La Mort
actée ou la Générale de ma mort ou encore,
..."en souvenir de ma mort prochaine..."
Je sais qu’un jour il me faudra, ô tristesse trépasser en vous tirant ma révérence. Alors, quelqu’un descendra le rideau du théâtre de ma vie puis, remisant le brigadier, m’offrira ce grand repos. Alors, je vous éblouirai de tous les sunlights de ma gloire posthume.
..."en souvenir de ma mort prochaine..."
Je sais qu’un jour il me faudra, ô tristesse trépasser en vous tirant ma révérence. Alors, quelqu’un descendra le rideau du théâtre de ma vie puis, remisant le brigadier, m’offrira ce grand repos. Alors, je vous éblouirai de tous les sunlights de ma gloire posthume.
- Et si tu m’organisais, mon petit Rolando
une représentation théâtralisé de ma mort ?
- Je vois, Gilou
que tu es fou. Tu attireras le malheur en jouant avec la mort. C’est du
n’importe quoi.
- Pas tout à fait, Rolando. Parce que la
mort n'est que pour ceux qui suivent l’enterrement. Tu vois ? Moi, j’aimerai y assister pour avoir un
avant goût de la chose. Et puis, savoir si je vous ferai de la peine en
dégazant, et que dira-t-on de moi, les pleurs, les rigolades, les moqueries.
Et qui viendra.
- Et pour ta
mort que tu entrevois… tu mourrais quand, hein Gilou ?
- Que dis-tu de 2045. Beau chiffre. 2050
serait mieux mais, faut pas trop en demander, non ?
- Si c’est en 2050, j’aurais 37 ans de
plus. Nom de Dieu ! Tu te moques de moi, Gilou : cela me ferait 122 ans. Jeanne
Calmant. On se foutra de moi. On m’appellera la doyenne. Non ! Démerde-toi tout
seul. Je ne serai plus de ce monde à t’aider. Déconner avec notre blog,
d’accord, mais là ! Dis, pour me faire plaisir, ne pourrais-tu hâter l’heure
de ton trépas ?… Quand même, entre amis !
- Attends, Rolando. J’ai dit : imaginer. Pas
pour de vrai. Bon, pour les fringues, tu verrais comment ?
- Tu sais, la
France serait ruinée depuis longtemps. On fabriquerait des vêtements et des
chaussures pour les chinois et les sri-lankais. Et pas cher. Donc, chaussures,
pantalon de toile de Nîmes made in France.
- Imagine les français qui désirent le plein emploi et que les usines reviennent sur le sol national. Ils seront gâtés, servis, mon neveu. Les ouvriers payés en taels, l’équivalent de 20 centimes d’euros de l’heure, pas de congés payés, plus d’impôts sur le travail et le capital. Donc, plus de routes, d’écoles, d’hôpitaux, de Sécurité Sociale, de retraites. L’exception française. Youppie !
- Imagine les français qui désirent le plein emploi et que les usines reviennent sur le sol national. Ils seront gâtés, servis, mon neveu. Les ouvriers payés en taels, l’équivalent de 20 centimes d’euros de l’heure, pas de congés payés, plus d’impôts sur le travail et le capital. Donc, plus de routes, d’écoles, d’hôpitaux, de Sécurité Sociale, de retraites. L’exception française. Youppie !
- Tu veux dire que… Mince alors. Et il irait
se faire soigner où, le Bouteflika, ou son remplaçant ?
- À l’Hôpital
militaire du Val de Grâce, bien évidemment. Racheté par l’Algérie. Le seul
hôpital restant en France. Pour lui tout seul.
- Et pour le cercueil, tu verrais quoi ?
- Ben, du
carton. Il y a belle lurette qu’on ne fabrique plus les meubles en France
qu’avec du carton de récupération. Tout le bois est exporté en Inde, en
Indonésie, en Afrique… Et toutes nos forêts sont dévastées pour faire du
charbon de bois : exportées. Regarde les inondations catastrophiques. Toute la
terre dévale de la montagne. Fabre se retourne dans sa tombe et pleure ses horts
et arboretums.
- Je veux l’incinération, disparaître à jamais
de la surface de la terre si mes Cévennes glissaient à la mer.
- Ben, non
Gilou. Pas incinéré. Le pétrole est trop cher. Et puis, les pays riches (Chine,
Inde, Viet-Nam, Indonésie, Pakistan, Mali, Haïti, Madagascar, Ethiopie…)
ont interdit le bruslement des pauvres européens. Pour ne pas accentuer le
réchauffement climatique. Tu seras enterré. Point barre !
- Tant pis. Mais je veux que le drapeau français recouvre mon cercueil et que tous les petits n’enfants qui suivront le
cortège agitent de petits fanions en papier, je veux un enterrement de fête. Ça
me rappellera la visite que le Général
Henri Guisan, chef des armées suisses a effectué en Algérie vers 1953-54, plein de
tricolore pour votre plaisir. En accompagnement. Non, ne me remercie pas,
Rolando.
- Gilles. Le
drapeau français n’existe plus. La France s’est vendue à l’exportation.
Rachetée par un consortium de pays ultra-riches, dont l’Algérie… Et, tu vois bien qu’on
n’agite en 2013 que les drapeaux algérien,
estonien, chinois, indien, monégasque et suisse à l’occasion des mariages.
- Et tu
verrais cette représentation générale pour quand ? N’attends pas trop longtemps.
- Que penses-tu de la saint Gilles, pour la
couturière ? Cela nous laisse le temps d’organiser la générale. Recoudre des
étiquettes sur les fringues avec marqué dessus, « Made in France »… puis les fanions.
- Et, si tu
faisais comme le Tigre, notre bon Georges CLEMENCEAU qui, pour ne pas être
surpris par la mort en mauvaise tenue, s’endormait tous les soirs en costume de
ville trois pièces, tiré à quatre épingles, chaussettes aux pieds et chaussures
de ville cirées à la tête du lit ? Cela nous permettrait de gagner du temps
pour la mise en bière, non ?
- Hé, oh ! le Tigre savait-il que les morts se
vidaient et que ce n’est pas jojo, hein Georges, voilà pourquoi on parle de
« toilette des morts », toilette en sorte de récurage et bouchage des
trous naturels d’écoulement de la mauvaise humeur, du ci-devant mort, accumulée
durant son vivant...
- Oui,
seulement, comme futur mort, tu ne sens pas, non vraiment, tu ne sens pas…
- … je ne sens pas cette couturière ? Mais, ce ne sera qu’une
répétition en costumes de pauvres. Car nous serons pauvres en 2050. Vous me
visiterez, allongé en mon cercueil de carton recyclé (on les fabrique déjà) et
signerez le registre de condoléances, sur le trottoir. Ah, je veux que Fanny et
Mathilde fassent ma toilette. Pardon ?... Bien évidemment, pour la couturière.
Pour la générale aussi, la toilette s’impose. On ne mégotera pas ! Et tout nu... je veux ! Pas de faux semblant.
- D'accord mais !...
- D'accord mais !...
- Et, imagine la Mathilde, qui a l’habitude de
ces habillements, en ses plaisanteries bon enfant : ce sera un franc moment de
rigolade quand elle se rendra compte que je suis vraiment bel homme.
De partout, partout. Et que je n’ai pas qu’un grand nez. Sûr que j’aurai droit
à ma petite photo pour le blog. Je compte sur Mathilde, la coquine.
- Mais, tu penses que Mathilde...
- Mais, tu penses que Mathilde...
- Oui, je veux ! Et encore, vous pourrez faire semblant à la répétition
de verser une petite larme, à l’écoute du touchant panégyrique que tu voudras bien me débiter, mon Rolando. Tes mots m’iront droit au cœur. Et que même ceux qui ne m’ont
pas aimé, de mon vivant, soient invités. Oui. Les médisants surtout. Et boivent à
ma santé.
- Pour
la couturière et la générale, on fait des achats à Super-U ? Intermarché, Lidl ?
- Ben, je te laisse ma carte de crédit et mon
numéro. Tu notes? C’est 1515.
- Facile à se
rappeler. C’est Marengo.
- Tu as raison, c’est c’la. Ah. Tu
demanderas à Américo et Pierrot de veiller sur les verres et bibelots.
Surtout les verres. Vous en aurez besoin pour boire au souvenir. Tu rappelleras à
tous que ma maison n’est pas une Sous-préfecture avec du Mobilier National bon
à prendre, que diantre. On est chez Gilou. Bibelots et souvenirs ne doivent pas
passer comme moi. Encore moins dans des poches indélicates, irrespectueuses,
surtout en souvenir de ma mort prochaine.
- ... mais, Gilou pour le faire-part, tu crois qu'un article ?...
- Oui. Pour
le faire-part, un papier sobre dans le journal local fera l’affaire: "Ancien des Forces
Françaises en Allemagne, pilote d’essai d’usine, conducteur de travaux et de pit-bulls,
professeur émérite, journaliste talentueux, barbouze (agent secret), Steward,
éducateur, pasteur, puis abbé, ingénieur forestier au Congo, policier municipal,
commissaire de police-priseur… regretté par tous ses amis fort nombreux,
décédé d’un éclat de rire en plein cœur (1). Priez pour lui. R.I.P."
- ... Tu crois que ça le fera ?
- ... Tu crois que ça le fera ?
- Oui. Complètons l'article : "Venez nombreux. Nous boirons à la santé du jeune mort, comme il se doit. Médisants,
mauvaises langues et autres, qu’on se le dise : vous êtes bienvenus considérant
que vous n’aurez jamais dit plus de mal que le Gilou sur vous-même et sur
lui-même, cet homme bon qui n’aura laissé que regrets et petites ardoises. Mais, chut… ne
parlons pas de choses qui fâchent en ce beau jour. (Pour les ardoises, confiez-vous à Rolando)."
PS : En
prévision de toute la misère qui tombera incessamment sous peu sur la France,
Rolando préfèrerait que l’on organise la couturière et la générale de sa
dernière représentation le plus tôt possible.
- Non, Gilou, je ne veux pas voir toute cette misère! Trépassons, tous deux, l’ami. Le plus tôt sera le mieux.
- Non, Gilou, je ne veux pas voir toute cette misère! Trépassons, tous deux, l’ami. Le plus tôt sera le mieux.
- Ça va pas,
Rolando. Serais-tu devenu fou?
(1) Et
pensez à inviter Hervé Vilard et le remercier pour la chanson « Nous » qu’il
interprètera à cette occasion. Et j’aimerai l’inaccessible étoile de Brel pour
me rappeler que je n’aurai pas pu être brûlé.
De mon "Café des Cévennes" le 12 juin de l'An de grâce 2013. Gilles et Rolando.
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De mon "Café des Cévennes" le 12 juin de l'An de grâce 2013. Gilles et Rolando.
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Le cadeau de René: Le Patron du café des Cévennes: "Un dernier petit demi et il arrive!". La grande Faucheuse : "Merrrde !!! fais chier Gilou. J'vais pas attendre 107 ans !".
Prochain épisode: "La Mort en générale" le 1er septembre 2013.
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