De l’Instruction
Publique à l’Education Nationale. Qu’est-ce que ce glissement, ce tsunami aura
changé dans les mentalités et le savoir faire des Instituteurs, et autres
Maîtres et Professeurs des écoles? Et quel en est le solde en matière
d’instruction, de scolarité, d’éducation et de réussite?
Changer de
nom, c’est bien… mais pour quoi faire? En devenant Professeur des Ecoles, l’Instituteur, le Maître
traditionnel a-t-il changé sa façon de travailler? De solitaire dans sa classe,
de maître seul à bord de sa section, a-t-il appris l’utilité et les bienfaits
de l’équipe? Et cette équipe, amène-t-elle un mieux dans son travail, ses
méthodes, la discipline et les réussites scolaires? Parce que c’est de cela
qu’il s’agit. Et de l’élève! Avant tout!
Mais encore,
l’échec scolaire inhérent à tout modèle d’instruction-éducation a-t-il régressé
en changeant de raison sociale? Education, Instruction… Qu’est-ce qui change
vraiment?
Vous me
direz, on s’en contre-fiche, pourvu que nos enfants aient le bagage scolaire
suffisant pour réussir leurs études.
Milieu des
années 60, j’étais éducateur-scolaire. Nous récupérions des jeunes de 14 ans
qui ne savaient ni lire ni écrire. Ils sortaient tous du système scolaire
national. Des pas doués, quoi. Des laissés pour compte du système normal. Trois
ans d’alphabétisation, de rattrapage scolaire et d’éducation à Morfondé,
Villeparisis donnaient des résultats extraordinaires.
Il faut dire
que nos méthodes étaient bien particulières et que nos Instituteurs et
Educateurs-scolaires, sous la direction d’André FERRER, expérimentaient leurs
propres méthodes pour les mettre en commun dans une équipe réelle, soudée,
réactive, s’adaptant aux progrès et reculs des élèves. Les Maîtres étaient
solidaires de l’enseignement et du suivi des autres Instits, les effectifs
extrêmement restreints et les heures de cours réduites. Et les réussites des
uns enrichissaient les autres.
Notre seule
préoccupation était le progrès des élèves. Nos
résultats intéressaient-ils le système scolaire général? Que nenni. Pourquoi?
D’abord, parce que nous travaillions dans le secteur privé. Ensuite, parce que
nous fonctionnions en francs-tireurs de l’instruction professionnelle et que
nos méthodes ne pouvaient être adaptées à des classes de 30 et plus, avec des
journées trop longues.
Nous étions
convaincus que l’instruction ne doit pas fatiguer l’élève qui n’est pas une oie
au gavage!
Nos
résultats prouvaient que nous pouvions donner la même instruction avec le même
niveau d’études que le système traditionnel dans un temps très court et avec
des moyens plus que réduits. Et surtout, corriger les défauts du système
scolaire traditionnel trop lourd.
En tant que
spécialistes de l’éducation-spécialisée, nous avons toujours considéré
l’Education Nationale et l’Instruction Publique comme des monstres incapables
de se bonifier.
On fait des
réformes, des réformettes, des études, des colloques, des enquêtes, des
circulaires. Mais rien ne bouge parce que l’inertie de la machine est telle
qu’elle ne peut que freiner. Même si tous les intervenants scolaires le voulaient,
rien ne pourrait évoluer. Le danseur, en surcharge pondérale ne peut pas bouger
son cul. Le maître de ballet n’y peut rien…
Changer de
raison sociale ne fait pas avancer la résolution de l’illettrisme, de l’échec
scolaire. Pourquoi? Simplement parce que l’Instruction est du domaine de l’art
dans un rapport singulier Maître-élèves, tandis que l’Education tourne autour
d’une notion sociale: les enseignants forment l’Equipe éducative. Mais une
équipe éducative pour quoi faire? Eduquer, enseigner? Va savoir. Drolatique!
Pour que
l’Instruction Publique soit efficace, il faut et il suffit de disposer de
Maîtres. Et de tout mettre en œuvre pour parvenir à ses buts: donner une
instruction suffisante et valable permettant de pouvoir progresser dans ses
études. L’instruction est donc du domaine du solitaire, seul Maître à bord
avant Dieu, (les hussards de la République étaient souvent athées) et la
relation duelle Maître-élèves se situe dans un espace clos: la classe
appartient au maître. Les élèves aussi.
Nous
disions:
-Mes élèves ont un appétit d’apprendre.
Impressionnant! Et toi, ou en es tu avec tes élèves?
Le seul
volet éducatif de l’instituteur se résumait à l’Instruction Civique accompagnée
d’une discipline de fer à l’intérieur de la section.
Pour ce qui
est de l’Education Nationale, la notion d’équipe est fondamentale. Seulement,
une équipe est comme un bateau. Il faut un bâtiment solide capable de traverser
les mers, résistant. Un bon équipage, un excellent capitaine. Des directives
claires, des missions réalisables.
Seulement
voilà, dans l’Education Nationale, comment travailler en équipe dans un système
de fou dans lequel personne ne veut ou ne peut collaborer ou obéir, ou
comprendre l’intérêt commun? Même avec toute la bonne volonté du monde, la
solution est qu’il n’y a pas de solution!
L’Instruction
Publique centre le rapport Maître-Elèves et ne s’en éloigne jamais. Il s’agit
toujours d’instruction dans le sens de l’enseignement de matières nécessaires à
la poursuite d’une scolarité harmonieuse. Il n’empêche que la formule a aussi
ses échecs parce que tout réside dans les qualités du Maître. Son Art. Et,
malheureusement, tous les Maîtres ne se valent pas.
A l’inverse, pour l’Education Nationale, le
fondamental est l’équipe. Educative par principe. Si donc le terme d’éducatif
se substitue à celui d’enseignement, on ne peut plus parler d’instruction,
parce que l’on ne saisit pas ce que l’éducatif vient faire dans le système
scolaire. A part de pallier les problèmes de discipline? Et quand les problèmes
de discipline sont trop prégnants, l’enseignement devient impossible. L’art du
maître ne sert plus de rien.
Convenons
qu’éducatif et scolarité forment le mariage de la carpe et du lapin. Qu’en
pense l’église? Prévoit-on des manifs contre ce type d’union contre nature?
J’irai manifester, croyez-le.
Le rapport
de base est donc faussé: les problèmes sociaux, éducatifs, souvent de l’ordre
de la discipline piègent la relation enseignants-élèves. De plus, maintenir en
classe des élèves qui ne reçoivent aucun bienfait de l’éducation nationale
n’est pas la meilleure chose. L’éducation nationale a intérêt à créer des
sections d’apprentissage valables pour ceux qui vomissent le système normal.
Vous me
direz que, dans le secondaire, les élèves ont affaire à de nombreux enseignants
à l’inverse du primaire. Je dirai : qu’il y en ait un ou dix, qu’est-ce
que cela change? Pourvu qu’on ait des Maîtres. Et de préférence, de bons
maîtres bien formés.
Que
l’enseignant redevienne Maître de sa discipline et de sa classe. Qu’il tende
vers l’excellence dans sa matière. C’est la condition nécessaire et suffisante
pour que les choses aillent mieux.
Parce qu’aucune
équipe éducative ne palliera jamais le mauvais maître.
De mes
«Cévennes». Le 15 février An de Grâce 2013. Et que ceux qui me préfèrent plus
primesautier veuillent bien m’excuser de ce petit en-cas que je m’offre.
Promis. Je reviendrai au suçotage! A Dan!
Ndlr: l'Instruction Publique devient Education Nationale en 1932! L'équipe éducative apparaît par décret en 1990.L'instituteur devient professeur des école en 1989 et l'IUFM remplacera l'école de formation des maîtres.
De 1950 à 1958, mes instits étaient encore des maîtres modèle 1932. Puis, au collège et lycée, mes instituteurs modèle 1932 étaient devenus professeurs...
L'Education Nationale est longue à bouger son c.. je le disais!
Ndlr: l'Instruction Publique devient Education Nationale en 1932! L'équipe éducative apparaît par décret en 1990.L'instituteur devient professeur des école en 1989 et l'IUFM remplacera l'école de formation des maîtres.
De 1950 à 1958, mes instits étaient encore des maîtres modèle 1932. Puis, au collège et lycée, mes instituteurs modèle 1932 étaient devenus professeurs...
L'Education Nationale est longue à bouger son c.. je le disais!
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