vendredi 8 février 2013

L’invendu parvenu* !

Monsieur le Maire, juste un petit coucou pour te souhaiter une bien bonne
-Non, Gilou, pourquoi pas : holà, vilain ! S’il te plaît ! Bien civil ! Et poli, tu causes au Maire !

Monsieur le Député-maire, salutations. Par la présente, je tenais à vous
-…tu disais, Rolando ? Il a été boulé, comme un lapin ? Pierrot, il n’est pas député ?
-Je veux, mon n’veu ! : une veste aux législatives. Si ! Américo dit une vestasse. Pas vrai ?
-Pourtant, avec Rolando, j’avions voté pour lui. Il est encore Conseiller-général au moins ? Donc :

Monsieur le Maire et Conseiller-général. Je tiens à te remercier pour la gentille carte postale qui se serait perdue dans ces longs couloirs sombres et froids de notre Maison d’arrêts, classée seconde au Guide des prisons
-… au Patrimoine, Gilou ! Au patrimoine ! des plus belles Maisons fleuries de France et d’Europe.
-N’importe quoi, Rolando !
-Non, Rolando, inscrite au Patrimoine des plus belles Maisons closes de France. Ca te va, Gilou ?
-Arrête, Pierrot ! Classée seconde au Guide des prisons les plus encombrées de France.

-Moi, Américo, je dis impossible. Im-pos-sible ! C’est sacré !
-Tu disais, Rico ? Que le courrier est du domaine du sacré pour l’Administration pénitentiaire ? M’enfin, elle ouvre, photocopie, transmet aux magistrats instructeurs et autres Procs, et parfois, s’amuse à faire languir, à différer ! Mais tu le reçois toujours, le courrier, mais en es-tu bien sûr ?

-Invendu ou non, une lettre parvient toujours à sa cellule destinée ! L’honneur des prisons est en jeu !

-J’ai entendu, Américo ! J’ai entendu ! Bien !
Et, au diable ce courrier, à la fin. Etait-ce si important de m’écrire en prison ? Je ne sais. A la ligne !

Monsieur le Maire, je ne suivrai pas ces fâcheux qui disent que ma détention ne t’importait. Non ! Je sais pertinemment que tu m’auras écrit. A preuve?  Tu ne peux pas ne pas m’avoir écrit. C’est ainsi… Et voilà tout ! ... la missive s’est perdue ! Point barre !
Le Vieux Pont du Vigan avec son arbre immense de beauté majestueuse ! Un incunable sans doute, en carte postale !

Nous t’imaginons à ta table, maculant de gras de canard et de rouge cet invendu, certes, mais carte tout de même. Tu écrivais à ce cher concitoyen qui, pleurant en sa cellule, télé allumée du soir au matin, bouffant des films de culs et du rugby de Canal +, ou l’inverse…

... enfin, bref ! Bouffant encore et écrivant sa longue lettre à laquelle il aura rêvé une réponse carte-postale en mots affectueux : mots ni pensés, ni écrits, ni envoyés… mon Dieu ! je les vois en écriture ronde avec des pleins et des déliés et cette encre violette délavée : Cher, très cher concitoyen et néanmoins ami !

Comme dit si bien Pierrot : Rien ne ressemble plus à la réponse d’un âne à la longue écharpe blanche négligemment glissée sur l’encolure que celle du fringant alezan en costume trois-pièces de serge gris-clair. Que de belles ruades à te mettre cul par-dessus tête en perspective. C’est ainsi que l’âne et le cheval envoient leur courrier-réponse. Toujours civilement !

-Gilou, j’espère que l’âne et l’alezan ne sont ni Rolando, ni Monsieur le Maire. Ou inversement !
-Je me comprends, Américo. Et c’est Pierrot qui le dit ? L’écharpe de l’âne, c’est Américo dixit.


Monsieur le Maire a oublié de nous répondre en prison ? Eh alors ! Nous ne lui en voulons pas car il a fait œuvre utile en évitant tous ces tristes sires, solitaires en diable, désespérés en misère, engeance de malheur si contagieuse. Que Dieu nous en préserve.

Et, que diable, les enfants ! Cessez de vous amuser. Que vos crécelles aillent aux pestiférés : ils en feront bon usage. Mais, de grâce, qu’on arrête enfin de se sentir obligé d’une réponse aux fâcheux.

Et, comme dit si gracieusement Rolando : une carte-postale, un invendu parvenu, un introuvable ? Mais, cela prend de la valeur… Chouette ! Et merci bien, on se paiera une bouteille de Pastis !

Et puis, les plus belles cartes sont celles jamais envoyées car elles contiennent tous les possibles et ont le mérite d’apparaître dans notre imaginaire… oui, notre imaginaire…

-Faudra que tu nous expliques, Gilou-Gilou.

-C’est de la poésie, Monsieur Américo. De la pure poésie ! …dans notre imaginaire. Alors, nous saurons qu’elles auront réellement existé !

Merci et Bonne et heureuse année 2013, Monsieur notre futur député-maire du Vigan.

Gilles, ton ex-administré et néanmoins ami de Sumène, le 4 février An de grâce 2013.

PS : Si un jour tu te retrouvais en Prison, promis, juré, je te l’achèterai… oh, que non ! Nous retrouverons la crécelle de notre enfance et te l’offrirons bien volontiers. On apprend vite à la faire tourner ! Oh, oui ! 
Comme on apprend vite à tourner dans la Cour de la Prison. 

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Deuxième illustration : LE VIGAN C'EST VAIN. Comme l'énonçait si bien Lavoisier : "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme."

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