Le Tréport en Normand*.

Le Tréport, en Normandie, l'une des trois-villes-sœurs avec ses trois ports que l’on devine, mais aucun à Mers les Bains, la picarde et encore moins à Eu, la royale, dans les terres. 

Christine, aurais-tu une histoire intéressante sur ta ville, le Tréport ?

-Prier pour donner ! Comme disait ma mère.

-Ce qui veut dire, ma jolie ?

-Allez prier à l’église puis, en sortant, donnez au mendiant. Expression tréportaise pour signifier tout et son contraire : qu’il n’est nul besoin de prier avant que de donner. Ou qu'il faut demander à Dieu avant que de donner… ou encore, si tu veux que je te donne, tu dois me prier. Et en dernier ressort, je te prie d’accepter un don. Tu kiffes, Gilou ? (Trad. Aimes-tu, Gilou ?).

-Intéressant, Christine, mais tu commences par une saillie sans queue ni tête, si tu permets…

-Je pourrais te parler des chats du village, des miens, de ceux qui me visitent et que j’adopte, de ceux à qui je fais traverser la rue en arrêtant les voitures… Gros-Paquet, rapatrié d'Espagne, la lumière de ma vie, devenu aveugle, Cobra, le gentil matou et la toute petite Pépète qui m’aime, me suit et me fait des bisous sur la bouche, comme si j’étais sa mère, pour l’avoir recueillie et sauvée… Même que je fais le signe de croix pour qu’il ne leur arrive pas malheur en traversant la rue. Tu me veux une histoire ? Mais pas de chat ? 

-Effectivement moi et les chats, tu sais… les chattes ? Bof !

-Et Pépète qui se roule dans mon soutien-gorge lorsqu’il traîne… Non ?

-Sauf si tu nous donnes des mensurations, et encore, vu qu'à nos âges ! Mais, non, je rigole !

-Alors,écoute voir, toi aussi, Rolando, l'histoire de l'écharpe tricolore de notre bonne Ville. Voilà :

"Le 23 juin 1940, alors que la population était réunie en l’église Saint Jacques dans l’attente d’une messe, le maire, Monsieur LEVILLAIN fit poser son écharpe sur l’épaule de Sainte Thérèse pour implorer sa protection sur le Tréport, sur la Normandie, sur la France.

Par ce geste, en quelque sorte précurseur de celui de l’Eglise nommant le 3 mai 1944 Sainte Thérèse de l’enfant Jésus patronne secondaire de la France, notre petite cité normande se confie à la Sainte, et la France entière lui remet ses destinées.

Depuis 1946, en juin, chaque année la population va en pèlerinage à Lisieux où une messe d’action de grâce est célébrée.

En Novembre 1989, cette écharpe a été volée".

-Belle histoire, Christine. Mais, racontée ainsi, elle nous laisse sur notre faim, non ?

-Explique-toi.

-Le 23 juin 1940, l’écharpe, la patronne secondaire de la France : fais nous participer à la cérémonie, je ne sais pas mais, quand Levillain fit poser le tissu… l’a-t’il mis personnellement ? On reste sur notre faim. Des détails, s’il te plaît, ma bonne Christine.

-Ben, le 23 juin 40 Pétain fait don de sa personne à la France. Mais si… Pétain et cette pagaille ! Tout le Nord de la France et l’Est sur les routes. Paris ville ouverte. La branlée de chez branlée. Il faudra 111 Nations pour venir à bout de l’Allemagne et de l’Italie, puis du Japon. D’où l’O.N.U.

Ben, ici chez-nous, LEVILLAIN, maire du Tréport faisait don de son écharpe tricolore d’édile pour sauver la patrie, la ville, la Normandie. Ce n’était pas beaucoup mais, beau geste quand même, non?

-Et le Tréport a été préservé ?

-P’tete ben qu’oui… P’tete ben qu’non ! (trad. Normande : chi lo sa ?). Tu sais bien que non !

-Pourtant, vous avez un crucifix monumental en fer forgé en protection. Le curieux est que l’on signale une date, l’endroit de la forge du donateur mais pas le nom de ce ferronnier. Merci bien : donnez pour prier, on oubliera toujours votre nom.

-C’est vrai que la mesquinerie te guette, Gilou : je te raconte une belle histoire et tu critiques la ville.

-Mais encore, depuis le vol de l’écharpe en 1969, le pèlerinage à Lisieux a-t-il continué ?

-Zut !

-Christine, si je critiquais ce serait sur l’octroi qui a été remis en place par votre municipalité gauchisante.

-Et où les verrais-tu ces bornes d’octroi, Gilou ?

-Tu fais quoi des horodateurs ? Du vol, oui. 0,70cts la demi-heure. Que dis-je : du racket parce qu’on a le culot de te signaler que l’appareil ne rend pas la monnaie. On te vole et on te dit qu’on te vole... honnêtement ! Elle est bien bonne, celle-là. Mais, que font la police municipale et les autres flics ?

-Mais, c’est normal. C’est pour régler le stationnement, fluidifier la circulation en ville…

-Ouais, ouais. La circulation monétaire. Samedi et dimanche compris. 9h-19h30. Honteux.

-Sept jours sur sept que tu donnes à la ville, et les municipaux ne se reposent jamais, ne vont jamais à la messe le dimanche. Normal, une municipalité doit toujours demeurer laïque. Je plains leurs femmes (au pluriel, je vous prie). 
Moi qui suis pauvre, pour aller à la Poste je dois stationner à plus de 500 mètres pour aller signaler, avec mon pote, la perte de sa carte bleue. La chienlit. Aller-retour, un kilomètre. Et revenir chercher le carnet de chèque oublié par Rolando, le tout en courant. Encore un aller-retour d’un Km… Pour une fois que la Poste n’y est pour rien dans ces tracasseries et ces lenteurs, fallait le signaler. Aux Tréport, leurs agents (es) sont très serviables et souriantes, bon point pour la ville. 
Mais, mauvais pour le municipal stationnement.

-Si tu vas à la mer, tu en as pour plus de 17,50 euros par jour. Bonne école pour les pauvres au Tréport, messieurs de la communale. Deux jours de stationnement et tu vends ton slip de bain pour pouvoir te baigner dans la Manche quand elle n’est pas trop froide, à 19° ces temps-ci. Alors, là, nouvelle contravention aux bonnes mœurs. On n’en sort pas des vacances tréportaises de Monsieur Culot.

Et puis, avec les horodateurs, une autre chose m’énerve : il manque un S pluriel au nom de la ville puisqu’il y a trois ports. On devrait écrire TREPORTS. Ce serait plus correct et régulier, quoique nous sommes en Normandie. Et, là, je ne jurerais de rien.

-Donc, mon histoire d’écharpe ne te plaît pas ?

-Mais non, Christine, mais, a-t-on eu des nouvelles du voleur ? Ce bien mal acquis aura-t-il profité au coquin ? Est-il mort après son larcin, aura-t-il laissé cette écharpe à ses hoirs ?  Y aurait-t-il eu plainte déposée ? Les chevaux lui auraient-il été favorables au Tiercé ? Au Loto, a-t-il eu les boules heureuses, un bon tirage avec sa copine ? On est en droit de savoir.

-Parole. Je ne te raconterai plus d’histoire. Fini-ni-ni. Si c’est pour poser ce tas de questions imbéciles.

-Mais, non, Christine. Nous devons soigner nos lecteurs. Par exemple… oui, par exemple, et si… Et si cette écharpe avait servi à des pratiques magiques si courantes en pays de Bray ? Tu dis quoi ?

De source sûre, Christine, Rolando a mené son enquête minutieusement. Sache pour ta gouverne… ou plutôt pour ton information, que de nombreuses annonces dans le quotidien Paris-Normandie, puis plus tard dans les journaux gratuits, ont été très régulièrement rédigées par de nombreux chrétiens haut-normands pour retrouver l’écharpe de Sainte Thérèse de l’enfant Jésus.

De source plus que sûre, il semblerait que cette écharpe aurait disparu dans l’incendie d’une maison près de la côte. Ceci appert d’appels téléphoniques anonymes, peu nombreux il est vrai, passés auprès des services de Police par ce qui semblerait être des proches du voleur qui aurait péri dans l’incendie.

De plus, un bout de papier anonyme glissé en mai 1981 près de la statue de Sainte Thérèse quelques jours après l’élection de notre regretté Président François demande son pardon à la Sainte pour l’élection de Mitterrand qui aurait pu être causée pas ce vol.

Notre enquête nous a rapproché des pompiers du Tréport pour tenter de retrouver la maison incendiée, sachant qu’il y avait eu une victime. Nous avons été envoyés sur les services d’incendie jusques à Dieppe : malheureusement, il sera impossible de localiser cette maison sinistrée. En effet, le feu est une calamité normande en ces pays de froidure, de pluie, de solitude et de pauvreté.

Certains commerçants tréportais, et poissonnières, tenus au courant de nos recherches, nous suggèrent de demander à Monsieur le Maire du Tréport de faire don de son écharpe tricolore et de la placer sur l’épaule de Sainte Thérèse en l’église Saint Jacques. Avec le pactole de ce stationnement abusif en leur bonne ville (qui nuit surtout à la liberté du commerce), le coût d’une telle étoffe ne grèverait pas trop le budget communal. Merci pour eux.

LEVILLAIN, Maire, a été capable de faire un don à l’Eglise, aux heures difficiles de 1940. Un auguste Maire de Gauche se doit de réparer l’outrage qu’un mécréant, un de ses administré sans doute, peut-être même un de son propre bord aurait commis contre le Culte. Ce beau geste serait bien vu des populations et, qui sait, aux prochaines élections, un élu du Tréport  (le Maire, pourquoi pas ?) pourrait siéger au département et à la Région, Sainte Thérèse intercédant, sans nul doute. Oui... Soyons-en certains.

Monsieur le Maire de ce joyau de la côte d’albâtre, votre écharpe d’édile siérait à Sainte Thérèse.

A tout le moins, déposée délicatement sur son sein, je vous prie.

Et, soyez-en ainsi remercié pour votre bonne ville des Tréports, de Sainte Thérèse et de l'enfant Jésus !

PS : la Sainte patronne secondaire de la France est Ste Thérèse de l’Enfant Jésus. Mais, qui serait la première? Mais, bon sang, mais c’est bien sûr ! Ce ne peut-être que la Jeanne. Qui n’est ni rouquine, ni coquine. Mais qui est aussi ma copine.