-"Nous avons loué votre beauté, belles dames, avons continué, un tant soit peu à montrer nos Cévennes jolies et leur magnificence, chanté ensuite toute notre amitié à Rolando, Pierrot, Américo, Antoine, Jacques, Carmen, Julie et tous les amis qui nous supportent, mis en lumière mon Café des Cévennes, dit tout le bien que nous pensons de René et de ses illuminations adorables, suçoté de belles mignardises... ah, ces petites mignardises à vos oreilles chuchotées, il ne nous restoit que de la cuisine à vous bien entretenir...
... et enchanter votre palais pour vous inviter au royaume de René, celui de la bonne bouffe cévenole!"
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Un repas cévenol honorable !
Un soir que j'estois dans une famille cévenole, la mère pour bien me montrer que je faisois partie de la maisonnée m'a offert le repas qu'on ne mange qu'entre familiers :
-Soupe de châtaignes, Sanquet et Tripes de poule.
Quelle déconvenue à 13 ans, le mauvais âge pour goûter à toute nouveauté, parce qu'à part le couscous de ma mère, le roasti suisse-allemand, les plats simples de pauvres auxquels j'estois habitué, carottes, navets, courgettes, pois-chiches, le sanquet... pouah !
Et pourtant, le sanquet, c'estoit un plat de roi, sorte d'omelette avec des oeufs, du sang et du pain, un plat qu'on ne déguste qu'en famille.
Avec le sanquet, il y avoit aussi la soupe. De châtaignes. Horreur ! Il faut savoir que cette soupe ne se mange qu'entre-soi, entre amis et qu'on offre que si on vous le demande.
Excuses ! Ne me parlez pas de la soupe de châtaignes cévenole. Je ne la supportois même pas en peinture, et pas plus à ce jour !
La cuisine cévenole, je n'ai jamais su ce que c'estoit... Et je mourrai sans le savoir, étant peu ou pas invité. Peut-être mon caractère... mauvais, vous avoient dit ?
Et, c'est donc à l'initiative de René que cette petite rubrique gentillette et agréable vous est offerte !
Quoiqu'il en soit, étant un tant soit peu intelligent, nous affirmons que la Cévenne a toujours été pauvre. Donc, elle s'est farcie une cuisine de pauvre. Qu'on se le dise.
Reconnaissons toutefois qu'en notre petite ville du Vigan (environ 4000 âmes... enfin, pas toute charitables, croyez-moi) il y avait 7 à 8 boucheries, dont une chevaline et au moins deux charcuteries. Ce qui signifie un abattoir qui tournoit, disons qui tuoit pas mal, façon malheureuse de dire pour tous les abattus !
Le viganois mangeoit beaucoup de viande. Mais, ceci estoit certainement dû aux temps modernes lorsque le nylon et le bas des années 50 à 80 avoient enrichi les bonnetiers, épiphénomène viganois !
Pour moi, le seul apport culinaire cévenol estoit la confiture de châtaigne.
Et les fromages de chèvres de tante Jeanne, la tata de Claudius. Un régal. Elle est n'est plus comme ses fromages de chèvres : morts et enterrés.
Un désastre... ainsi que sa recette avec les herbes qu'elle utilisoit pour la marinade d'olives sauvages, perdue aussi. Mais moi, à l'époque, j'estois trop jeune pour avoir copié cette recette qu'elle me donnoit généreusement. Faudroit me mettre sous hypnose pour la retrouver cette maudite recette. Je suis d'accord pour ce faire.
Nous disions donc : confiture de châtaignes, fromages de chèvre, si possible de tante Jeanne, ses olives marinées dans des herbes, et les oignons. Ceci clos pour moi tout le champ de la cuisine cévenole ! Alors ce sanquet ! Horrible.
Les parents de Claudius m'aimoient beaucoup. Jean et Andrée estoient adorables. Et, lorsque l'on sait que le cévenol ne t'invitera jamais, sauf s'il te considère de la famille, tu peux comprendre qu'ils estoient heureux de recevoir ce petit prince que j'estois à l'époque et vouloir me faire aimer ce qu'ils prisoient par dessus tout.
Ce sanquet, je m'en serois bien passé. Quant aux tripes qu'ils dégustoient en connaisseurs, comprenez qu'il falloit bien leur dire que c'estoit excellent. Mais j'en estois à la limite de la nausée...
Et pourtant, soyons honneste: la rivière estoit connue de tous temps comme pourvoyeuse de truites et de poissons blancs pour la soupe (arêtes enlevées) sans oublier les écrevisses cévenoles célèbres.
Et pourtant, soyons honneste : le cévenol chasseur, et le gibier abonde. Petits oiseaux, grives, merles, garennes, lièvres, même écureuils, sangliers, cerfs, chevreuils...
Et pourtant, soyons honneste : le cévenol, voyageur par nécessité et par goût a sans doute rapporté des recettes étrangères.
Et pourtant, soyons honneste : un cochon cévenol élevé par famille a toujours été de tradition.
Et pourtant, restons honneste : notre région a toujours été un lieu de passage entre les versants atlantique et méditerranéen, entre Causse et Cévennes, entre plaine et montagne et donc brassage de pratiques culinaires.
Et pourtant, affirmons qu'il n'existe pas une cuisine protestante et catholique différenciées en ce pays cévenol.
Et pourtant, le mouton, le chevreau, et les champignons...
A mon cher René BOUSCHET : si je n'avois pas dit du mal de cette cuisine cévenole, jamais, René tu n'aurois écrit sur notre blog. Tu as une jolie plume, faudra bien continuer !
A dater de ce Vendredi 29 mars, le blog comptera deux plumes : René et Gilou. Nous espérons que Françou nous rejoindra.
Excuse, René, mais ce premier texte m'est sorti du coeur... Amitiés culinaires.
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