Conrad cherche du boulot.
Conrad, allongé sur le plumard, sortit une cigarette de son paquet de troupes sans filtres et l’alluma. Il était midi trente, un toc toc sur la porte réveilla le fumeur de brunes qui s’étais assoupi.
-Si vous voulez déjeuner, le restaurant est ouvert fit une voix féminine qui venait du couloir.
Conrad, allongé sur le plumard, sortit une cigarette de son paquet de troupes sans filtres et l’alluma. Il était midi trente, un toc toc sur la porte réveilla le fumeur de brunes qui s’étais assoupi.
-Si vous voulez déjeuner, le restaurant est ouvert fit une voix féminine qui venait du couloir.
-Oui, j’arrive maugréa le presque
quinquagénaire sur saturé de fumée de gauloise en nuages, croyant y voir venir
la pluie. Il prit sa canne, sortit de la chambre, traîna les pieds et descendit
les marches de l’escalier une à une pour ne pas tomber.
La salle de
restaurant était bondée, et Gaston, lui
aussi, était plein de crème de cassis. Des affamés s’exclamaient de joyeuse
humeur. Des couverts, posés sur une nappe vichy l’attendaient. Il s’attabla. A
peine assis, une femme de grande taille et de petite vertu s’installa
instamment à côté de lui.
Le menu
était composé d’un repas décomposé comme suit: carottes râpées ou demi œuf
mayonnaise, quenelles du chef ou rognons blancs à la provençale, fromage ou
dessert et un quart de vin rouge.
La
péripatéticienne, sa voisine de chaise le regardait choisir son repas, frottant
ses longues jambes contre celles du jeune majeur qui, propageant l’idée d’adultère
dans la salle, fit réagir le sélectionneur gourmand.
Après
quelques frou-frou désordonnés de la belle, frustré il déclara de but en blanc
à la pute en noir…
-Madame, je voudrais bien, mais je n’ai pas
d’argent.
-C’est pas grave mon chou, prétexta la
prostituée postulante et posturale, Tu
payeras plus tard.
Après ces
mots, Conrad excité par les plaisirs fantasmatiques qui l’attendaient, oubliant canne et repas, se précipita, tel un fantassin fanatique du combat,
emmenant avec lui sa vendeuse de charmes des quatre saisons dans sa chambre
délabrée pour y passer tout l’après midi et une bonne partie de la nuit à
froisser les draps déjà froissés, s’aimant avec la dame comme deux aimants
animés par l’animation.
Le lendemain
matin, les yeux à demi fermés, tels des meurtrières d’Half track, prenant son
petit déjeuner, Conrad demanda à Gaston, qui lui amenait des tartines beurrées
(Touches pas au beurre, criait une
voix venue d’ailleurs), s’il ne connaissait pas un patron qui voudrait
embaucher un boiteux. Le vieux débrouillard lui affirma qu’il avait un copain
qui travaillait dans une vieille fabrique de chaussures qui se tenait, tout droit, et tout
près, dans le quartier.
Le jeune
fatigué, après avoir bu un bon café fila, trainant la patte à l’adresse que le vieillard dégingandé lui
avait conseillé.
Arrivé devant le soixante seize de la rue Rebéval (six cent trente cinq mètres de long et dix de large), il vit une grande cour pavée au fond de laquelle il y avait une grande cage de verre où se trouvait un bureau en chêne ciré terni, de style embarrassant. Un être étrange, ressemblant à un bonhomme de neige le vit et s’approcha de lui.
Arrivé devant le soixante seize de la rue Rebéval (six cent trente cinq mètres de long et dix de large), il vit une grande cour pavée au fond de laquelle il y avait une grande cage de verre où se trouvait un bureau en chêne ciré terni, de style embarrassant. Un être étrange, ressemblant à un bonhomme de neige le vit et s’approcha de lui.
- Bonjour, Monsieur bégaya le jeune
chômeur, gêné par la petite taille de cette grosse boule, je m’appelle Conrad Laugier et je viens de la part de Gaston pour
savoir si vous n’avez pas un emploi pour moi… je suis un ancien légionnaire
blessé à la jambe droite touchée en Indochine par un obus.
-Moi aussi, lui dit le gros ballon de
plage en montrant à Conrad sa cicatrice à la jambe gauche, déconnant du ciboulot
et refoulant du goulot, je m’appelle Jean
Jacques. Viens, je vais te présenter au patron.
Ils
traversèrent l’usine où des femmes et des hommes s’activaient à mettre des
chaussures en cuir de qualité dans des boites de carton étiquetées. Derrière ce
remue ménage, on voyait une cage de verre, plus grande et plus lumineuse que celle de la
cour dans laquelle se trouvait le Directeur assis derrière un bureau en acajou cuivré verni de style
président.
La grosse baballe sautillante, accompagnée de son protégé chancelant, entra dans l’enceinte directoriale. Jean Jacques présenta son nouveau camarade à l’homme aux lunettes d’écailles. Les jambes de Conrad flageolaient comme les cordes d’une guitare d'arpèges vibrante.
La grosse baballe sautillante, accompagnée de son protégé chancelant, entra dans l’enceinte directoriale. Jean Jacques présenta son nouveau camarade à l’homme aux lunettes d’écailles. Les jambes de Conrad flageolaient comme les cordes d’une guitare d'arpèges vibrante.
Après cinq
minutes de dialogue, un hochement affirmatif de la tête du miro entouré de toiles de Miro (1893 à 1983), fit comprendre à Conrad qu’il était embauché.
Les deux boiteux sortirent de la papa mobile et retournèrent dans la verrière
immobile de Saint Jean Jacques pour fêter à la bière l’évènement.
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