La fable du Juge... bon enfant*- 2

... ou la farce des Moyen-âges. 
 

Le racisme ordinaire. Nous avons vu Momo devant ce juge unique* qui siégeait seul. 

Il ne s’agit pas de faire, ici, le procès de la justice, sachant que le comportement de Madame le Président est bien trop banal pour inquiéter. En effet, je n’ai vu aucun des avocats présents, si prompts à enfourcher leurs grands chevaux pour défendre le droit, la procédure et leurs clients, en somme la liberté, se lever comme un seul homme contre cette dame peu compatissante et peu républicaine. Mais Juge quand même.

Ah, s’il s'était agi de Jean-Marie Le Pen, les feuilles des journaux en auraient fait leurs choux gras.
Ndlr : Un juge peut être unique et siéger seul sans qu'il y ait pléonasme. Eh, oui !

Le jeune prévenu avait tout accumulé contre lui, comme par un fait exprès. On pouvait comprendre Madame la Présidente :

- Mohammed, cela ne fait pas chrétien, que je sache, quand bien même il n’y serait pour rien dans le choix de ce prénom. Mais ses parents auraient dû anticiper, quoi ! Ils vivent en France, non ?

- Mohammed, jeune homme de vingt ans ne travaille pas encore, alors, là !

- Mohammed ? Vous avez dit, Mohammed ? Les Mohammed seraient-ils tous délinquants ?

- Bien ! Bonne tête d’arabe avec ce faciès qui fait si peur au bon bourgeois dans la rue. Hou-là-là ! Un  Nordaf ("arabe" ou berbère, c'est selon). 

Dangereux, les Mohammed. A se prémunir de ces habitués des tribunaux français et algériens. Ah vous voyez bien : ici, c’est comme là-bas, dis, mon frère !

- Momo, jeune, gueule d’arabe quoique français, détenu déferré* devant son juge. Oui, j'ai bien dit juge.
Donc, Momo est déferré devant une dame qui siège en juge et qu’on aimerait moins un tant soit peu plus républicaine.

*Déferré : enlevé les menottes en fer, quoi !
 
Le procureur l’a jugé dangereux. Sur quels critères me demanderez-vous ? Mais, on s’en moque : on nous fait comprendre qu'ils sont grave puisqu'il est incarcéré. Aussi, le juge ne prendra  même pas le temps d’étudier l’affaire. Qui tient le pari ?

- Ne comparaissant pas libre, on espère, on prie, que dis-je… on supplie, en silence pour qu’il écope d’une condamnation lourde en expiation de ses fautes, le Momo, et qu’il réintègre illico la prison, SA prison en fin de SON procès, mais surtout, qu’il n’en sorte pas avant longtemps. Merci pour lui et pour nous. 

- La Juge, pour faire plaisir aux relents qui traînaient dans cette salle d’audience, nous ravira d’une juste peine de prison, bien longue et qui couvrira la détention plus que préventive du Momo, vu que l’instruction a bien traîné, n’est-il pas ? Il faut ce qu'il faut :
C’est un «arabe», comprenez-vous ? 
La France ne sera pas condamnée par l’Europe et pourtant, la peine de prison fut lourde ! Hé, hé ! Alors, on s’en fout de Momo.

La Présidente n’est pas raciste mais, quand elle voit un tel type, elle dérape en imaginant Mohammed sur sa route. Elle tient à sa merci ce genre de jeune qui la fait mourir de peur panique. Elle le condamnera, non pour ce qu’il a fait, mais pour ce qu’elle croit qu’il pourrait commettre et pour la peur rétrospective que lui et ses semblables lui occasionnent. Et pour punir tous les autres qu’elle ne peut saisir.

Madame le Président fêtera ce soir l’Aïd à sa façon,  son mouton noir entre ses serres. Tu vas voir comment elle va te le sacrifier, son bouc émissaire de tous ces délinquants. Point barre ! Et foin de justice qui, on s'en doute aura été respectée !
*Ndlr : on devrait dire Le président. Les fonctions ne se féminisent pas. Elle est raciste ? Je serais jean-foutre.

Le racisme en question de point de vue ? Si tu es reconnaissable à ta gueule, à ta peau, ou étranger, pauvre, mal aimé pour d’incroyables raisons  déraisonnantes, alors tu as du souci à te faire, aussi tu paieras pour l’autre toi-même qui te ressemble physiquement.

« Si ce n’est toi, c’est donc ton frère » disait si joliment La Fontaine pauvre de toi ! Mais, c’est la vie, mon frère Momo.

Une Black et une Beur au Gouvernement socialiste. C’est beaucoup mais c’est peu. Que pouvons- nous en déduire ? Que le gouvernement représente bien la France, tout simplement. Puis, en y réfléchissant un peu plus longuement, on pourrait dire qu’il y aurait comme un malaise en France.

Rassurons-nous : nous ne sommes pas racistes en France quand bien même le racisme ne serait que d'état.

Ce 6 décembre 2013. Le Vigan.