- Ah ? Toi aussi !...
- On te l’a déjà
dit, hein ?
- Oui. Mais venant de toi !
Mon pote Markus m’étonnait par cette réflexion en forme de n'importe quoi, sachant que l’on ne se
voit que trop rarement. Nos rencontres qui marquent notre vie, en font le tempo, donnent de la saveur au temps qui passe.
Alors, pourquoi dire que je parle trop alors que je me satisfais du strict minimum comme dans tout dialogue entre deux amis ? Pourquoi ?
Attention, sachez qu'on se téléphone peu, en vieux de la vieille, ceux des lettres, des cartes postales, satisfaits par cette communication plus que restreinte. Alors, dire que je parle trop...
Alors, pourquoi dire que je parle trop alors que je me satisfais du strict minimum comme dans tout dialogue entre deux amis ? Pourquoi ?
Attention, sachez qu'on se téléphone peu, en vieux de la vieille, ceux des lettres, des cartes postales, satisfaits par cette communication plus que restreinte. Alors, dire que je parle trop...
D’un autre côté, c’est mieux ainsi car, quand on se rencontre
on a accumulé beaucoup de choses à
partager et plaisir de se voir. Sans parole, ou si peu !
Hé bien oui. Figurez-vous que, lorsqu’on se voit, on se
parle peu, sans parole perdue, si j'ose dire et qui devient l'habitude des vieux couples, en partage de la vie.
Alors, on se
dit peu de choses comme pour ne pas perdre deux fois le temps qui nous manque déjà. Sans doute pour n'être pas contraints à revivre deux fois les mêmes évènements. Et c'est suffisant.
- Oui, tu parles
beaucoup trop, Gilles !
- Beaucoup ou
beaucoup trop, Marc ?
- Attends : ne joue
pas sur les mots !
- Ah, non. C’est le trop qui m’interpelle. Parce que
parler beaucoup est une chose mais, lorsque tu ajoutes le trop, c’est comme, par
exemple dire que la source coule, ou qu’elle coule beaucoup et pour finir dire
qu’elle coule trop ou mieux encore, beaucoup trop. Moi, j’y vois des
différences essentielles. Ah, tu saisis la nuance ?
- Si tu le dis. Mais
en quoi…
- Mais non, c’est toi qui le veux. Oui. Et en quoi c’est gênant de parler beaucoup ou
trop ?
- Par exemple, dans
ton blog quand tu présentes ta mère. Ah !
- Et, qu’est-ce
qu’elle a ma mère ?
- Tu dis qu’elle
n’aime pas les fleurs et qu’elle te le fait savoir grossièrement !
- Mais, non.
Elle est nature. C’est ainsi.
- Penses-tu à tes
gosses, à tes parents ? Ils doivent avoir honte !
- Honnêtement,
si c’était le cas, je leur dirais qu’ils ne comprennent rien à mon discours.
- Oui, mais, ce
discours, comme tu dis, on pourrait s’en servir contre toi !
- Entre nous, je
n’en ai rien à cirer de ce qu’on peut dire ou penser de moi.
- Non, mais c’est
pour ta mère.
- Mais, Markus, ma mère, je la fais revivre dans mes textes lorsque je cite ses dires. Je crois bien qu'elle aurait adoré. Oui.
- Mais, Markus, ma mère, je la fais revivre dans mes textes lorsque je cite ses dires. Je crois bien qu'elle aurait adoré. Oui.
- Et puis, quand je
parle de ma mère, sais-tu que je l’appelais la vieille ?
- Pardon ?
- Ben, oui, ma
mère je l’appelais la vieille, ma vieille si tu préfères.
- Ce n’est pas
possible. Et, elle, qu’est-ce qu’elle en disait ?
- Ce qu’elle en
disait ? Là, mon vieux, je te trouve bien trop indiscret. Si je te le
disais, tu risquerais de me dire que je parle beaucoup trop, et trop de ma mère,
non ?
-Ah ! Et puis, Marcus, je ne parle pas trop, mais j’écris trop.
Pour ça, oui. Et ce n’est pas la même chose. Tous les psychologues te le
feraient remarquer.
L’écrit et la parole participent tous deux du discours
profond de l'être, sauf que l’un est construit, voulu, désiré et cherche à
atteindre des buts autres, trop souvent cachés, tandis que la parole, plus viscérale, immédiate, procède de l’intime, de la familiarité, de la singularité. Voilà, le mot est dit : le discours parlé tient de
la "parole donnée", de la séduction, de la vie. L'écrit procède du charme et de la beauté. Et de l'éternité.
L’écrit se compose de deux discours parallèles, l’un offert au
lecteur inconnu qui le sirote à sa façon, et l’autre, parole totalement
différente dans ses vouloirs, offre une "relation-plaisir" éternelle.
Remarque, Marcus, que ta parole t’engage dans une manipulation de l'autre, sorte de baise couillon, sachant que le couillon... Tu saisis la nuance ?
- Oui, mais non ! Pas d'accord.
- OK. Si je
gueule : « Au secours ! » ou si je l’écris, vois-tu la différence ? Parce que
si tu réponds à mon écrit, j’ai le temps de me noyer. Tu me diras que c’est
impossible de se noyer et de l’écrire en même temps. Comprends-tu ?
- Peut-être mais, si
tu appelais à l’aide, je serai toujours là pour toi.
-C’est cela,
c’est cela, mon bon Markus : tu a compris mon discours.
PS: dois-je dire à Markus pourquoi j’appelais ma
mère la vieille sans trop dire et parler ? Je ne sais. Et si je le laissais mitonner
pour lui apprendre à trop parler pour ne rien dire ?
Parce qu'à dire que je parle trop, il va finir par m'énerver, le Markus.
Parce qu'à dire que je parle trop, il va finir par m'énerver, le Markus.
Le Vigan le vendredi 3 janvier 2014, date anniversaire de Patricia en Cévennes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire