Oh, oui, mon cadeau à mes 6-7 ans était des bottes d’un
rouge improbable que je ne rencontrerai plus jamais dans ma vie. Tout bonnement,
de petites bottes de cuir offertes à Noël, un jour que nous étions partis de
Yakouren sous la neige pour ravir de nos chants la Mission de Tizi-Ouzou, à 48
km de là. En 1951-52 ?
Des bottes ravissantes, pour la neige, identiques à celles
du Père Noël, et qui avaient le petit défaut de déteindre même par temps sec pour
colorer tes pieds en rouge brique rien que par la sueur.
Non, non, ce n’était pas marrant. Inquiétant, oui, parce que quand tu es petit, tu ne te fais pas à cette vision des choses.
Non, non, ce n’était pas marrant. Inquiétant, oui, parce que quand tu es petit, tu ne te fais pas à cette vision des choses.
- Maman !
- H’la !
(Isane, si vous préférez. Ou merdum en latin de cuisine).
Mais, elles étaient tant belles, mes beautés que, même 61
ans plus tard, je les revois, tout attendri. Alors, comme j’ai toujours choisi,
aussi bien les pâtisseries que mes dames en ne me fiant qu’à mon œil, je me dis
que ces belles bottes auraient dû m’enseigner que le choix par la beauté peut
se révéler plus que néfaste dans la conduite de ses amours, et donc de ma vie qui aura souvent déteint.
J’étais fier de ces bottes et, par souci d’économie, je
les portais pendues, attachées par leurs lacets. Et je déambulais pieds-nus, même
sur la gravelle des routes et les chemins forestiers au grand dam des Mamies et
de Fatima, ma mère. Parce que ces bottes-là, on ne les chaussait pas, Monsieur.
Non! On ne les chaussait pas!
On les exhibait, Monsieur, portées autour du cou. En parure.
On les exhibait, Monsieur, portées autour du cou. En parure.
Mais, par un phénomène que je ne m’expliquais pas, mes
pieds grandissaient et mes bottes devenaient de plus en plus dures à enfiler.
Oui, parce que mes belles bottes, je ne les mettais qu’à l’intérieur, pour ne
pas les salir.
Alors, ce qui devait arriver fut qu’elles me furent trop
petites et qu’on les offrit à un plus jeune frère d’adoption qui, lui, semblant
plus équilibré que moi, les enfilait normalement. Et ce fut un des premiers
gros chagrins de ma vie.
Mes autres cadeaux furent les couvercles des boites de
lait Nestlé des colis de Noël* qui nous parvenaient de
Suisse tous les mois. Et, à chaque ouverture c’était Noël pour
le lécheur. Alors, on guettait Fatima et son ouvre-boites pour avoir ce bonheur
que je ne vous raconte pas de se couper la langue à ces couvercles encore
tout pégueux (collants) de lait condensé
sucré.
Oui… ce couvercle! Un seul couvercle à la fois, ma mère
n’ouvrant qu’une boite par jour. Un seul heureux récipiendaire (on peut dire ainsi pour un cadeau?).
*Noël pris dans le sens ancien de "Joie!" en liesse collective.
*Noël pris dans le sens ancien de "Joie!" en liesse collective.
Mes plus moches cadeaux? Par exemple les plus attendus,
ceux de ma mère qui avait décidé une fois pour toute de m’offrir à chaque Noël
des pyjamas, dont un rose vichy de coton
qui n’aurait pas déparé si la Gay Pride avait existé dans le temps.
- Maman, arrête avec les pyjamas! J’en ai plein.
- Mon fils, il faut
se couvrir quand on dort. C’est pas bien…
- Arrête,
maman. Je ne peux même pas les offrir, ces pyjamas. Non mais, tu me vois les
donner?
- C’est cadeau, mon
fils. C’est pour toi.
Le seul pyjama qui me fut utile fut un bleu-nuit qui
ressemblait avant l’heure aux joggings. Et les copains me disaient:
- Mais, tu cours en pyjama!
- Eh,
alors. Qu’est-ce que ça peut te faire? Je cours, non?
Mais, j’en ai déjà parlé dans ce blog.
Mes autres cadeaux? Clara me les offre, souvent
des pulls de prix, des cachemire, des écharpes, le tout accompagné de chocolats
et de cette marque particulière d’affection de toutes les femmes qui aiment
leur parentèle. Et qui le montrent par ce toucher en sorte de roulement de
l’étoffe entre le pouce et l’index, comme on le ferait pour froisser un billet
de banque mais plus pour simplement jauger de la qualité du vêtement.
Ce geste me rappelle ma mère qui me caressait la manche puis lissait ma poitrine du plat de la main comme pour repasser l’étoffe et, dans ce mouvement, je voyais bien son regard juger de l'effet produit par son pull en cadeau... et, à qui pourrait-elle offrir le même?
Ce Noël 2013, ce sont encore ces chaussettes que Clara
m’offre. Toutes de la même couleur et du même modèle. C’est un des cadeaux les
plus utiles que je connaisse. Parce que, la même couleur du même modèle, pour
moi qui suis tant dans la lune capable de sortir avec deux chaussettes
de couleur différente* (oui, je préfère le singulier)…
*Non, le pluriel est ici contre-indiqué!
*Non, le pluriel est ici contre-indiqué!
Cette année, un beau cadeau m’a été offert pas Anna et
Carlo, mes gentils logeurs. Oh, quelque chose de simple: un carton avec une
courge, des pommes de terre, des conserves maison (du coing, des cerises au
sirop, des légumes cuisinés), du Comté et plein de pommes de variétés
différentes.
Quoiqu’il en soit, échanger ou vendre un cadeau
sur eBay, c’est avoir été mal élevé. Alors, j’ai enfilé le pull, mis mes chaussettes,
regretté mes bottes, et dormi tout nu. Excuse maman!
Et puis, une soupe de courge et de pommes de terre
avec des oignons grillés, c’est un régal de roi pour ces fêtes. Avec quelques châtaignons aussi?
Et merci encore.
L'illustration de René: Merci, Thérèse! C'est un beau cradeau!... Heu... un beau cadeau!
-Si je ne peux pas le revendre sur eBay, je le fourguerai à Zézette.
Et merci encore.
L'illustration de René: Merci, Thérèse! C'est un beau cradeau!... Heu... un beau cadeau!
-Si je ne peux pas le revendre sur eBay, je le fourguerai à Zézette.
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