mardi 28 janvier 2014

Carol's santiags*! -3rd.


Dis-moi, Carole, as-tu du coeur ? Non. Aussi, je me suis choisi une autre nana simplement en changeant de prénom. Punie, vilaine Carole. Je préfère finir notre histoire. Ça t’apprendra ! 

Notre love story devait se vivre à deux. Comment pouvais-je te signifier, Carole ce que Roxane, américaine comme toi, peut entendre ? Il ne s'agit pas d'intelligence mais de coeur !

Oh, Roxane, que j'aime les américaines. Dites-moi pourquoi, et hors des USA, de préférence ! Et surtout quand elles m'emmènent faire un tour dans leur jet privé !

L’aéroport de Sydney. Je sais qu'un beau jour Roxane, tournera, le dos à notre histoire et s’en allant vers son destin. Mais, quelles fesses dans ce jean un peu large.

Et les hanches de Roxane, Carole en aurait été jalouse. Ne les comparez surtout pas ! Elles n’en voudraient qu’à moi. Et, lorsque Roxane m’aura abandonné, ainsi que n’aurait pas manqué de le faire Carole si je l'avais maintenue dans cette historiette, seul dans cet aéroport de Sydney... 

... alors j'aurais continué à contempler ses fesses pour la dernière fois. Et Roxane disparaîtrait à jamais de ma vie !
Suis-je coquin quand je dis que la dernière chose que l'on voit lorsqu'une femme vous quitte, le regret de tout homme, cet ultime regard sur l'objet de tous désirs ne peut se fixer que sur des fesses ? Mais, que de chagrin à chaque fois !

Quant à moi, j’ai toujours dans le nez les floraisons de belle Carole. Excuse, Roxane, ma belle paysanne américaine, mon anglo-arabe qui prise la terre, les chevaux, les beaux étalons et leurs rodéos. Ce petit retour à la nature chère à notre Rousseau s'imposait, mais la Carole, quelle nature !

Belle Roxane partira, je le sais, sans un regard en arrière tandis que j'emprunterai l'escalier Roulland pour m'envoler vers Hong-Kong. Mais, que dire de plus ? Comme tous les derniers rendez-vous, les dernières chances : ratées. 
Et ce sac en bandouillère… Horrible ! J’ai failli courir après toi pour te dire d’en changer, mais j'ai pensé à mon vol.

Pourtant, Roxane, pourquoi encore et toujours le même mauvais goût que Carole ? Qu'ai-je fait au bon Dieu, moi qui n'aime que le charme de la parisienne ?
Que je t'adorais quand tu te faisais désirable, tant belle et si nue, ravissant tous mes matins. Mais, lorsque tu t'habilles de la même longue écharpe mauve ou rose, le même jean délavé... Quel goût Roxane, Carol. Echangeriez-vous vos fringues entre filles pour vous enlaidir à souhait ? Et ce même coup de peigne de folles !

Mais, je dis: 
-N'aimerions-nous que la beauté et par malheur sommes-nous encore tombé sur des santiag, même si portées par de jolies jambes ?
Certes ! Et Roxane qui cherchait la monnaie dans la poche de son pantalon pour payer nos verres dans ce vaste aéroport austral :
-Non, j’ai à payer, Djilles ! disait-tu. Que cette façon de mettre la main dans ton jean pour régler nos consommations faisait masculin ! Mais, bon. J'espérais que toi, Roxane serait moins garçonne. Pas de chance !

Je me suis toujours trompé dans la vie. Le choix de mes femmes sera toujours délicat, parce que la beauté, comprenez-vous... Et dire qu'une seule nana m'aurait suffi pour toute la vie ! 
Le goût de mes dames serait-il plus judicieux que le mien ? Ne nous avançons pas trop, sachant Roxane plus perspicace que Carole, la paysanne plus douée que l'intellectuelle artiste, douée en amour, il va sans dire ! 
Et pourtant, les amours s'inscrivent dans l'humaine catastrophe toujours annoncée en ruptures.

Avant mon départ pour l’Australie, Rolando m’avait bien prévenu :
-Il eut fallu que tu sois plus moche pour vivre heureux. Les filles ne t'auraient pas remarqué. Evertue-toi à ne jamais t'embellir : les belles aiment les vilains pour ne pas se les faire subtiliser.
-Ho, Rolando, quelle belle langue... s'évertuer... il eut fallu !

Quel raisonnement spécieux : un moche avec une jolie nana serait loukoum pour ces dames qui aimeraient bien faire coucou la belle. Ne serait-ce que pour, de la nature malgracieuse à leur endroit, se venger ?
-Mais, rassure-toi. Tu rencontreras la dame qui remplacera Carole. Attends-toi à ce qu'elles se ressemblent toutes même en Australie. Toujours dans la même ornière, mon Gilou.
Rolando était dans le vrai. J'ai rencontré Roxane. Un autre malheur à ma vie d'artiste. 

Encore une bombe A américaine, avec ce même petit trait de crayon d'un rose à lèvres, discret appel au plaisir de mordre dans la pomme à belle dents.
Parfois je me dis que Barbara, mon organiste qui tabasse toujours son orgue serait dans le vrai. Il faudrait que les hommes aillent d’urgence consulter. Mince alors !
J’en veux à ma mère de ne pas m’en avoir parlé du genre :
-Gilino, il n’est point de retraite sexuelle pour les hommes. Alors que les femmes… Penses-y !

-Offrons-nous un bijou. Un solitaire. Mes petits moyens ne me permettent que ce seul signe extérieur richesse : une belle nana. My girl. My only girl !
Et, tant qu’à faire, payons-nous la Roxane, après la Carole. Le plus beau bijou du monde. Que tous meurent de jalousie et que, vite, que  j’aille à leur enterrement.

Carole, aura été ce nuage d’amour dans ma tasse de thé, elle, trop artiste, sensible à l'extrême, ingérable. Maintenant, je te préfère Roxane, mon rêve ! Ma paysanne. Oui, mais le rêve ne durera pas car il faut toujours se réveiller un jour.
Et, Dieu, dans sa grande vilenie m’a permis de vous désirer toutes deux en même temps, et à toujours courir lorsqu'un joli jupon se soulève... oh ! même bien légèrement ! quitte à refermer mon désir sur le vent du rien !

Mais, toi Carole… nous étions du même millésime. Il devrait y avoir péremption au niveau de la date des désirs physiques. Je ne devrai plus te désirer que mentalement, en artiste. Ce n’est pas Dieu possible, ce désir immense, insistant, chevillé, pénible à vivre, inassouvissable !
Ma Roxane est plus jeune que toi. Quel bonheur. Deux mois de moins ? Seulement, dis-tu ? Mais, cela fait toute la différence : un gémeau, signe astral équilibré, c’est mieux qu’un bélier austral inquiet. Oui mais... tout est impossible !

Mais, trop, c’est trop. Dire que nous aurions dû nous rencontrer il y a des décennies. Mais, où étiez-vous et que faisiez-vous loin de moi vivant sans moi, toi Carole et toi, Roxane ?
Vous êtes comptables de ce qui nous arrive. Mon désir est toujours présent, enraciné dans le bonheur comme un arbre planté par mes parents. Et vous… où se situe votre désir ? Et, que vous êtes belles, à croquer !

Carole, n’est pas jardinière d'amour et n'a pas su planter son désir. Mais Roxane n'est pas plus douée !
Carole super, super nova, bonsoir ! Roxane, jeune soleil, espoir !
Et, s'il te plaît Roxane, ne portes pas les santiags de Carole. Elles ne te vont pas.

Et puis, dans cet aéroport de Sydney, Roxane s'est éloignée dans son jean et ses santiags, et il m'a semblait qu'en longeant une grande baie vitrée, son reflet me renvoyait Carole, Carole qui, pour la première fois, portait une robe légère aux vives couleurs... Et il m'a semblé que les deux filles, l'une réelle et l'autre reflet, se donnaient la main en s'éloignant, perdues dans cet immense couloir des pas perdus...

Puis, elles se sont mises à lancer un palet et à jouer à la marelle sous le regard de leur vieux papa. Merde, la vie fait vieillir... le savais-tu ?

De le Vigan en Cévennes le 28 janvier 2014. Et, bon anniversaire, Céline.





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