y’a des jours j’aimerai qu’on me traite
comme un animal
avec doigté
avec précaution
avec tendresse
comme moi je fais
pour ceux qu’on me confie
sans imaginer qu’ils s’attacheront
à leur gardienne
y’a des jours
j’aimerais qu’on me traite au moins
aussi bien qu’un animal
oh pas n’importe lequel
oh pas n’importe lequel
pas un dauphin pas un éléphant
pas un petit singe de Sumatra
juste un chat
et pas n’importe quel chat
un clodo couvert de vermine
qui ne pèse pas plus
que ne pèse un petit oiseau
quand enfin on peut le toucher
quand enfin on peut le toucher
parce qu’il a tellement faim
qu’il s’étrangle
qu’il a le hoquet
qu’il griffe et crache le feu
des miasmes
comme un dragon asticoté
par une puce a si peur
a si faim qu’il prend le risque
d’être touché par un humain
y’a des jours
j’aimerais qu’on me touche
quand je suis prête à mordre
qu’on me parle
dans n’importe quel jargon
inintelligible avec des intonations
qui font mouche
qu’on prenne le temps
de me mettre en confiance
j’aimerais tellement que le goût de vivre
vienne avec tout çà
une caresse à la sauvette
des mots gentils
imbéciles mais gentils.
et y’a des jours
je voudrais qu’on m’euthanasie
si tout est perdu
merci
À Christine LARDANS - Annette DEVE - 1er août 1984
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