samedi 29 août 2015

En France, la Police fait peur


En France, à tous contrôles de la Gendarmerie ou de la Police, le citoyen lambda, celui qui n’a rien à se reprocher sursaute, surpris, comme si le respect de la loi que l’autorité exige des citoyens ne pouvait qu’être inspiré par la peur. 
Etrange pays que celui dans lequel la paix publique ne peut s’appuyer sur la bienveillance du gendarme et du policier. Oui, étrange pays, mais est-ce si important ?

On me traitera de paranoïaque. Oh, que non ! Je vous assure que, même moi qui ne crains pas grand monde, je me demande toujours si le gendarme, ou le policier que j’ai en face de moi ne prendrait pas plaisir à tout faire pour me fiche la trouille. Et même en admettant quelque utilité de la peur, par exemple pour avoir des aveux. 
Mais, non, ce serait comme une sorte de déformation professionnelle inquiétante qui saisirait nos représentants de la loi.
L'effet Charlie ? C'est du passé, Messieurs les Gendarmes. La faute à qui ? A vous.

On peut dire ce que l'on voudra mais il n’est qu’à interroger autour de soi pour se rendre compte que ce sentiment de peur ressenti serait un des mieux partagé par les français :
-Ne souris pas et ne les énerve pas par tes questions. Ils vont te faire chier en s'occupant de ta voiture. Mais, tu es con, ou quoi ?
Et, si par malheur vous êtes de complexion heureuse, ou que vous demandiez à votre vis-à-vis de se présenter…Aie, vous seriez à plaindre.

Je ne suis pas le seul à ressentir cette crainte que les gens de police se placeraient au dessus des lois, devenant ainsi incontrôlables, et c'est pourquoi je le redis clairement : ce qui me choque est cette conviction ancrée d’avoir plus à craindre des policiers que des truands. Vous croyez que je plaisante ? J'aimerais bien. 

J'ai peur car je sais que je suis plus sujet aux fiches S, comme Sécurité, que tous les malfrats du voisinage et tous chauffards, ces types qui se permettent de rouler à plus de 100 à l’heure dans mon village. J'ai peur car je sais qu'à trop s'occuper de moi et des gens honnêtes, nous pandores disposent de moins de temps pour traquer les bandits.

J’hallucine ! Vous croyez que j'hallucinerais ? Ce vendredi 28 août, sur six copains retraités assis sur un banc de pierre à discuter :
-Puisque vous êtes ici, j’aimerais contrôler vos papiers.
Quatre sur six n’en avaient pas. Je sors mon permis de conduire et j’ai droit à une fiche S. Le deuxième à avoir ses papiers les sort mais le gendarme les ignore. Pas de contrôle et pas de fiche S pour lui. Faut faire avec, et disons que Patrice a pris habitude de ne rien voir, ni rien ressentir, gendarme. Non, rien ! 
Le bougnoule Patrice exige, Gendarme, que vous l'appeliez Rachid, dorénavant.  

Les contrôles pour tous existent, nous l'avons remarqué. Plus quelques contrôles de vitesse, dont les plus fréquents à la sortie du Vigan sur une grande ligne droite peu accidentogène, sans danger pour les piétons*.

*Renseignement pris, le lieu choisi est idéal pour l'apprentissage des nouvelles recrues. Le PV, pour l'apprentissage des automobilistes. 

Chez-moi, à Pont d’Hérault, sur plus d’un kilomètre cinq cents, dans le village, le danger est partout : un stationnement sauvage sur le seul trottoir oblige les piétons à marcher sur la route, avec des véhicules bien au delà des 50km/h de limitation.
Et pas de ralentisseurs. Punis. On est punis. On attend l’accident mortel. Quant-aux contrôles de vitesse, on en fait peut-être, ou peut-être pas. Ou pas beaucoup. Ou pas du tout. Ou pour bientôt car on attendait mon billet d'humeur de ce jour.
Et de la fréquence des contrôles sur ma Panda, je vous tiendrai informés s'ils dépassent les limites du raisonnable quoique, on s'en fout !

Problème de la vitesse à Pont d'Hérault, il y a. Quand je suis chez-moi, je m'en moque. Mais, quand je récupère des stoppeurs de rencontre qui habitent à la sortie, vers Ganges, je suis garant de leur sécurité comme devraient l'être nos gendarmes. Aussi, je ne peux les laisser dans le village ou sur la route et suis contraint de les amener jusqu’au Pont de la Selle.
Pourquoi ? Parce qu'on ne doit pas les laisser en danger de mort sur la route.

Vous me direz que ce ne sont que de pauvres hères qui n’ont qu’à se payer un véhicule pour ne pas risquer de se faire renverser par les motos ou des autos qui n’en ont cure et dépassent allègrement la vitesse autorisée, et qu’on s’en fout ?
Sachant qu'une fiche F* on sait mieux faire qu'un petit coup de radar, gendarme...

*fiche F pour frousse.

Je dis que lorsque le citoyen a plus peur des représentants de la loi que des malfrats, les libertés sont en danger. Aussi, Messieurs les responsables de la sécurité publique, interrogez-vous et demandez-vous pourquoi vous faites plus peur à l’honnête homme plutôt qu’au truand. Oui, expliquez-vous que je puisse m'excuser si vous ne pouvez faire autrement que de nous fiche la trouille.

Il n’en demeure pas moins que l’on pourra me faire payer le prix fort cet écrit. Entre-nous ? La République qui a toujours aimé ses enfants libres, majeurs et responsables se contre-fout des sautes d’humeur de ceux qui n’acceptent pas les remarques sur la sécurité de tous. 
Quant à moi ? J’applaudis des deux mains et des deux pieds la République qui, elle m’aime et ne me fait pas peur.

Que ceux qui n’apprécient pas ce chant de liberté retournent sur les bancs de l’école que j’ai fréquentée pour suivre des leçons d’instruction civique données par mon Maître, Jean Fesquet.

Amicalement, GPK.

PS : Fiche S = fiche de Signalement, signalé cadeau.

mardi 25 août 2015

le site de rencontre - 5

L'amour est un don ! 

"Beau, intelligent, terriblement bien foutu, plein d'humour et de modestie, c'est moi !" ...timide aussi, ce que j'avais oublié d'ajouter à mon profil pour le parfaire. Non, ne sous-estimez point l'accroche que j'avais voulue géniale et la preuve en était que je croulais littéralement sous des demandes plus qu'intéressées, dont le plus exquis aveu, que je cite in extenso, pour Najat et en entier, pour ceux qui ne se taperont jamais du latin* :

* NAJAT  M' A  TUER, se plaignaient les langues mortes. N'est-il pas, Mme le Ministre de l'Education ? 

 - Cher, Monsieur, nous sommes faits l'un pour l'autre car on me dit belle, intelligente, agréable à regarder, parfaite en tout, et si modeste que j'en rougis de cette confidence que je vous fais. Voudriez-vous sacrifier à l'amitié en trinquant avec moi à Palavas-les Flots samedi 4 juillet, aux alentours de 19 heures ? Vous me reconnaitrez aisément, il vous suffira de regarder autour de vous. Amicalement vôtre, Connie. 

Quelle incongruité, une américaine qui saurait écrire ? Drôlatique. Serait-elle d'origine française avec des ancêtres du côté des du Motier de Lafayette ? Possible, et je lui en toucherai deux mots. Mais revenons au site et à la question des photos : pour voir celle de vos partenaires, il faut et il suffit de mettre la vôtre en ligne.

Ce site n'étant nullement dédié à la photographie, si vous ne vous sentez pas de dévoiler votre portrait, l'hébergeur le remplacera par celui d'un bel inconnu, et les dames qui s'affichent peuvent découvrir cette photo alléchante sensée vous représenter, tandis que vous apercevrez les leurs floutées. Imaginez les quiproquos. 
Passé maître en argentique, pour ma part, j'arrive toujours à décoder une épreuve et à juger de la beauté du modèle. Quant à mon américaine, le portrait flouté présenté n'était, comme de bien entendu, pas le sien*. Mais, revenons au rendez-vous. 

* L'hébergeur disposant de peu de portraits d'inconnues "doublonne" plusieurs profils. Cela se remarque.

Ce samedi 4 juillet, à Palavas-les-Flots, rencontre France-USA, les deux équipes n'ayant pas jugé utile de mettre le portrait des joueurs en ligne, aussi nous nous découvrions agréablement quoique, plus âgé qu'elle et me trouvant bien mieux conservé, j'accentuais mon sourire amical.
Voilà que j'aidais la dame à s'asseoir à la terrasse d'un café du bord de mer et moi, en toute innocence, tant elle me rappelait, par un de ces violents coups de soleil attrapé je ne sais où, ces écrevisses flambées au cognac, américaines, soit, mais fléau de nos cours d'eau quand même : 

- Un bronzage à l'armoricaine, Dear ? Il vous sied à ravir ! Encore mon esprit taquin, et rien à faire pour m'empêcher d'agrémenter un gros coup de soleil, certainement très douloureux, d'un mot gentil. Connie, au petit nom si charmant se fendit alors d'un sourire crispé sur ce mot de bienvenue. 
Nous trinquâmes à notre rencontre, devisâmes sur tout, des petits bonheurs du célibats à ses grands malheurs, puis, vers 20 heures, grand seigneur je payais l'addition mais n'eus aucune velléités pour l'inviter à dîner tant elle se tortillait sur sa chaise, ce qui me mettait mal à l'aise, faut comprendre : s'ennuyait-elle ? Et donc...
- No, no Connie, don't move ! It's for me. I pay. Don't worry, be happy !

A ce moment, elle m'a regardé de façon étrange comme si elle ne comprenait pas. Etait-elle vraiment américaine... possible, et pourquoi non ?
Résultat de notre petite affaire ? Je la sentais plus réticente qu'au début de la rencontre, et sentais que cette histoire finissait eau de boudin bien avant que d'avoir commencé. Dommage. Oui, quel dommage pour elle, mais savait-elle ce que nous perdions tous deux ? 

Allez, consolons-nous car il fallait s'y attendre : toutes les mêmes. A savoir ? Tu leur paies un pot, et elles te remercient en se tirant. Merci bien, madame l'américaine. M'en rappellerai, le Vigan-Palavas-les-Flots et retour. En Panda, sans clim, que je ne vous raconte pas, et pour une américaine rouge-écrevisse, en plus !

Dès qu'elle fut partie, je sifflotais la Madelon en me réjouissant d'avoir constaté qu'elle m'avait menti sur son profil ce qui, vous en conviendrez n'est pas digne d'une belle américaine. Eh, oui ! Il lui manquait cet humour et ce charme si français dont elle se vantait. Un doute me prit alors et je me contemplais dans une vitrine : non, mon portrait tracé sur le site me convenait, lui, et collait à la route. Quant à mon humour ? 
Siffloter la Madelon à Palavas-les-Flots, vous appelez ça comment ?

Cette nouvelle veste et ces choses de l'amour, n'était-ce pas trop pour moi ? J'en étais là de mes réflexions quand, tout à coup il me revint à l'esprit le sermon du dernier dimanche de juin, le 28 qui nous exhortait à l'amour. Le pasteur avait surtout appuyé sur la gratuité de ce don d'amour qui nous était octroyé par Dieu même, don qu'on n'était pas tenu d'accepter.
Il avait ajouté que, pour le recevoir, il suffisait simplement de croire. Ben, dis donc, comme c'était simple ! J'aurais dû le signaler à Connie, cette histoire de don de soi, tiens ! Et de croire. 

Pour ne pas rester sur ma frustration, j'envoyais à Connie ce petit texto : 

"Très chère, nous n'étions pas prêts à nous rencontrer un 4 juillet. Sans doute trop tôt, mais que je vous rassure sachant que la grâce d'aimer, ce don de se donner sans recevoir existe car nous l'avons reçu en cadeau de nos père et mère bien avant que de naître. 
Je vous embrasse, et peut-être dans une autre vie ? 
Gilles, votre toujours servant."

A chacun sa façon de se venger, non mais dites donc : Le Vigan-Palavas, pour rien, et Montpellier traversé par deux fois, ouille !

Oh, que je vous narre le premier ennui sur le site que je corrigeais d'urgence : dans mon profil j'avais noté que j'étais né en Algérie. Ni une, ni deux, voilà que les hébergeurs avait pris sur eux d'inscrire "arabe" pour origine. De quel droit ? Je suis berbère, qu'on se le dise !
Durant deux mois, le rendement de mon accroche baissait dramatiquement, jusqu'à ce qu'une dame, plus courageuse n'ose demander si j'étais vraiment arabe. 

- Croyez, monsieur, cela ne me gêne absolument pas que vous le soyez. Faites ce que bon vous semble.
Tiens donc, que j'aime l'humour de cette dame, mais pourquoi cette question ? Et, comment pouvait-elle le savoir ? Ah, le profil ! Je corrigeais donc.

Après avoir changé "arabe" par "né en France" sur mon profil,
     tout rentra dans l'ordre, 
          l'Algérie était en France, à l'époque.
               Merci mon Dieu, aussi, je ne mentais pas.*

* Ndlr : Pas tout à fait exact, Gilou. Tu as corrigé par "européen", ce qui n'est pas la même chose !

A suivre...

dimanche 23 août 2015

Le site de rencontres - 4

L'amour à tout vent. 

Par nos jours, si des milliers de rencontres deviennent possibles, nous demeurons seul, démuni à l'heure du choix comme Salomon dans son harem de 300 femmes et 700 concubines, sauf à revenir aux traditions et espérer sur les cousinades, les bals des fêtes votives ou les mariages de raison d'antan. 

Avant le tout numérique, notre troisième âge était celui de la sagesse, et on s'interdisait la passion et le sexe, tous deux mis au rencart. Depuis les sites aux rencontres dédiés, même les vieux veulent encore toute leur part de plaisir, d'amour et de sexe jusqu'à un âge plus qu'avancé, et qu'il est loin le bon temps où, lorsqu'un vieux couple s'embrassait sur la bouche, on détournait le regard, dégoûté.

Mais, site de rencontres ou pas, vieillesse et sexe deviendront à un moment de la vie incompatibles. Nos demandes de plaisir, même un pied dans la tombe n'empêcheront pas que l'amour finisse par abandonner son volet charnel. Est-ce si incroyable, inconcevable ? Réfléchissez et, si toutes choses étant égales, vous... oui ? Vous seriez inconsolable ?
Possible, et sans nul doute, mais nous ne disposons pas de tout notre temps pour jouir de notre corps, aussi, la tristesse venant bien assez tôt, vous les accro à l'amour champagne, pressez-vous.

Après ce préambule finement ciselé affirmant que l'amour sans le sexe n'est pas que de l'amitié, que la vie est bien trop courte pour ne pas en jouir parfaitement, avançons la réflexion dans cette quête de tendresse qui s'achèvera en bâton de vieillesse dans les dix à vingt en abordons cette remarque concernant, non mon inscription sur un site, mais :
- Pourquoi ce besoin de te mettre en scène ? Çà fait hâbleur !
- Oh, non ! Pas vous ! Et pourquoi pas : montreur d'histoires, fanfaron, et mythomane pour faire mesure rase ?

Oh, j'oubliais : affabulateur, hein ? N'importe quoi car, si ce n'était moi qui vous en tenais informés, en connaîtriez vous beaucoup de surfeurs de sites qui vous causeraient de cette main à la touche légère et fébrile tel ce doigt mouillé de salive signant les pages de mes magazines pornos des années 80, ceux-là même que je vous prêtais et dont j'attends encore le retour ? 
Allez donc vous rincer l'œil sur l'ordinateur de votre conjoint et, après remerciements d'usage, nous fermerons la parenthèse. Et barka !

Voila qui est fait. Bien ! Et donc, nous l'avons tous vérifié : les prévisions les plus pessimistes se réalisent avec Eve disparaissant de la surface de la terre, se réfugiant sur l'Olympe pour se considérer l'égal de l'homme, Eve apprend à draguer le mâle en se réfugiant derrière l'anonymat des sites tout en s'appliquant à ne pas rougir des coquineries graveleuses qu'elle ose enfin en gloussant de contentement.

Et, ici, pour illustrer mon propos, je vous signale que les nanas se mettent, depuis peu, à vouloir m'introduire de charmants doigts d'honneur lorsqu'elles se trouvent au volant, pour finir par me traiter d'enc..u..lé en me doublant. Qu'en savent-elles ? 
Gageons que, bientôt, lorsqu'elles sauront maîtriser leur véhicule, et après avoir garé leur téléphone portable entre leurs cuisses dodues, elle pourront m'honorer d'un bras potelé.

La fin d'un monde : il n'est plus aucune femme au détour d'une rue, pas même nos pouponnes à déambuler si gracieusement qu'on les confondait avec nos belles et bonnes bourgeoises dans les grands magasins, les happenings et autres défilés de mode. 
Aucune, sauf sur le pageot du Net, et voila que la ville s'est assagie, mais la ville tremble d'effroi : maman, elle, officie sur le net et n'en a cure, vu qu'elle ne pense plus qu'à son tralala à combler d'aises.

Les souris et les chattes ont déserté la ville, toutes sur sites de rencontres et pourtant il s'en trouve qui résistent et osent encore animer nos axes routiers, tirant le diable par la queue en s'allongeant, l'espace d'un instant, sur les couchettes de nos gros culs, tout en se déhanchant sur une musique de Johnny Halliday. 
Aux petites mado, nos routiers sympa reconnaissants érigeront des ex-voto dans toutes les églises de leurs dessertes !

A part nos roumaines, rien à caresser pour s'épanouir suite à la grand peur bleue annoncée par les prophètes du chaos : le grand soir de la révolution numérique c'est, depuis lors, tous les soirs le désert dans la ville. 
Et toute la terre broie du noir. Oh ! douce nuit, oh nuit amère, je pleure nos femmes infidèles à jamais disparues.

Resté exquisément galant pour d'évidentes raisons que j'aurai la pudeur de ne point évoquer ici, telles l'amour du prochain, ou la défense de la veuve et de l'orphelin, peut-être pas du garçon, mais de sa sœur en cas de majorité absolue, nous ne pouvons plus offrir aux dames de porter leur cabas, ou les aider à changer une roue, qu'aussitôt, sirènes hurlantes, elles ameutent le populo jusqu'à faire sortir, ahuri, un vigilante de son bistrot favori, pété comme un coing.

Attention : la scène décrite ici se déroule au Mexique où nos vigilantes, pour pallier au manque de laboratoires municipaux, hantent tous bistrots dûment habilités au contrôles des pastis, un bon point pour ce maire mexicain, bel exemple à suivre en France et gageons que notre bonne ville lancera une réflexion aux éco-dialogues qui... que... et pourquoi pas des alcools écologiques sévèrement contrôlés dans les bars par une Police municipale économe d'énergie à dépenser ?

Et, notre vigilante, tout à son office de goûteur de double pastis, verre de taffioles encore à la main au risque de le renverser, hésitant sur le trottoir qui tangue sous son pas, finit sa lente mise au point visuelle, parfaitement double, sur deux arabes* pré-supposés violeurs qui auraient pu, c'était prévisible, faire sa fête à mémé. 

*Les "arabes", des émigrés colombiens immigrés au Mexique, tous vendeurs de chichon n'étaient qu'une seule et même personne (pour ceux qui n'auraient pas suivi). Mais, restons sur les arabes dans l'histoire.

- Monsieur l'agent, c'est lui. Et elle désigne d'un doigt vengeur son harceleur, tant elle anticipait un viol. Mais, le redoutait-elle ? Pensez donc, un arabe, le pied assuré. 
- Le bronzé à la mine patibulaire, et son acolyte arabe à ses côtés ?
Et, le pote à vigilante, hilare, corrige son ami de boisson :
- Son acolyte. C'est quoi ça, son acolyte ?... Comment que tu parles, hé, vigilante. Apprends à causer mexicain, du con. Alcoolique, je t'en foutrai des acolytes ! Acolyte toi-même.

Marrant tout ça, mais dites-nous : pour draguer ces dames* ? Uniquement sur un site. Tu t'es inscrit, juste à temps pour bien bénéficier du piège à nanas, il ne te reste qu'à présenter ta candidature pour un appel d'offre, en espérant que le hasard fera bien les choses comme aux temps anciens de l'amour courtois.

*A part au cinéma, et à l'église, on ne sait plus ou donner de la tête pour trouver ces dames.

Pourquoi évoquer le hasard ? Mais, parce que sur le site, tu es une petite connerie de fourmi parmi d'autres milliers de fourmis qui espèrent l'amour et le sexe* et qui, pour y arriver fourmillent comme elle savent faire, mal il est vrai, mais elle savent : en mentant effrontément. Ben, oui. Je veux !...
Alors, pour rentrer dans tes frais, tu choisis avec soin ta photo que tu accompagnes de mots trompeurs, choisis eux-aussi : prenez-moi, aimez-moi, mangez-moi, mesdames.
 
* L'amour sans le sexe, à nos âges canoniques, serait-il bien plus dans nos cordes ?
À suivre...

mercredi 19 août 2015

Le site de rencontres - 3


Être beau à 70 berges, je veux.

Et donc, je me suis inscrit sur ce foutu site de rencontres. D'une certaine façon, j'aimerais pouvoir exprimer en mots simples tout le plaisir d'avoir osé ce timide premier pas. Et de vous en avoir fait part. 
Le hic est que, tandis que je surfais d'un doigt rapide sur mon site de rencontres, l’œil égrillard à savourer nos répons comme en un messe coquine avec de belles inconnues, Fanny, toute à son insensé amour de notre prochain africain, se noyait dans un marigot. 
Mais, ce n'est pas tout : ma belle, furieuse, semblait exiger des comptes. Dois-je lui rappeler que nous fondions notre relation sur la liberté de chacun dans notre couple ? 

La liberté ne se peut sans la confiance réciproque, disait-elle ! Bien évidemment, la liberté dans l'indispensable confiance qui ne se peuvent hors la tendresse. Mais, qui dit le contraire ? Et la tendre confiance doublée de l'honnêteté en partage ?  
Oui, je veux bien avouer que j'avais oublié d'en parler à Fanny, mais je n'attendais que l'occasion pour lui en toucher deux mots, de ce foutu site.
Fanny étant prévenue pas mon blog, l'affaire est donc close en ce qui me concerne.

Plaire et séduire pour mieux jouir de la vie, ne pas s'encombrer, de rien ni de personne, rouler au taquet, à fond la caisse,* encore jeune, désirable et plus que capable de tomber des nanas, des canons, que dis-je : des bombes, à ne priser que le beau, le physique s'entend. Quant aux justifications pompeuses des amoureux de la beauté intérieure, ce cache-misère à la laideur, rompons-là, voulez-vous ? 

*Ndlr pour nos traducteurs = vitesse maxi, pied au plancher (accélérateur ou manettes à fond, au taquet).

Mais, qui donc peut bien aimer la laideur, qui ? Je vous le demande. Pas moi, non.
- Oui, mon Pierrot ?
- Dis-nous le beau, et qu'entends-tu par là ?
- Rien, si ce n'est ce vers quoi j'ai toujours tendu. L'expliquer ? Va savoir. 

Depuis quelques temps, j'errais, l'âme en peine, le goût à rien. Mon andropause artificielle m'avait coupé tout élan vers le sexe opposé. Je compensais par des bonbons, en faisant du lard, et le rire, ce grand consolateur. Mais, peut-on rire d'un drapeau en berne, hampe abaissée à toucher terre ? Et rire de tout ? Et de ces bouffées de chaleur ? Rien que d'en parler, j'angoisse comme un malade :

- Vois comme ma peau est belle, et mon cheveux gris-argenté.
- Oui. Comme une teinture gris-platiné. Ca te fait la tête de mamie. Je te raconte ?
Passons tous autres sarcasmes d'aussi belle eau, tel : 
- Préviens quand tu mettras un string propre dans ton baise-en-ville, que je puisse te caresser les fesses*.  
Sacré farceur, va ! Mais, c'est qu'il serait capable d'en passer aux mains, l'animal.

*Ndlr : dans le texte original, Pierrot ose : "... te caresser le cul." Nous ne pouvions laisser passer, and you have to know that the "baise-en ville" is a handy-bag. 

Il me fallait raviver la flamme du feu. J’avais même demandé à Eva, ma soignante de l'ICM* si deux remplaçantes, l'une de 27 ans et l'autre de 28, pour faire contre-poids à ton âge, enfournées toutes chaudes sous ma couette...
-M. Patrice, avec Internet et les sites de rencontres... voyons ! 
-Mais, cela a presque marché pour le roi David, il y a trois mille ans !
-Amusant, ce roi. Entre nous, qu’espérez-vous encore de la jeunesse ?

*Je profite de l'occasion pour saluer le Professeur Joyeux et son équipe. GPK. 

La belle affaire ! Ce que j’espère de la jeunesse, très chère ? Allez savoir... D'un site de rencontres ? Pas grand chose. Mais de vous, Eva, à hue et à dia, pantelants, ruisselants, bataillant, ahanant tous deux... Han-hi-han ! Et allez donc, jeunesse !
Pardon, je dérape sur l'aile, tel la mouette... non, mais je te voyais m'aider. Au risque d'échouer ? Et, qu'importe, Eva ?
Mais non. Au lieu de soins attentifs, je te sens méchante : pourquoi, Eva ?

Oh, et sur la jeunesse, que je vous réponde. Venez ci, la belle et prêtez l'oreille : ce que j'espère de l'excitante jeunesse, à part la beauté ? Holà, mignonne, pas moins que d'encore faire monter aux tentures de belles est jeunes sirènes beuglantes, comme à mes vingt berges. 
Viens, Eva ! Viens par ici. Viens voir un peu si j'y arrive encore, au moins avec toi ! Non, mais, dis-donc ! 

L'idée du site, je n'y aurais jamais pensé, tu me connais, Fanny !  Mais, ce n'était pas fini car il fallut qu'Eva me punisse de ma concupiscence, cette maladie orpheline des religions, une honte, et dont l'antidote ne se trouve que dans l'athéisme, l'immoralité ou le je-m'en-foutisme. 
Pour se venger de ma saillie sur la jeunesse, et pour avoir le dernier mot, et parce que les femmes se défendent toujours les unes les autres, Eva me moqua :

Monsieur Patrice, suivez mon conseil et gardez votre femme, tout âgée qu'elle soit. De vous à moi, plus jeune, moins jeune, avec ces piqûres, comment mieux vous faire comprendre... simplement, c'est du Viagra inversé qu'on vous inocule, avec effet retard garanti longue durée ! Pour les six prochains mois ? Comptez plutôt sur vos dix doigts. Tiens, et même que vous pourriez vous remettre au vélo car vous n'aurez plus de poil aux pattes. Cadeau  de l'équipe de l'ICM ! Non, non, ne remerciez pas ! Mais je transmettrai.

Ne trouvez-vous pas Eva bien longue et peu amène ? Ah, voyez ! 

Restons sur notre site. Pourquoi m'y suis-je inscrit, et pas sur un autre ? Je n’en ai pas le moindre début d’un commencement d’explication. Et comment organiser ma défense ?
Ben, pas ma faute car on réclame de façon tant insistante ton obole après t'avoir appâté par un week-end gratuit et toutes sortes de manœuvres, comme on amorcerait le poisson en lui jetant  des vers mélangés à de la terre compactée à la main, puis on te ferre et tu es cuit. Alors, un seul numéro de Carte bleue suffit. Voila, c’est fait. Pas si terrible que ça, l'inscription.
On t'a fait une fleur pour trois mois. Ensuite ? 

Ensuite ? Tu ne peux plus te désengager, et c'est la mouscaille assurée avec huissiers en prime. Dans le genre d'une belle escroquerie ? Je n'irai pas jusque là, quoique, à bien y réfléchir, monsieur le Président...
Mais, quelle importance pour un beau gosse de 70 ans, intelligent, perspicace, pointu, cultivé ? De surcroît, aspergé de sent-bon sur tout le corps, l'espoir ne fait-il pas revivre ? Mais, si tout était à désespérer, il ne resterait qu'à mourir.

Et pourtant, rien ne pourra l'arrêter, le beau pépé ! Pas même sa bêtise. Oh, que non. Encore moins son intelligence.

70 berges, avec la beauté et la finesse du diable, tu es pourtant devenu un gogo, mon Gilou, imbu de toi-même et qui commence à le réaliser. 
Mon conseil ? N'avoue jamais ta crédulité et continue comme si de rien n'était. Pourquoi ? Ben, va savoir... mais jamais très bon d'avouer qu'on s'est bien fait avoir. Et par plus con que soi.