-C’est mon copain, il s’appelle Parfait,
répondit d’une voix douce la fillette, je
l’ai rencontré ce matin sur les Champs Elysées, et après on a joué aux jardins
des tuileries.
Sa mère ne disait
rien, les regardant d’un air soupçonneux et soupe au lait. Elle avait dû
cohabiter avec la beauté dans sa jeunesse car une photo accrochée aux murs
laissait deviner ses anciennes mensurations (90.60.90) et le présent en avait
créé d’autres, nettement plus généreuses (135.120.135) ayant des traits communs
avec un petit bonhomme nommé Bibendum.
Sous sa robe
de tissu fin s’arrêtant aux genoux, on pouvait apercevoir, arrivant jusqu’au
sol, de longues et grosses jambes qui auraient fait baver de bonheur un
charcutier consciencieux sachant que:
-Dans le cochon, tout est bon! comme
disait le tripier du coin de la rue.
L’ambiance
redevenue plus amicale, ils invitèrent le camarade de leur fille à dîner avec
eux. Parfait refusa poliment prétextant que sa mère l’attendait et qu’elle
allait s’inquiéter, de peur que les bestioles accrochées au papier collant tue
mouches ne tombent dans la soupière.
Il partit
d’un pas pressant après avoir donné rendez vous à Isabelle pour le lendemain
matin. Pour une fois, il ne musarda pas en chemin de peur de se faire gronder.
Arrivé chez lui, il retrouva sa mère toujours
derrière sa planche à repasser ne s’étant pas aperçue de son absence.
Le
lendemain, comme prévu, ils se retrouvèrent au Jardin des Tuileries pour
recommencer les jeux débutés la veille.
Puis, les
jours et les mois passèrent semblables aux précédents, lui avec son béret bleu
marine, ses tâches de rousseur sur le nez et son short en laine, elle avec sa
capeline, ses cheveux bouclés et sa robe à fleur. Ils étaient heureux et
insouciants.
Et, dans ce
Paris de leur enfance et dans ce Jardin, les oiseaux étaient heureux. L’un
d’eux les a regardé et ils l’ont vu. Puis, le bel oiseau chanteur s’en est allé.
Longuement, ils l’ont cherché des yeux, tout tristes de ne point l’apercevoir à
nouveau. Alors, ils s’en sont allés main dans la main par les rues encore et
toujours heureux.
Cet oiseau,
Parfait et Isabelle l’appelleront l’Oiseau Bonheur et n’auront de cesse de le
retrouver dans le Jardin des Tuileries, s’arrêtant parfois dans leurs jeux, nez
au vent pour tenter de l’apercevoir.
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