lundi 17 juin 2013

Le Parti Fête la Musique*!


Quand on dit : "le Parti", au Vigan, on sous-entend bien évidemment le parti Communiste, seul parti organisé. 

Sis près de la Mairie qu’il n’a jamais pu prendre (et ce n’est pas faute de n’avoir pas essayé), ce parti est remarquable, entre autres, par sa façade décorée par Jo et autant photographiée que le Vieux Pont du 12ème siècle, merveille d’architecture, avec ses maisons accolées.

Le Vigan, petite sous-préfecture du Gard. Environ 4000 âmes, un lycée collège important, un Parc des Châtaigniers avec plein de bancs publics. Et puis d’autres bâtiments que vous découvrirez quand vous viendrez photographier le vieux pont et la façade du Parti.

Le Vigan, toujours venté et arrosé par la rivière Arre (les romains y auraient trouvé de l’or, d’où son nom) est abreuvé par la Source d’Isis (une résurgence). La ville, particulièrement  remarquable, démontre à l'évidence que la nature a horreur du vide.

Imaginez la fête de la musique au Vigan : la ville est pleine comme un œuf avec tous ses espaces intéressants occupés par des groupes musicaux. Mais, attention : tout est bien organisé, car, ici on aime la musique. Aussi, quelle fête ! Mais, pauvre Jack (Lang) qui doit se retourner dans sa tombe.
- M’enfin, Americo il n’est pas encore mort, le Jack.
- OK, Julie. Pas encore en son tombeau… Mais, lorsqu’il y sera, il se retournera.
- La municipalité organise la Fête. C’est bien, non ?
- En lieu et place des citoyens, une fête de la musique organisée, tu trouves cela bien ?
- À Lyon, c’est pareil. Prague ce serait idem. À Londres ? Je ne sais mais, faut bien organiser, non ?
Le pouvoir préfère voir le peuple en liesse. Comment crois-tu que le monde fonctionne, s'il n'était organisé ?

- Tu estimes donc, Julie que le pouvoir récupère tout ? Même ici ?
- Américo, ce n’est pas à proprement parler une récupération dans la mesure où le peuple laisse faire. Par exemple, au Vigan, tu joues de la gratte avec  tes potes… Ben oui, la guitare. Tu espères que tu peux, une fois l'an ennuyer tes voisins et tes amis sans aucun risque que quelqu’un ne se plaigne. Disons que tu entrevois d'occuper quelques temps l’espace public pour, une fois seulement devenir LA star, la vedette de ta rue, de ton quartier. La gloire, c'est chouette, non ?
- Je vois. Eh alors ?
- Eh, alors ? Eh bien, il n’y a plus d’espace public vu que la Mairie se l’est approprié. Indûment !

- Mais enfin, Julie, tu ne joues pas de la guitare…
- Eh alors, et que t’importe ? Je parle de principe : regarde le flyer de la mairie du Vigan qui remercie les Services Techniques de la ville, la police municipale, les partenaires techniques de sonorisation, «Mooun», Made in Cévennes Record Studio, Marius Welker, les cafetiers et Restaurants partenaires, les élèves et professeurs de l’École de Musique, l’Orchestre de Chambre des Cévennes, et toutes les associations et musiciens participant à cette fête !
- Eh, alors ?

- Mais, c’est la Mairie qui a choisi les groupes, chorales, orchestre et musiciens.
- Choix excellent, non ?
- Écoute, écoute : il n’y a plus aucune place pour les amateurs, les vrais, ceux de ta rue. Au temple du Vigan, Dans la cour d’honneur du Château d’Assas, dans le hall de l’Espace Lucie Aubrac, devant la Halle du Marché, Place Bonald, place du quai, place du Terral (ou au Cantou), devant les Castas…

Pour ceux qui ne sauraient pas, Castas viendrait de Châtaignes, et donc du Parc des Châtaigniers, dans lequel la Mairie a eu l’intelligence suprême de planter d’autres essences d’arbres. C’est vrai que, trop de castagnes depuis que ce parc a été acheté 6.000 livres par la Ville vers l’an 1300, des châtaignes, il y en a trop. 
Moi-même, je me disais : et si on y plantait un arbre du Tibet, un cèdre du Liban, un séquoia d’Alaska, un pin parasol de Palavas-les-Flots ou d’Alep (on aime aussi la Syrie), un figuier de barbarie (ce n’est pas un arbre, mais on s’en fout, on est au Vigan. On fait ce qu’on veut et c’est bien ainsi !), un olivier de Grèce, un bananier de Martinique… Pardon ? Tu disais que le bananier est une herbe, pas un arbre... lui aussi ?

- Attend, attends… À l’époque, au 14ème siècle  on demandait déjà aux Viganais de ne point déposer leurs ruines ni laisser divaguer leurs cochons dans ce beau parc des Châtaigniers. Tu me diras qu’on les a déplacés maintenant sur la Riviéra cochons. Moi qui suis chrétien, me baigner dans la même eau qu’un cochon, c’est délicat mais bon… mais, attention : tous ne sont pas aussi peu délicats que moi, n’est-ce pas. Et dire que les chiens sont interdits à la mer. Voyez que le cochon est de tradition en notre petit pays.

- De l’Église Saint-Pierre et son parvis à la Mairie, tout est occupé.
- C’est Place de la Mairie que se déroulera la vraie fête de la Musique : le Parti Communiste offre une scène libre pour que tout musicien puisse venir nous charmer, ou casser les oreilles, dans l’esprit de la fête de la Musique.
Tiens, comme c’est étrange que l’Église catholique ne participe pas à cette fête de la joie. Mais, cela peut se comprendre. Elle ne peut pas tout faire, il faut aussi qu’elle s’occupe de choses sérieuses, dont la bénédiction des mariages.

- Dis, ma Julie, tu es de mauvaise foi. Regarde sur le flyer, oui, au dos, il y est dit : "Un très grand merci à tous les musiciens et musiciennes qui permettent cette fête. Celles et ceux qui nous feront la surprise de les rejoindre seront les bienvenus."

-Honnêtement, si tu comprends ces remerciements, faudra que tu m’en fasses un dessin : croire que je peux rejoindre l’Orchestre de Chambre des Cévennes avec ma guitare électrique, ou le Concert d’Orgue au Temple du Vigan avec mon gros biniou… ils me foutront un coup de tromblon, je t’assure.

Et bonne fête de la musique pour le 21 juin 2013. Le Vigan le 17. Américo, Julie et son petit Papa.

Eh, Vladimir, tu devrais libérer les Pussy Riot. Merci, Vladimir (Rolando).

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