Fanny, pour ne point la fâcher, faisons simple et disons qu'elle fatigue un peu son monde à n’accepter que la
réponse qu'elle désire, la seule qu'elle espère, celle que je ne peux
manquer de lui donner, comme condamné à lui faire plaisir, encore et encore, et sans fin aucune.
Fanny ? Mais, elle est insatiable.
Fanny ? Mais, elle est insatiable.
- Crois-tu qu’ils vont fermer la piscine cet hiver ?… Ah, tu me rassures !
Et le bassin extérieur, non ?
- A mon avis,
oui ! Ils ne peuvent faire autrement.
- Tu vois… tu es en train de me gâcher ma journée ! Tu le fais exprès.
- Pardon ?...
Mais, tu me voulais un avis. Je te le donne.
- Je ne te demandais pas çà… et toi tu préfères qu’ils le
ferment, ce bassin.
- M’enfin, çà va pas !
Je ne préfère rien ! Je me mets à la place de la municipalité et je ferme.
-Oui ! Tu fermes et tu me gâches vraiment ma journée. Merci bien.
-Mais, c'est dingue. Je ne ferme rien, moi ! Et je m'en fous, moi !
-Mais, c'est dingue. Je ne ferme rien, moi ! Et je m'en fous, moi !
A chaque fois que Fanny demande mes choix, je tombe à pieds joints sur la mauvaise réponse, toujours à côté de la plaque. Et, pourtant je fais tout pour lui plaire. Aussi,
commençant à la connaître, je me mets à prendre plaisir à tordre les situations :
- Tu prendras du rouge ou du rosé ? Tu prends quoi ?
Bon : mettons-la en colère. Elle est belle, ainsi, et comme elle n'aime que le rouge, un Laudun de préférence...
- Rouge, rosé ?... Ben, puisque tu me le
demandes et si ça te n’ennuie pas, je pencherais bien pour un petit rosé frais, à se régaler ! Un costière de Nîmes ?
- C’est quand même étrange que tu ne penses pas souvent à moi, mon amour.
Pardon ? Vous aussi
remarquez que ce « mon amour » est bien mal placé. Quoique, pour
signifier que je ne suis qu’un infâme égoïste, bravo ! Et ce « mon
amour » mal léché, je le vois comme une grossièreté bien féminine.
Encore bravo, Fanny !
- Mais, oh, bébé ! Si j'ai opté pour le rosé, mais nom de nom, c’était mon droit parce tu
me demandais de choisir... pardon, tu me demandais si je préférais le rouge ou le rosé. Mais, pourquoi ta question : tu sais bien que je n'aime que le rosé !
Après ? Ma Fanny préfère le rouge, soit ! Pas de problème : on discute en amoureux et on choisit le vin. Simple, non ?
Allez, rien que pour le plaisir de ma belle, je lui aurais laissé la commande de son Laudun rouge, ça tombe sous le sens.
Mais, non. On préfère me voir en égoïste que de discuter de nos préférences. Moi, je vous le dis : Fanny me voudrait la guerre qu’elle ne s’y prendrait pas autrement. Elle pose une question, puis me fait un caprice : mais, elle finira par me faire voir rouge, cet amour de ma vie.
Après ? Ma Fanny préfère le rouge, soit ! Pas de problème : on discute en amoureux et on choisit le vin. Simple, non ?
Allez, rien que pour le plaisir de ma belle, je lui aurais laissé la commande de son Laudun rouge, ça tombe sous le sens.
Mais, non. On préfère me voir en égoïste que de discuter de nos préférences. Moi, je vous le dis : Fanny me voudrait la guerre qu’elle ne s’y prendrait pas autrement. Elle pose une question, puis me fait un caprice : mais, elle finira par me faire voir rouge, cet amour de ma vie.
- M’enfin, Fanny, tu me
demandes d'opter. Et tu refuses la discussion sur le choix du vin.
- Mais je n’ai rien refusé. Tu peux préférer le rosé mais tu aurais pu
choisir le vin rouge en pensant à moi, dis-donc, mon galant.
- Mais, je n'ai pas choisis le vin. Je n'ai dit que mon désir. C'est tout.
- Mais, je n'ai pas choisis le vin. Je n'ai dit que mon désir. C'est tout.
Vous remarquez encore qu’elle
aura eu l’amabilité de me renvoyer à l’amour que je lui devais et à la
galanterie, moi qui pensais que l’amour
ne se peut être un devoir. Comme le devoir conjugal ? Mon Dieu, que cette chose horrible est terrible, dite ainsi !
Parfois, je me demande si
elle ne me manipule pas un peu, la Fanny.
Un peu beaucoup ? Vous trouvez aussi ?
Un peu beaucoup ? Vous trouvez aussi ?
Et si vous commenciez à vous
occuper un peu plus de vos oignons, les amis, hein ?
- Et si nous prenions quelques jours de vacances, chéri ? L’Espagne ?
- Tout à fait d’accord, m’amour !
Tout en répondant à ma
dulcinée qui me perturbe grandement à toujours me contraindre à un jeu de stratégie
où elle excelle, je me dis que l’Espagne, ce ne serait pas bon : j’aime
pas l’Espagne, y-a trop d’ibères.
- Oui, l'Espagne, chérie. C'est bien l'Espagne. Chérie, j'adore l'Espagne, chériiiiie !
-Je t'ai entendu. Pas la peine de le corner, que tu aimes l'Espagne.
-Je t'ai entendu. Pas la peine de le corner, que tu aimes l'Espagne.
-Je vais faire la vidange
de Choupinette (c’est nôtre voiture, je sais, c’est idiot mais elle fonctionne mieux quand je lui dis des mots doux). Ah, je change aussi
les pneus arrière. Les flics m’ont arrêté hier : ils sont au témoin.
-C’est quoi encore que cette histoire de flics et de témoin. Tu
ne penses pas qu’on a assez d’emmerdes comme çà, non ?
Voyez que Fanny est
parfois, en plus de sa bien mauvaise foi, en période de mal entendance.
- La vidange pour l'Espagne ? Pas besoin… Tu serais d’accord
pour l’Irlande ?
Voyez que je ne vous
mentais pas : ce n'est plus l’Espagne. Oui, mais non. Faut la dégoûter de l’Irlande où il y pleut tous les jours.
- Ils prévoient la canicule du siècle, là-bas. Le sirocco qui passe sur l’Espagne, direct du Sahara sur l’Irlande. Rien ne l'arrête...
- D'accord. Tu préfères la Roumanie ou la Pologne Chéri ?
Flûte, alors, voila la Roumanie
et la Pologne réunies. Et, pourquoi pas toutes les Russies, et Depardieu en sus ? Lui ne suce pas que la glace. Oh, non Fanny, pas Depardieu.
- Et toi, chérie, que choisis-tu : la Pologne, la Roumanie ?
- Que dis-tu de l’Allemagne… ou la suisse alémanique ?
- C’est toi qui décides, mon
amour. C’est toi, chérie. Mince, la Suisse ! Hou-là-là !
Résultat ? On a cuit à Messine, mais la Sicile et l’Italie, c’est au soleil de juillet qu’il
faut s'y confronter, me disait mon tendre amour de bien mauvaise foi, en contemplant mon coup de soleil.
Eh bien, ma Fanny, je
ne te vois pas souvent et tu arrives même à me gâcher mes plaisirs de vin rosé et de
vacances que j'espérais en Angleterre.
- Tu préfères le Gide ou le Houellebeq, chéri de mon cœur ? Je prends quoi ?
- Tu préfères le Gide ou le Houellebeq, chéri de mon cœur ? Je prends quoi ?
- Les deux,
mon amour (entre-nous, je ne les ai jamais lus).
-Pour une fois que je sollicite ta sagacité, tu te défiles comme à ton
habitude. Pas gentil, tout çà, mon amour. Pas très homme, non plus, hein ?
- Oui, amour de ma vie, je
ne suis qu’un petit garçon pas gentil, et c’est pour çà que tu m’aimes, non ? Amour, tu m'entends ?
- Oui. Tu préfères mon maillot une pièce pour la plage ou le
bikini, chéri ?
- Tout te va à ravir bien
que je penche pour le rose Vichy du une pièce, et le bikini pour la mise en exergue* de tes
formes, amour.
- Ah ! Et ton choix ? L’un sur l’autre, si je t’ai bien compris ?
Tu as toujours fait montre d’un certain bon goût !
- Tout à fait, Amour. Tout
à fait.
*Ndlr : oui, exergue, si on veut. Pour mettre en relief un buste féminin, le mot est bien joli. Non ?
*Ndlr : oui, exergue, si on veut. Pour mettre en relief un buste féminin, le mot est bien joli. Non ?
Avec Fanny, mes désirs seront toujours des désirs. Ca tombe sous le sens. Et c'est bien ainsi !
« Elle aimait
trop parce qu’elle se rêvait aimante.
Puis vous aima bien moins, ce qui fut bien mieux »
"Toutes fleurs salées" - poème inédit d’Américo MARTINS
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