jeudi 31 août 2017

Dieu existe !

Oui, Dieu existe réellement ! Si je te le dis, tu peux me croire ! Et, l'autre qui hésite, qui chipote :

- Ben, je ne sais pas moi, mais de la façon dont tu l’assènes. Pas le moindre petit doute réservé à la foi ? La foi en seule certitude… certaine, pas le moindre petit doute ?
- Parce que tu ne crois pas en Dieu… Tu ne crois pas qu’il existe ? Et le soleil, les oiseaux ? Il te faut quoi encore !
- Le soleil, je ne dis pas, mais quand même, la question mérite réflexion.

- Et si Dieu me parle ? A moi ? Comme à Moïse ? 
- Oui, comme à Moïse...
- Ma foi, j’en sais trop rien. Et de sa voix ?… Je n’en ai pas souvenance.
- Tu ne crois pas que Dieu existe et qu’il fait des choses pour toi ? Mais, qu'est-ce qu'il te faut encore ?
- Tu penses qu’il prendrait soin de moi ? Ben, je préfère croire qu’il m’a fait à son image, et que donc…
- … et donc, tu te prends pour Dieu, tu t’en passes même, à l’occasion. Bravo !
- Je ne dirais pas la chose ainsi, mais c'est vrai que, si Dieu existe il m'a fait intelligent et m'a donné les capacités de tout...
- ...Oui, c’est vrai que toi, tu sais tout et que de Dieu, tu t’en passerais bien.

- Mais, non ! Moi, vois-tu, si je savais que Dieu existait réellement, je m’en foutrait. Pourquoi ? Ben, oui, pourquoi ?...
- Oui, pourquoi ?
- Mais, parce que je n’aurais plus besoin de me poser de questions, croire, ne pas croire. Et de la vie éternelle ? Mais, on s’en foutrait, elle serait acquise… tu sais, les certitudes, ça vous éteint les croyances. Et puis, quand tu vois tout ce que les religieux lui font dire, au Bon Dieu concernant, le mariage pour tous, le divorce, la procréation médicalement assistée, et même que le Sida serait une malédiction divine pour punir les homosexuels, et que le préservatif n’aurait rien de chrétien, et que la procréation obligatoire primerait la jouissance… et patin et couffin. Merde, enfin !
- Mais, qu’est-ce que ça à voir avec Dieu ?
- Demande-le à Fannie si la jouissance.. et à tous les curés pédophiles et aux égorgeurs musulmans qui, eux savent bien que Dieu existe, la preuve il est si bon qu’il les absout.
- Mais…  mais, ça n’a rien à voir avec Dieu, tout ça !

- Sans doute, mais tant que je serai sûr que Dieu a peu de chance d’exister, j’ai envie d’y croire. Pourquoi ? Mais, parce que cela fonde ma foi en mon humanité qui a envie de croire en son devenir.

Croire, sans savoir, n’est-ce pas ce que l’on appelle la foi ? Croire sans savoir !  

dimanche 27 août 2017

Le voleu d’EDF - 3

Mille excuses, je m'étais oublié. Revenons à mon voleur institutionnel d'EDF. Rappelez-vous : il fallait ouvrir un compte mensualisé pour la fourniture d'électricité, et donc, avec l’Auguste* j’allais porter ses 400 francs à agent EDF. En mains propres.
Ayant besoin de me faire mensualiser, notre Mathieu-voleu me proposa la même opération qu’à Auguste : lui apporter 400 francs en liquide. 
Charles, tu parles d'une rente !
*Ndlr : Auguste, son vrai prénom. J'adorais.

Travaillant 19 heures par jours, et parfois les samedis et dimanche je ne pris pas garde à l’étrangeté du marché ouvert sous couvert de Mathieu, agent EDF car, marché de dupe il y avait bien.
Un jour, ne sachant pas pourquoi ni comment, je contrôlais, une fois n’est pas coutume mon relevé de banque et notais qu’EDF me réclamais 400 francs. Etrange car je me rappelais les avoir réglés en liquide à l'agence de Janval. Me souvenant d’Auguste, j’allais le voir pour contrôler avec lui ses relevés de banque et, curieusement EDF lui faisait la même demande :
- Auguste, rassure-moi : on est bien allés apporter tes 400 francs à l’agence de Janval... mais, si rappelle-toi, j'avais pris la voiture et même qu'après on est allés à Rouen !
- Si fait !

Et, c’est à ce moment que je me rappelais que, et pour Auguste, et pour moi-même, Mathieu, agent indélicat d'EDF nous avait servi le même numéro de bonneteau : tu m'vois, tu m'vois pas mais j'embrouille.
Imaginez que l’Agence EDF de Janval à Dieppe, avec 4 ou 5 agents devait gérer plus de 60.000 clients EDF, et donc, forcément, tu devais attendre patiemment ton tour.
Tu voyais bien qu’il y avait un client dans le box ouvert. C’était moderne, quoi !
Et, notre ami Mathieu qui devait posséder une bonne mémoire, on ne s’improvise pas escroc, voleur, indélicat, salopard sans cela guettait son pigeon. Une épeire sur sa toile.

La manœuvre se voulait simple : Mathieu se faisait homme très occupé avec un client dans le box. Il vous faisait languir puis, se levant en semblant vous découvrir quittait son client encore assis, s’avançait vers vous, main tendue comme pour vous saluer :
- Monsieur Patrice (ou Monsieur Auguste), oui ? Vous avec la somme ?
Merde, pour une fois qu'on te faisait une fleur dans une administration, et... 
... et vous, bonne poire, vous lui donniez ses 400 francs sans penser à réclamer un reçu en vous excusant presque de l'avoir dérangé dans son rendez-vous.

EDF, vous y faisiez confiance ? A l'époque, c'était normal ! Ses agents ? Itou, alors, pourquoi vouloir réclamer un reçu, surtout que vous n’y pensiez-même pas. La confiance, quoi !

mercredi 23 août 2017

Un encombrement.

Tiens, ce fut un 14 de juillet de l’An de Grâce 2017, et cela faisait deux jours que ma Julie campait chez moi avec Aouah, sa chienne berger-belge, bientôt dix-huit ans, plus Za’hor sa nouvelle coqueluche de chiot de quatre mois, grand comme un âne nain, un bâtard de dogue argentin ou napolitain plus d'américain staff et autre chose encore et qui suit tous mes mouvements avec les yeux de Chimène lorsque je prépare le café pour sa maîtresse.
Je pouvais comprendre Sarkozy lorsque Kadhafi s'est invité à Paris en 2007 :

- Fillon, dis-moi pas que tu es l'abruti qui aura invité cet abruti de bougnoul. Dis moi pas ça !... Pardon, j'ai dit bougnoul ? Ça m'étonnerait. Vous en êtes certain ? Ah, bon, le mot m'aura échappé.
- Sauf votre respect, Monsieur le Président, je crois que c'est vous qui l'aviez invité... Oui, pour le remercier pour les infirmières bulgares. 
- Merde, je me suis mal fait comprendre. Encore une fois. Remercier, soit mais dans le sens de vider. Pas comme ça à le laisser camper à l'Elysée pour nous foutre son souk et nous planter le bordel.
- Monsieur le Président, l'Hôtel Marigny s'y prêterait admirablement.
- Khadafi et sa smala d'Abd-el Kader. Je vois déjà la une du "Canard enchaîné". On m'aura tout fait ! Passe encore pour les danseuses berbères et les chèvres à l'autre abruti, paraîtrait qu'elles sont plus belles les unes que les autres, mais des dromadaires à Paris ? Et des moutons pour le méchoui ? Quel cirque ! Et René BOUSCHET, dans son illustration qui me dessinera avec une chéchia et me fera porter un burnous trop grand pour moi. Je m'y noierai. Gaineau, Guéant, Bolloré, ici. Au pied ! Et videz-moi ce baltringue. Toi, François, tu t'en démerdes et tu me le promènes, ton arabe. Et pas de mouton égorgé à l'Elysée. Et, veux surtout pas être vu avec l'autre en djellaba. Vous vouliez mettre le feu aux banlieues ?

Pardon aux nombreux amis de ma fille, son papa s'amuse. Non, non, ce n'était pas le souk chez-moi. Vous me diriez que dans 40 mètres carrés, moins la place des meubles, avec un drap et une housse de couette en 140 qui sèchent en forme de tente entre l'armoire et la porte, des tapis pour Aouah et Za' hor, seulement quatre mois mais grand comme un âne nain et plein de pipi, faut imaginer. Et en pleine canicule !
- Regarde… il lèche le pied de ta table. Tu vois qu’il n’est pas encore fini. Mais qu’il est mignon, mon fils. Et comme il t’aime ! Papa... Mais, regarde-le !
- Ouais. Et ton lapin Pin-Pin, au fait ?
- Peuchère, une fouine l’a assassiné. Si tu savais comme j’ai pleuré.

Pour se consoler, fifille a adopté deux lapin nains. Il s'agit de Mam'zelle Sca'lett et de Monsieur Clark Gable et, comme je lui disais :

- Tu aurais dû les amener, accompagnés de George (Sand), ta chatte. Mais, non, je rigole. Tu ne me gênes pas ! Où le vois-tu, l'encombrement ? Mais ne reste pas trop longtemps, quand même, tu pourrais fatiguer.

Donc, quand Za’hor sent qu’on va le sortir, il a tellement envie de pisser de joie que, près de la porte de l’appartement, cet angelot ne peut aucunement retenir un gros pipi. Heureusement qu’il ne lève pas encore la patte pour arroser mes guitares et l’ampli. Za’hor mon bébé, méfie-toi des réactions de pépé qui s’était abstenu de toute sanction contre Pin-Pin pour l’ampli, mais un lapin, faut que ça grince des dents tout le temps, et c'est excusable mais un chien pisseur, ça vous énerve son monde, quand bien même il serait trognon.

- Papa, Za’hor te regarde comme le faisait Leïla, ta chienne !
- Sans doute, sans doute, fifille mais je te conseille de prendre la serpillère et le seau ... oui, pour l'accompagner dans la cage d'escalier. Je parie que ton clébard va me pisser sur deux étages.
- Mais non, Papa, mon fils sait se retenir. Pas vrai Za'hor ?
- Comme tu veux !

Pas plus tôt arrivée en bas que :

- Papa, jette-moi la serpillière.

Parfois, on se demande pourquoi on n'a plus envie de dire :

- Je te l'avais bien dis, Fifille. 

Mais, à quoi bon s'énerver ? Suffit de soupirer et de sourire à la vie.

lundi 21 août 2017

Une rivière nommée "la Cesse".

Nous nous trouvons dans le triangle de Béziers, Carcassonne, Perpignan, aussi que je vous présente une petite ville normale qui deviendra notre héroïne, une de celles qu’on trouve partout en France, soit qu’elles se veulent rugueuses, « médiévales » ou plus raffinées mais toujours marquées par un grand natif du coin, capitaine d’industrie, de savoir, de robe ou d’épée : il faut bien se rattacher au culte de l’illustre pour hériter des valeurs d'un passé glorieux.

Notre village sans nom se voulut cossu car anciennement fortifié, sans nul doute pendant la guerre de Cent ans pour bouter hors du Roussillon le Prince Noir et ses maudits anglois. Ici, l'église massive et fortifiée renforçait un coin du rempart ouest, du côté opposé à la rivière. La petite ville disposait d’au moins deux portes monumentales, Sainte Anastasie et Sainte Barbe*, cette dernière démolie bien avant la révolution pour des commodités d’aménagement territorial.
*Ndlr : Par respect des saintes, nous avons changé le nom des portes de la ville. Que Dieu nous pardonne !

A la fin de la Renaissance, le village appartint un temps à un évêque, puis un archevêque de la Maison des Médicis la lui racheta. Oui, cela se faisait à l'époque. Ses habitants compris ? Je veux, oui ! Et pourquoi pas ?
Pourtant, ce village qui ne compte plus aujourd’hui qu’un millier d’habitants ne fut jamais le chef-lieu d’une quelconque contrée bien qu’il disposât d’un hôpital et de deux chirurgiens qui mirent quelque mauvaise volonté à rejoindre la Grande Armée.*
*Ndlr : ... de Napoléon (qui n'apprécia pas, il va sans dire et leur fit botter les fesses). 

- Dites-moi, Monsieur,… le nom de ce village, je le trouve bien étrange.
- Pas tant que cela car il vient du nom d’un légionnaire romain qui se fit offrir cet endroit, y installa sa villa, cultiva son domaine et le pacifia. Des autochtones s’y joignirent et un petit village se posa au bord de "la Cesse" pour y prospérer en paix.

- "La Cesse". Drôle de nom pour une rivière.
- Pas tant que ça : notre rivière, dans le temps qu’elle apporte la richesse est fantasque, volage, même et peut changer de lit pour y revenir quand ça lui chante et la plus grosse partie de ses eaux échappent sous terre ce qui ne l’empêche pas de déborder et de tout casser en période de crue.
Il est vrai que la ville n’a jamais eu de chance avec ses ponts, tous emportés sauf le dernier… enfin le dernier jusqu’aux prochaines crues, et nous étions sur ce pont monumental, un samedi soir de juillet, vers les 23 heures à tenter de prendre la fraîche, mon nouvel ami, Robert Miquel, boucher à la retraite que je questionnais, encore et encore :
- Et c'est ce dimanche que les paras du 3ème RPIMA sauteront ?
- Oui. En bas du pont. Dans le lit de la Cesse. 
- Et, d'ici on peut voir la manufacture que Colbert a fait bâtir… on se demande bien pourquoi.
- Oui. Et, pourquoi dans ce petit village ? Mais foi, je n’en sais trop rien. On y faisait des draps de lin célèbres, exportés surtout au Levant. Je crois que la manufacture creva de la Révolution, ou à la Révolution ? Je ne sais, ainsi que la chapellerie du coin quand les jeunes hommes ne portèrent plus de chapeau… Vous savez des modes… Ah, oui ! Des toiles de lin pour la Grande Porte, le Grand Turc était l’ami d’Henri IV et de Louis XIV, ceci expliquant sans doute cela. Oui ?...  et de quoi vivait le village ? De la viticulture et la culture de l’ail. De carrières, aussi. Et de chênes truffiers communaux. Mais, c’est une autre histoire.
- La gare et la voie ferrée sont désaffectées… Ici, peu ou pas de commerces, donc on pourrait penser que le village…
- … se meurt ? Vous savez, la vie évolue, change mais le village vit bien. Tiens, rien que culturellement. Mais pas que… Oui, tout change.

Pour ma part, j’estimais que ce village vivotait…
- Soit, mais la culture ne fait pas tout. Et, la monoculture ne rapporte qu'aux gros propriétaires.
- Pas d’accord avec vous, mais passons. En général, les villages renaissent toujours de leurs cendres. Il n’en demeure pas moins que la Révolution française, Monsieur… Oui, la Révolution, et les guerres de Napoléon 1er, et surtout son Code Civil avec la fin du droit d’ainesse qui morcela les propriétés et la terre tomba en quenouille et, ici, le village vivait surtout de ses terres, vous comprenez ? Il y eut aussi la crise de la viticulture en 1907, puis les coopératives viticoles qui redonnèrent espoir… Nous sommes une terre de vin, et de bon vin. Alors, l'espoir, vous savez !
- Vous croyez donc qu’un grand chambardement sans une analyse fine... et donc que le génie de Napoléon causa de grands malheurs à la France… et que le partage des terres dans un souci d’équité, d’égalité  fut une belle connerie ? C’est possible… Et donc, vous êtes retraité ?
- Oui. J’étais dans la boucherie. Plus de 60 ans. Je n’aimais pas tuer. Vous savez… et tout ça au merlin. C’est terrible. Même à l’époque... J’avais douze ans quand mon père m’a fait quitter l’école pour le métier. Fallait bien reprendre un jour la boucherie familiale. Et puis, les normes sanitaires ont obligé à la fermeture de l’abattoir du village qui n’était plus aux normes, question qu’il dégueulait ses tripes dans la rivière. Puis, on a mutualisé la profession de tueur à Carcassonne et Perpignan. J’en fus soulagé.

- Et vous… vous êtes en vacances chez-nous ?
- Un peu. J’aime voyager. Un jour ici, un jour là. Retraité aussi. Educateur. Et j’écris. Oui… Oh, des histoires communes, simples, de tous les jours. Non, non… c’est surtout la façon de raconter qui importe. Le sujet peut être anodin… pardon ? Des exemples ? Je ne sais pas, mais imaginez que j’aimerais raconter votre village. Rien que le nom de la rivière, "la Cesse", tout un poème.

- Alors, comme ça, vous aimez écrire… Vraiment ? Mais vos histoires, elles racontent quoi ?
- La vie. Par exemple, je suis curieux de tout, des choses, des gens… Votre village me plaît, m’inspire. Avec une histoire intéressante, des personnages de tous les jours que je replacerais dans leur contexte… déjà que j’aime observer... Par exemple, j’essaierai de comprendre comment des gens intelligents, à preuve la construction de leurs belles bâtisses de pierre taillées, comment vos ancêtres avaient pu les disposer près d’une rivière fantasque qui les inondera régulièrement de plus d’un mètre. Drôle de cadeau pour leurs hoirs ! Oui, parler de vos maisons solides et spacieuses bâties par d’excellent limousiniers. Ensuite, je constaterai que le village fut riche puis déclina. Pourquoi ? C’est intéressant d’essayer de le comprendre. Oui, la psychologie des gens du cru en fut certainement très affectée. Oui, la richesse… ça vous pose un bonhomme, un village…
Tiens, votre cimetière… on sent la richesse là plus ici qu’ailleurs. Cela doit être un régal de se faire enterrer plutôt ici qu'ailleurs. Ne trouvez-vous pas ?

- Ma foi... Donc, vous aimez écrire ?... Et si j’avais une petite  histoire pour vous ?
Et Robert Miquel avait une belle histoire pour moi tout seul. Lorsque je la racontais à mon retour à René BOUSCHET, notre dessinateur…
- C’est l’histoire de Manon des Sources que tu me chantes-là.
- Ah, merde, alors ! Tu en es bien sûr ?

Tant pis. J’ai promis à Robert MIQUEL, boucher du village à la retraite de la lui envoyer lorsque je l'aurai écrite. Et puis j’avais envie qu’on n’oublie pas Georges GUILLERMIN, pâtre en ces lieux, car il faut ce qu’il faut.
Pourquoi Georges GUILLERMIN ? Pourquoi ? Mais... Parce que !