vendredi 26 décembre 2014

Un banc peut cacher le soleil* !


La Noël des SDF d'Angoulême.
Mille excuses, René mais, dans mon lit, en peignoir éponge, ordinateur sur mon giron, perdu dans mes écrits de Noël tandis que Fanny préparait le petit déjeuner, je n’avais pas lu ton mot accompagnant le dessin de la crèche sur le blog du 25 décembre. Tu écrivais sur ma boite mail : 

-Compte tenu de l’actualité, je te conseillerai de rechercher l’âne de la crèche à Angoulême. 
Imagine que je me suis demandé si tu n’avais pas quelque souci avec les organisateurs du Salon de la BD. Alors, moi et tes problèmes, tu peux comprendre que je n'ai pas percuté !

Mais, à mon réveil, le lendemain de Noël, c’est Fanny qui me dit :
-Chéri de mon cœur, va aux infos. Vite ! Doudou, c'est à se demander si la Mairie d'Angoulême, n’aura pas voulu se faire un peu de publicité mercantile ! 

Mais, non. Sur le Net, j'apprends que, de concert avec les commerçants du quartier, la ville avait trouvé judicieux d’encager les bancs publics pour y interdire la venue des SDF !

D’après la Charente libre, neuf bancs près d'une galerie marchande du centre-ville avaient été enceints* d'un grillage par le Maire UMP « pour décourager l'installation de sans-domicile fixe et marginaux ». *Oui, j'aime à dire, et c'est d'un drôle! Enfin, je trouve, moi!
 
Ce journal indique encore que la Mairie d’Angoulême avait « reconnu un dysfonctionnement », et qu’il n’était pas exclu de « retirer provisoirement les grilles », (enlèvement qui sera effectué dans la nuit de Noël), en raison de la dangerosité de ces cages, deux adolescents facétieux s’y étant introduits !

-Mince, alors, bon René, j’aimerai connaître le génie municipal qui a conçu et construit ces grilles, ainsi que les personnels municipaux qui les ont érigées sans sourciller ni rechigner, sachant qu'elles mettaient en danger les SDF. Mais, dans quel monde vivons-nous ?
  
La Mairie d'Angoulême tient à rassurer ses commerçants en promettant que les dites grilles, objet du scandale seront réinstallées, si possible pour le réveillon de la Saint Sylvestre. Il suffira juste de les rendre plus étanches et moins  dangereuses, ô ! mais pas l’inverse, je vous prie. Pensez à la sécurité des SDF, si ce n’est à leur confort. 

Vous me direz qu’en cette ville, peu sympathique au demeurant on aura fait un peu plus fort qu’en d'autre villes où, pratiquement tout le mobilier urbain aura été adapté sournoisement depuis longtemps pour éviter que les SDF ne s’y  allongeassent. La chose finement et rondement menée déclencha peu de réactions outrées.

Angoulême ne veut même pas qu’ils y posent leur cul pour se reposer. 

Tiens, René, il faudra que je te retrouve une lettre que je faisais en 1996 (ou 97) à un Maire communiste normand dans laquelle je dénonçais sa politique touristique qui consistait, dans un premier temps, à chasser ses SDF du centre-ville par sa police municipale puis à fermer, au motif louable d'une bonne gestion municipale, tous bains-douches, toilettes, WC, points d’eau et tous bancs publics afin que les marginaux ne fassent plus tâche et aillent s’installer dans les villages voisins plus accueillants parce que n’ayant pas de budget conséquent pour une lutte anti-SDF.

Que voulez-vous, en France résoudre un problème consiste souvent à le déplacer ailleurs ou à n'en plus parler. Parfois, même il suffit de le déclarer tout simplement résolu même si, même si...

Veux-tu que je te montre le cadeau imaginé par ce méchant petit Maire pour remercier Gilou de son humanité de bon communiste ?
Il a envoyé sa gentille missive de bon enfant malicieux au cabinet de Madame le Substitut du Procureur de la République qui, ne l’aimant pas lui enverra deux inspecteurs à son domicile (je dis bien : deux inspecteurs)  qui attendaient des précisions sur ses doléances pour donner suite à l’affaire.

Les deux policiers nationaux rigolaient en relisant la lettre :
-C’est bien vous qui avez écrit que depuis que les chiottes, bains douches et toilettes municipales avaient été supprimées par le Maire, il ne restait plus aux sans abri que d’aller se laver le cul et caguer dans la mer ? Vous avez bien écrit: se laver le cul ?
-Oui, je reconnais. Oui, il me semble. C'est incorrect ? 

-Amusant ! Vous êtes amusant. Tiens, là aussi… Bien écrit, Monsieur Patrice, quel talent d’épistolier !
-Je vous remercie, Monsieur. Voyez comme je me suis appliqué à ne pas me foutre de la gueule du Maire !
-Vous trouvez ? Parce qu'ici, quand-même, vous poussez fort : accuser le Maire d'utiliser le Centre aéré pour que ses copains communistes parisiens viennent, en 4x4 faire la fête le W-E, attention, Monsieur PATRICE, faudra prouver tout ça.
-Tout à fait. Je reste à votre disposition pour vous donner une flopée d’immatriculations !

-René, sais-tu comment finit l’affaire ? En flop. Par contre, les SDF étaient tenus de s’inscrire au Foyer du Tonkin pour se domicilier administrativement, quand bien même ils n'étaient pas hébergés. Tu me dira :
-Et c’est tout ?

-Non, ce n’est pas fini : à quelque temps de là, vivant moi-même en fourgon, je dû m'inscrire à ce foutu foyer annamite et je reçu un jour commandement  à payer des impôts locaux. Tu me diras que ce n’était que la moitié des impôts exigés des non-SDF. Un comble, non ? pour une Mairie Communiste !

-Et la taxe d’enlèvement des ordures ménagères, c’était pour que tu dégages ton fourgon domiciliaire ?
-Trop drôle, René, LOL !

M’enfin mon ami et Maire d’Angoulême, pourquoi avoir déclenché cette tempête médiatique : il suffisait d’enlever tous les bancs de la ville et, ni vu, ni connu, je t’embrouille et personne n'aurait eu à y redire… Pas futé, Monsieur le Maire.


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