J'avais bien demandé un ventilateur à la Direction. Par deux fois et par courrier ouvert pour faire se marrer les gardiens. Mon grand âge m'autorisait-il à les amuser avec cette exigence ? Et, pourquoi pas ? Ma lettre était-elle loufoque ? Pas tant que çà. Comme de bien entendu, encore aucune réponse.
Par dépit, et le plus sérieusement du monde, je réclamais un thermomètre, même cassé sur lequel j'entrevoyais de souligner d'un trait au feutre rouge 25 degrés. Pour me rafraîchir, cela va de soi. Curieusement, ma missive déplaisait et pourtant un de ces vieux thermomètres à mercure devait encore traîner dans quelque tiroir du bureau directorial climatisé.
Entre vous et moi, pensez-vous que le vieux détenu Patrice fut aussi bien protégé de la chaleur que Madame la jeune Directrice, un Colonel si je me souviens bien ? Considérant, à tort sa robuste constitution, l'Administration n'aura même pas apprécié l'humour qui induisait pourtant finement une réponse sur cette question du ventilateur qui me revenait de droit...
-Patrice ? Un grand enfant, Madame la Directrice. Un thermomètre cassé ! Pour de rire, Mon Colonel !
Donc, été de canicule dans une cellule impossible à aérer. Merci, mon Capitaine. Que faire le soir, une belote à trois ? Pas marrant. Un autre Scrabble après celui de midi ? Çà "couffle" ! Suivre les infos en continu jusqu'à plus soif ? Toujours des redites avec obligation d'écouter sans même regarder.
Bon... S'isoler dans la lecture ? Encore fallait-il disposer d'un livre. Admettons en avoir déniché un mais, avec la télévision allumée 24h/24, seul outil de culture et de loisir dans le coin, plus tous les bruits et les gueulantes de la prison, se concentrer devenait impossible.
Donc, Mon Capitaine, évitez de me visiter le soir, car rien à boire, rien à grignoter, rien à branler ! Mon ami, on s'ennuie ferme, chez vous.
Après minuit, si la chaleur ne retombait pas ne restaient évidemment que les films de cul plus que salaces pour rafraîchir sans doute quelques souvenirs de tournantes pour certains, donner des idées sur des positions inconnues, consoler de l'abstinence voulue par la Justice causée par l'absence de femmes, m'aider à mieux les considérer, les apprécier et les aimer en apprenant que leur corps leur appartient et, en toute bonne fin, me donner un sommeil vide de tout rêve d'amour chaste.
Ces films furent aussi un excellent remède prévu en guise d’obligation de soins pour remercier nos pointeurs d’avoir osé braver des tabous. Enfin, c'est ce qu'estimaient être de bon ton certains abrutis de l'Administration pénitentiaire.
Les pointeurs du 3ème étage, aussi nombreux qu'au Premier, mais rarement poursuivis par la Justice par manque de plaintes déposées, on peut comprendre pourquoi ne risquaient rien de leurs codétenus. La vindicte des détenus de l'étage des Animaux se faisant à géométrie variable, croyez-le.
Par
contre il me semblait que ce qui devait mettre en colère nos
détenus hyper-religieux devenus moins grossiers en période de Ramadan, car peu nombreux en promenade étaient tous ces corps de femmes dévoilés, une viande sacrifiée donnée en pâture par la Direction à la concupiscence de jeunes mâles en manque de sexe et
d'affection. Merci de penser à nous, Madame la Directrice !
Après informations confirmées, le cul plaisait à tous les étages, sans exception.
Je ne sais dire, mais en prison on fait aussi ça qu’on veut et, religieux bon teint ou pas, on mate l'impure toute nue restée créature de Dieu quand même ! Et puis, pourquoi se gêner à voir une femme se faire tirer d'importance, surtout quand elle est bonne ? Même si c'est en voyeur impuissant ?
Après informations confirmées, le cul plaisait à tous les étages, sans exception.
Je ne sais dire, mais en prison on fait aussi ça qu’on veut et, religieux bon teint ou pas, on mate l'impure toute nue restée créature de Dieu quand même ! Et puis, pourquoi se gêner à voir une femme se faire tirer d'importance, surtout quand elle est bonne ? Même si c'est en voyeur impuissant ?
Accédons maintenant à la cour de promenade : tout un poème. Bien évidemment, avant il fallait passer à la fouille au
corps par les mains gantées en noir d’un gardien qui s'agenouillait au besoin pour s'occuper de vos jambes. Je suis prêt à parier que le monsieur faisait ainsi son exercice physique deux
fois par jour, un autre surveillant comptant en cliquant sur un petit appareil à la main.
-Dix-neuf... Dix-neuf ! lancé aux gardiens du sas d'accès à la cour.
Jouissif, ce contact humain, le seul autorisé par l'Administration, aussi je passais parfois en loucedé dans le dos des gardiens pour me retaper la fouille.
-Vous n'allez pas bien, Patrice ?
-On rigole, Chef... On rigole !
-Pas moi !
Après le sas de détection des métaux ou les plaques en titane de Salah ne posaient plus problème suite à sa remarquée absence heureuse et définitive, je plongeais en plein soleil accueilli par le même détenu de la cour B des Animaux dont je ne me méfiais pas tant j'étais heureux d'accéder à l'air libre... Surprise, surprise : toujours le même vilain groin hilare.
Eh, allez ! Splash ! Encore un crachat souvent sur la joue, comme un baiser collant et baveux d'amoureuse goulue ou sur les vêtements, un de ces crachats qui vous qui traversait les deux grilles en provenance de la cour B en toute forme de salut bi-journalier. Même pendant le Ramadan. J'aurais dû porter plainte pour harcèlement mais, comme le lieutenant à deux pas de moi dans l'ouverture de la porte n'y voyait rien de mal :
-Vous avez vu, mon Lieutenant ?
-Essuyez-vous, Patrice !
Cracher fait partie de la tradition berbère, ne le saviez-vous pas ? Depuis le temps… incroyable ! Quel manque de culture !
Des crachats, disais-je, soit mais pas petits. Que de gros glaviots glaireux à souhaits, gras, lourds, puissants, puants, bien reniflés et remontés de loin, tournés longuement pour être agglomérés en bouche et lancés d'un jet maîtrisé à merveille qui parvenaient toujours à destination accompagné d’un chaleureux :
-Enculé ! Ta mère ! Et, floc ! De côté sur le tee-shirt, le pantalon, la joue, ou sur les manches de l'arrière du pantalon quand j'avais eu le temps de m'éloigner pour l'éviter. Heureusement que l'animal n'arrivait pas à recharger rapidement son lanceur, il lui fallait bien reprendre ses reniflements et ses raclements de gorge à la suite de ce long jet expédié d'un souffle puissant.
Après l'inappréciable Salah, que vous connaissez déjà, voici donc, comme dans une fable de La Fontaine qui débuterait ainsi : "Un barbeau sachant cracher, Après moultes raclements De sa gorge surchargée D'un encombrement, Voulut s'en extirper...
Voici notre salopard qui se voulait un des plus beau spécimen de maquereau, Yacine le Poisson, un rebeu du Troisème. 36 ans à mariner dans son bocal de la prison avec quelques retours à la Grand' C... pour quelques vacances que la Justice lui octroyait pour le reposer de la taule.
Petite frappe se prenant pour un barbeau, tel se présente sous nos yeux ébaubis Spitman, le bien nommé Bou g'hisane, alias l'Homme de Merde, (en français dans le texte), ce tout petit délinquant sexuel (par la taille, par ses appétits sexuels, je ne m'avancerai pas sauf à constater qu'il a écopé de quelques années de prison gagnées de haute lutte, sa seule excuse, avancée par son Conseil résidant dans sa mocheté que même ses parents le lui reprochaient...), Yacine donc, gnome hideux à la Golf jaune jonquille habillé "classe", col de chemise cassé genre gangster des années de la prohibition et qui hantait la sortie des collèges pour harceler les petites collégiennes, notre maître es-crachats autorisé si ce n'est chaperonné par un beau lieutenant de la pénitentiaire se conformant stricto sensu au Code de déontologie.
Répondant à Akim, le boxeur qui lui demandait pourquoi il me faisait chier, notre enflure de chacal osait parler d'amitié :
-Parce que je l'aime bien, Brassens !
Ah, mon gentil Bou g'hisane, que j'aimerais t'entretenir charitablement pour te faire ravaler ta salive jusqu'à te faire rendre gorge. Et toute humanité bien ordonnée, parce que moi aussi je t'aimais bien.
Ce cracheur courageux s’était pris d’affection pour moi comme s’il voulait me faire un cadeau, moi qui venait de fêter mes 67 ans en taule et, faisant du mieux qu’il pouvait, s’enhardissait toujours plus chaque jour parce que le lieutenant de la pénitentiaire, bel homme au demeurant et devant qui il commettait ses cochonneries laissait faire. Voyez qu’avec l’aval tacite du lieutenant, Spitman ne pouvais que se montrer généreux, performant et époustouflant. Un artiste dans le genre.
-Dix-neuf... Dix-neuf ! lancé aux gardiens du sas d'accès à la cour.
Jouissif, ce contact humain, le seul autorisé par l'Administration, aussi je passais parfois en loucedé dans le dos des gardiens pour me retaper la fouille.
-Vous n'allez pas bien, Patrice ?
-On rigole, Chef... On rigole !
-Pas moi !
Après le sas de détection des métaux ou les plaques en titane de Salah ne posaient plus problème suite à sa remarquée absence heureuse et définitive, je plongeais en plein soleil accueilli par le même détenu de la cour B des Animaux dont je ne me méfiais pas tant j'étais heureux d'accéder à l'air libre... Surprise, surprise : toujours le même vilain groin hilare.
Eh, allez ! Splash ! Encore un crachat souvent sur la joue, comme un baiser collant et baveux d'amoureuse goulue ou sur les vêtements, un de ces crachats qui vous qui traversait les deux grilles en provenance de la cour B en toute forme de salut bi-journalier. Même pendant le Ramadan. J'aurais dû porter plainte pour harcèlement mais, comme le lieutenant à deux pas de moi dans l'ouverture de la porte n'y voyait rien de mal :
-Vous avez vu, mon Lieutenant ?
-Essuyez-vous, Patrice !
Cracher fait partie de la tradition berbère, ne le saviez-vous pas ? Depuis le temps… incroyable ! Quel manque de culture !
Des crachats, disais-je, soit mais pas petits. Que de gros glaviots glaireux à souhaits, gras, lourds, puissants, puants, bien reniflés et remontés de loin, tournés longuement pour être agglomérés en bouche et lancés d'un jet maîtrisé à merveille qui parvenaient toujours à destination accompagné d’un chaleureux :
-Enculé ! Ta mère ! Et, floc ! De côté sur le tee-shirt, le pantalon, la joue, ou sur les manches de l'arrière du pantalon quand j'avais eu le temps de m'éloigner pour l'éviter. Heureusement que l'animal n'arrivait pas à recharger rapidement son lanceur, il lui fallait bien reprendre ses reniflements et ses raclements de gorge à la suite de ce long jet expédié d'un souffle puissant.
Après l'inappréciable Salah, que vous connaissez déjà, voici donc, comme dans une fable de La Fontaine qui débuterait ainsi : "Un barbeau sachant cracher, Après moultes raclements De sa gorge surchargée D'un encombrement, Voulut s'en extirper...
Voici notre salopard qui se voulait un des plus beau spécimen de maquereau, Yacine le Poisson, un rebeu du Troisème. 36 ans à mariner dans son bocal de la prison avec quelques retours à la Grand' C... pour quelques vacances que la Justice lui octroyait pour le reposer de la taule.
Petite frappe se prenant pour un barbeau, tel se présente sous nos yeux ébaubis Spitman, le bien nommé Bou g'hisane, alias l'Homme de Merde, (en français dans le texte), ce tout petit délinquant sexuel (par la taille, par ses appétits sexuels, je ne m'avancerai pas sauf à constater qu'il a écopé de quelques années de prison gagnées de haute lutte, sa seule excuse, avancée par son Conseil résidant dans sa mocheté que même ses parents le lui reprochaient...), Yacine donc, gnome hideux à la Golf jaune jonquille habillé "classe", col de chemise cassé genre gangster des années de la prohibition et qui hantait la sortie des collèges pour harceler les petites collégiennes, notre maître es-crachats autorisé si ce n'est chaperonné par un beau lieutenant de la pénitentiaire se conformant stricto sensu au Code de déontologie.
Répondant à Akim, le boxeur qui lui demandait pourquoi il me faisait chier, notre enflure de chacal osait parler d'amitié :
-Parce que je l'aime bien, Brassens !
Ah, mon gentil Bou g'hisane, que j'aimerais t'entretenir charitablement pour te faire ravaler ta salive jusqu'à te faire rendre gorge. Et toute humanité bien ordonnée, parce que moi aussi je t'aimais bien.
Ce cracheur courageux s’était pris d’affection pour moi comme s’il voulait me faire un cadeau, moi qui venait de fêter mes 67 ans en taule et, faisant du mieux qu’il pouvait, s’enhardissait toujours plus chaque jour parce que le lieutenant de la pénitentiaire, bel homme au demeurant et devant qui il commettait ses cochonneries laissait faire. Voyez qu’avec l’aval tacite du lieutenant, Spitman ne pouvais que se montrer généreux, performant et époustouflant. Un artiste dans le genre.
Le Lieutenant, qui ne faisait que son boulot… enfin s’il s’en satisfaisait moi, ce que j'en dis, donc ce grand officier gaillard, (quoique officier, c'est vite dit), donc, ce grand gaillard enveloppant puis enrubannant ce cadeau d'anniversaire pour participer me lançait, à chaque fois qu'il était de service un gentil :
-Patrice, essuyez-vous ! Mon Dieu qu’il était touchant avec ses épaulettes d’officier de la république représentant la
liberté, l’égalité et la fraternité et saluant la performance de Spitman, ce maître absolu es-crachats.
Mais, entre-nous, pourquoi laisser à d’autres ce que l’on aimerait faire soi-même, mon lieutenant ? Je vous le demande, Monsieur l'Officier de la pénitentiaire. Un peu de courage, que diantre !
Ah, Spitman, cracheur du diable de la G'... Combe, comme tu m'aimais ! A nos retrouvailles, je te donnerai une tape dans le dos. En souvenir de nos vacances.
Et dans ta gueule ? Dans ta gueule aussi, mon frère.
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