Prenez des notes, s’il vous plaît. Bien… Dans notre dernier cours, je vous parlais de Socrate et de Platon. Socrate est un philosophe de la parole, tandis que Platon est un moderne, de l’écrit.
Socrate
était moche comme un poul… comment l’écrivez-vous ? Non, André-Charles.
Le mot vient de poulet : le petit poul était un poulet. Avec un x au
pluriel ? Non. Continuons.
Donc, moche soit mais Socrate va développer l’art oratoire dans des joutes extraordinaires qui se donneront devant de grands
auditoires. Socrate a fait aimer l'art des discours mais la jalousie, le conduira à une mort admirable, si tant est qu’une mort puisse l’être.
A la manière
de Platon disputons sur le discours. Et l'écrit.
-Le
discours ressemble à l’écrit. Sommes-nous tous d’accord ?
-Non, monsieur. L’écrit reste. Les
paroles s’en vont.
-Bien, André-Charles ! Mais, ne pensez-vous pas que le discours ne peut être que relaté par l’écrit ? Non? Et vous, Marie-Elisabeth ? Vous nous dites ?...
-Oui… oui et non, Monsieur. Contrairement à l’écrit,
assuré d’éternité, le discours, pour passer
à la postérité se doit d’être retranscrit. Mais le discours peut se suffire à lui même et rester en l'état !
-Bien,
Marie-Elisabeth, l’écrit permet..
-... Oui, mais au risque, Monsieur, de comporter de graves
distorsions qui en altèrent le message. L’écrit, lui…
-Je vous
donne raison, Marie-Elisabeth. Mais encore, et de la force du discours par rapport à
l’écrit ?
-Il est circonscrit à son seul auditoire
captif, en quelque sorte pris en otage par l’orateur, ce qui en fait sa force,
contrairement à l’écrit, plus anonyme et universel.
-Bien,
Michaël. Vous nous revenez. Bien. Je vous croyais encore dans la lune. Oui,
de l’auditoire ?
-Ouais, M’sieur. C’est comme quand je drague
une meuf, m’sieur. J’la baratine, pour la séduire et je lui raconte des
craques…
Ici, pour nos internautes,
faisons un break, une pause dans le beau discours francilien de Monsieur
Mohammed du 9 au cube nôtre département 93, la Seine Saint-Denis, le lieu par
excellence des rois de France.
Mohammed voulait simplement dire que, lorsqu’il veut séduire une femme (une meufe, ou fe-meu), il lui raconte de belles histoires en menteries poétiques. Convaincre et séduire. Bravo, Momo pour le discours !
Mohammed voulait simplement dire que, lorsqu’il veut séduire une femme (une meufe, ou fe-meu), il lui raconte de belles histoires en menteries poétiques. Convaincre et séduire. Bravo, Momo pour le discours !
-Très
bien, Mohammed: convaincre en vue d’un but recherché : la séduction.
Mais, n’est-ce pas aussi ce que se propose l’écrit ? Et dans ce cas, nous
pourrions dire que l’art oratoire et l’écriture se rejoignent. Oui, Roger… Non ?
René ? Antoine ? Delphine ? Victoire… oui ?
-Le discours a un effet d’immédiateté qui en
fait sa force et sa faiblesse. Contrairement à l’écrit.
-Mais encore, Victoire, en quoi la
puissance du discours, sa force sur l’auditoire…
-Oui, monsieur. Le discours doit avant tout
choquer, forcer, séduire avant que de convaincre. Il ne permet pas toujours la réflexion dans l’instant. C’est
sa force et sa faiblesse, cette captation, cette relation hypnotique sur l’auditoire.
-Rappelez-moi,
Victoire... vous voulez rajouter encore quelque chose ? Oui ?
-L’écrit forge un rapport singulier, duel, auteur-lecteur.
L’affect est pourtant contenu dans le style de l’auteur entre autres.
Et pourtant, la distanciation est bien présente par le temps, le lecteur n’étant pas captif et obligé de lire le livre. Pourtant, la force de l’écrit vient de cette distanciation par la relecture et l’étude approfondie à tête reposée : c'est le lecteur qui devient acteur dans sa relation à l'auteur par l'outil de médiation qui est le livre.
Le discoureur se sert de phénomènes de foule, qui entraînent bien trop souvent la conviction, alors que l’argumentaire ne tiendrait pas au plus petit examen critique. Voilà le pourquoi de la force des discours politiques sur des foules captives, affectives, déjà gagnées à l'argumentaire du bonimenteur.
Le discoureur se sert de phénomènes de foule, qui entraînent bien trop souvent la conviction, alors que l’argumentaire ne tiendrait pas au plus petit examen critique. Voilà le pourquoi de la force des discours politiques sur des foules captives, affectives, déjà gagnées à l'argumentaire du bonimenteur.
Les
méthodes d’écriture et de parole ne visent qu’un but : par la
séduction du verbe, il faut marquer les esprits, être persuasifs. La séduction est mise au
service de la persuasion dans tous les cas de figure. Pour que ne reste que
l’idée, but de l’écrit ou du discours.
Deux
véhicules bien différents : parole, écrit. Un même but : convaincre,
et rester dans les mémoires de l’auditoire ou du lecteur par le moyen des idées
forces, raccourcis, et d’images choc.
Et que la pensée condensée devienne vérités pour rester à la postérité, en usant et abusant de la séduction, levier extraordinaire qui fait mouvoir l'humanité.
-M’sieur… et la mort de Socrate, vous n’en
parlez pas !
-C’est
vrai, Mohammed. Eh bien, vous assurerez le prochain cours sur Socrate. Vous choisirez soit sa mort, soit son procès ou ses derniers jours. Merci,
mesdemoiselles, messieurs. Le cours est terminé.
Attendez-moi,
Mohammed. Vous nous montrerez que les discours de Socrate ne nous sont
restitués que par les écrits de Platon,
passé maître dans l’art du pastiche.
Platon aura fait
revivre, par ses écrits, le plus fidèlement l’art oratoire et la figure de son maître, Socrate.
-Le
disciple dépasse le maître. Alors, Mohammed, dépassez-moi, je vous prie.
Dimanche 12 mai de l'an de Grâce 2013 de N.S. J-C. Et amitiés à la Victoire.
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