
-Voyez avec les Effectifs. Dès lundi, vous vous présenterez, en tenue, au
poste de garde, vôtre chien tenu en laisse. Sans faute !
Il faut dire à la décharge
de cet animal que Lobo lui avait exprimé et bien marqué, à ce qu’on m’a dit, son
respect profond, dents sur babines retroussées avec sourd grondement.
Le commandant de Fort
oublia de me dire, qu’à mon retour, je devais vider le fort Coligny (du nom
d’un amiral protestant assassiné à la St Barthélémy… était-ce lui ou un de
ses adversaire catholique qui avait donné son nom au fort ?) oui, je devais vider les
lieux car le « patron » désirait ne plus apercevoir la mauvaise tenue
de l’armée française que je représentais aux yeux de tous nos visiteurs, l’uniforme primant le travail dans l’armée française, on le sait bien.
Et moi, j’étais muté sur un plateau
lorrain désolé battu par les vents, au fortin du Services des Transmissions de
l’Etat-major, le fort de Mourmansk, un alias, qu'on se rassure.
Le vrai nom du fort est
celui d’une ville russe brûlée par Napoléon* mais j’ai juré de fermer ma grande
gueule pour ne pas aider les ennemis de la France, dont les ricains qui nous
espionnaient durant mon Service Militaire et qui, 50 ans plus tard, en
2015, croient toujours que nos présidents français ne sont pas des patriotes mais de bons jihadistes, si j’ose m’exprimer ainsi.
Et dire que nous sommes
les meilleurs amis des USA. On n’ose le croire !
*Ndlr, Gilou voulait-il dire : "brûlée par la faute de Napoléon"? Sans nul doute !
*Ndlr, Gilou voulait-il dire : "brûlée par la faute de Napoléon"? Sans nul doute !
Le commandant ne voulait
plus me voir ? Qu’à cela ne tienne : moi non plus, je ne l’aimais pas,
et penser à toujours l’éviter m’avait donné un de ces torticolis. Même, et même
que je n’avais plus envie de lui tracer la moindre carte météo à cet animal.
Parole d’honneur.
Et voilà qu’un lundi
matin je quittais le fort Coligny accompagné jusqu’à la gare de Metz en jeep, capote
revêtue, Lobo réglementairement tenu en laisse, en direction du Vigan.
Pour le retour de la
mission ? Mais, je pris 11 jours de perm supplémentaires à la santé du
Commandant puis gagnais le fort de Mourmansk qui s’appelait ainsi à cause de sa
position stratégique vers l’est exposée aux bises froides des hivers venus de
Russie.
Dans ce nouveau fort de la
STEM, la discipline était plus que… comment dire… innommable, impayable,
extraordinaire ? Je pourrais raconter ma tenue réglementaire qui s’était
détériorée, mon travail devenu plus qu’approximatif et, tout comme les ricains
aujourd’hui, j’aimais bien espionner au standard téléphonique tous nos
correspondants officiers, les faire attendre, les envoyer sur des voies de
garage… enfin, je me rendais utile dans tous les emmerdements que je pouvais
leur occasionner.
Et même qu'à Mourmansk, on pouvait détériorer un téléscripteur pour
s’amuser, mettre sur le côté un Dodge, aller voler un mouton au fermier du coin
qui s’en vint pleurer au capitaine du fort et autres joyeusetés, en tout bon
contingent français.
Pour le téléscripteur et
le mouton, qu’on mangea, il n’y eut point de coupable : tous l’étaient et
personne ne fut puni car tous furent déclarés innocents pour éviter une « grève »
à la STEM.
Mais, le boulot se faisait
toutefois : on confectionnait des bandes perforées pour les informations chiffrées
retransmises aux américains, aux allemands, aux belges, aux anglais aussi et même au fort de Coligny
pour que les collègues du Service Météo de la 1ère RA puissent
tracer leurs cartes.
En plus du travail, lorsque
les chefs étaient absents, on amenait des nanas qu’on trimballait dans les
grandes caisses de contre-plaqué servant à recueillir les bandes et les papiers
à jeter. Fallait bien s’amuser un peu, non ? Et rigoler ?
Et rigoler aussi, sachant que les civils, chiens compris sont interdits d'espace militaire, mais pas les nanas. Au moins elles n'ont jamais songé à sauter à la gorge du Patron du fort comme Lobo mais pouvaient bien espionner et, vous pouvez comprendre qu'en vidant Lobo, Commandante préférait sa tranquillité à la sécurité de l'Armée. Normal, pour un supérieur, d'ainsi se comporter.
Et rigoler aussi, sachant que les civils, chiens compris sont interdits d'espace militaire, mais pas les nanas. Au moins elles n'ont jamais songé à sauter à la gorge du Patron du fort comme Lobo mais pouvaient bien espionner et, vous pouvez comprendre qu'en vidant Lobo, Commandante préférait sa tranquillité à la sécurité de l'Armée. Normal, pour un supérieur, d'ainsi se comporter.
A Mourmansk, on draguait les
standardistes des PTT alentours. C’est là que j’appris qu’une voix
« jeune » pouvait appartenir à une vielle dame et qu’une voix
charmante pouvait être celle d’un laideron. Mais, on le leur pardonnait et on
buvait un coup avec elles, belles ou laides, jeunes ou vieilles.
Eh, oui ! On
apprenait vite et bien à l’Armée, et j’en ai fait profit. Surtout pour la frappe au
téléscripteur qui me sera bien utile, même à ce jour pour mon blog. Dommage que
le J de mon ordinateur ne tinte pas pour avertir mes correspondants comme celui des téléscripteurs Lorentz d'antan…
Imaginez que je vous
réveille à chaque fois que je tape un J ? Drôle, n’est-il pas ?
Imaginez encore :
-Jeanne, ma Jeanne, ma Jeune rouquine coquine… que J’aimerais à Jamais faire JouJou tous les Jours à vous baiser les Joues. Et vous enJoins de bien vouloir
abaisser tel l'abat-Jour vôtre Joli Jupon Jaune, ce Jupon dont Je n'ose espérer, Jeanne, ma Jeune et Jolie Joliesse !... Oh, Je dois espérer ! 21 coups de sonnette !
Enfin... mal retranscrit : le J était minuscule sur les téléscripteurs.
Enfin... mal retranscrit : le J était minuscule sur les téléscripteurs.
Mais voila que, Lobo rayé
des cadres de l’Armée française sans jamais y avoir été inscrit, mon Service
militaire commençait à me fatiguer. Et le Père Cent et la Quille à
se faire sérieusement languir.
PS : ce jour de notre
anniversaire du vendredi 26 juin 2015, nous voguons allègrement sur le 70ème déclinant.
Et salut à
cette jeune dame de 70 printemps sonnés, Madame ONU.
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